L’association EdTech France, qui fédère les acteurs de l’éducation et de la formation, a dévoilé en octobre son nouveau board. Une nouvelle équipe, dont l’ambition sera de « mettre le meilleur de la Tech française dans les mains des enseignants, des formateurs, des apprenants et des salariés ». Interview avec Aude Guéneau, CEO de Plume et nouvelle présidente de l’association.
Comment avez-vous intégré le monde des EdTech ?
Pendant 12 ans, j’ai enseigné les lettres modernes dans une cité scolaire à Poissy. Durant mon parcours, j’ai constaté que l’enseignement était extrêmement inégalitaire. Je me suis rapidement penchée sur le sujet, notamment pour rendre l’enseignement de l’expression écrite, qui est un facteur de protection puissant pour lutter contre le décrochage, plus intéressant et accessible. C’est dans ce contexte que j’ai créé Plume en 2019. Il s’agit d’une EdTech qui met à disposition un assistant d’écriture intelligent permettant de piloter l’apprentissage de l’expression écrite des écoliers et des collégiens. Depuis, Plume a connu une progression importante et compte aujourd’hui 30 000 familles et 20 000 enseignants actifs.
Vous avez par la suite été élue vice-présidente d’EdTech France. Quelles ont été vos missions dans ce cadre ?
Je m’occupais de tous les sujets de structuration du financement des start-up EdTech ainsi que des thématiques en lien avec le scolaire : réponses aux appels d’offres, accrochages à nos pratiques avec le ministère, développement à l’international… J’ai également accompagné les EdTech à faire face aux difficultés administratives en lien avec l’accès au marché de l’éducation. Puisqu’elles rencontrent encore des contraintes de marché et des contraintes réglementaires (en lien avec la confidentialité des données, par exemple), mon ambition était de les aider à satisfaire les exigences du ministère. C’est important de pouvoir lever ces freins et d’exercer une sorte de lobbying pour faire entendre la voix des start-up, qui ont beaucoup à apporter.
En quoi consiste cet accompagnement ?
Nous permettons à l’ensemble des EdTech d’avoir le même niveau d’information et de connaissance de la réglementation et des exigences ministérielles. Nous proposons également des partenariats à des prix négociés pour nos adhérents, de sorte qu’il leur soit plus facile d’être accompagnés, sur les volets du recrutement, du crowdfunding, du financement de l’innovation, du management, des sales… Nous accompagnons aussi les EdTech sur leur échelle de maturité, c’est-à-dire sur la façon dont elles peuvent passer de la phase d’idéation à un essaimage plus large, au niveau national. Dans ce cadre, nous aidons ces EdTech à chercher de premières subventions et à lever des fonds une fois que leur solution a été éprouvée.
En tant que présidente d’EdTech France, quels sont les enjeux auxquels vous souhaitez répondre ?
Le premier enjeu concerne l’impact. Il est très important pour moi de porter un discours de structuration autour des outils du numérique éducatif, qui produisent un impact réel sur les trajectoires de vie des élèves, des enseignants, des adultes et des publics éloignés de l’emploi. Mon ambition est également de répondre à l’enjeu de structuration des conditions de marché, notamment via des cadres de négociation avec l’État. Enfin, je souhaite assurer le rapprochement des différentes organisations qui travaillent dans l’EdTech afin que notre association porte un discours influent auprès de l’État. Je suis très confiante à cet égard car notre association est très professionnalisée. Et le nouveau board réunit des personnes impressionnantes par leur parcours.