Chaque année, 9 % des élèves quittent le système éducatif sans qualification ni diplôme en France. Si des politiques de lutte contre le décrochage scolaire existent, les nouvelles approches pédagogiques restent sous-exploitées. Voici nos pistes de réflexion pour contrer ce phénomène.

Construire des pédagogies basées sur l’action

Pour engager les apprenants dans un parcours d’apprentissage attractif, il faut en finir avec les méthodes classiques d’enseignement, qui entretiennent le phénomène du décrochage. Les acteurs de la sphère éducative pourraient s’inspirer des pratiques mises en œuvre dans le monde de la formation professionnelle. En effet, si celui-ci parvient à intégrer des personnes qui ont quitté les bancs de l’école, c’est en partie parce que des approches pédagogiques concrètes leur sont proposées. « Nous leur offrons de nouvelles façons d’apprendre en construisant des pédagogies basées sur l’action et l’apprentissage en situation de travail. C’est donc par l’expérimentation que nous les aidons à assimiler la théorie », illustre Loïc Tournedouet, directeur projets européens à l’AFPA (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes).

Favoriser l’apprentissage entre pairs

Un bon parcours d’apprentissage suppose que l’élève confronte ses acquis à ceux de ses pairs, sans toutefois qu’il ne tombe dans une logique de compétition. Il s’agit plutôt de co-construire des connaissances et des compétences en groupe, ce qui favorise davantage la curiosité, les ambitions de réussite, l’assimilation par l’échange et le dialogue… « Le regard porté par l’enseignant n’est pas suffisant pour que l’élève se positionne dans son parcours scolaire. Au contraire, les expériences hétérogènes des apprenants, la diversité des parcours et des origines produisent une richesse qu’il faut exploiter en situation d’apprentissage », ajoute-t-il. Les activités de groupe permettent, en outre, aux « bons élèves » de venir en aide à ceux qui sont en difficulté, ce qui contribue à hisser vers le haut le niveau global de la classe.

Miser sur les outils numériques

Que ce soit pour les connaissances de base ou celles plus transversales, l’adaptive learning est l’outil par excellence sur lequel de nombreux acteurs misent pour faire monter en qualité le système éducatif. Des start-up comme EvidenceB proposent des modules d’exercices et d’activités qui permettent aux élèves d’apprendre de manière individualisée et de se concentrer sur leurs points faibles grâce à l’intelligence artificielle. Les outils numériques facilitent d’autres actions de prévention comme l’auto-évaluation des élèves (via des quizz en ligne par exemple). En mettant à disposition des tableaux de bord, ils permettent aussi aux professeurs de suivre de près les progrès de leurs élèves. Mais le numérique est prometteur sur d’autres aspects favorisant l’engagement comme la gamification ou l’apprentissage par l’immersion (réalité augmentée, réalité virtuelle, métavers…).

Construire une politique de coéducation

On parle de plus en plus de « coéducation ». Cette démarche consistant à souder la communauté éducative est notamment préconisée par le ministère de l’Éducation, qui met à disposition « La malette des parents » afin que ces derniers s’investissent davantage dans la scolarité de leurs enfants. Elle propose aux établissements, aux parents d’élèves et aux enseignants des conseils, des guides pratiques et des supports pour aider les équipes dans l’organisation de débats avec les parents sur des thématiques précises (par exemple, l’apprentissage de la lecture en CP). Côté start-up, des solutions coéducatives existent pour impliquer davantage les parents d’élèves. Parmi elles, Open Digital Education, qui édite une plateforme où sont proposés des outils comme des cahiers de liaison ou des services de partage de vidéos en temps réel.

S’appuyer sur les dispositifs publics

Bénéficiant d’une formation continue, les référents décrochage scolaire (RDS) sont un personnel permanent au sein des établissements touchés par l’absentéisme. Il s’agit d’enseignants ou de conseillers principaux d’éducation volontaires nommés par le chef d’établissement. Ayant une bonne connaissance des orientations nationales en matière de lutte contre le décrochage, ils sont des interlocuteurs de choix. Ils ont pour mission, auprès des équipes pédagogiques et des personnels sociaux et de santé, de coordonner des actions de prévention et de remédiation pédagogique. De son côté, sur sa plateforme Canotech, Réseau Canopé met à disposition des ressources destinées à outiller les professeurs sur la problématique du décrochage. Enfin, la plateforme de formation des enseignants M@gistère propose un parcours dédié au décrochage construit avec des chercheurs et des contenus sur des sujets comme « construire un climat serein à l’école ».