Le principe de la classe inversée est de faire réaliser aux élèves des tâches simples à la maison pour réserver les activités complexes aux temps de présence. Pour autant, tous les enseignants ne comprennent pas ce concept de la même façon. Depuis la crise du Covid-19, cette pratique a, en tout cas, gagné du terrain. Comment la mettre en œuvre ? Nos conseils.

Comprendre de quelle classe inversée il doit s’agir

Il n’y a pas, à proprement parler, une seule « classe inversée ». « On emploie davantage ce concept au pluriel car il existe autant d’inverseurs que de classes inversées », pointe Nathalie Jetha, directrice de l’Atelier Canopé des Yvelines. Selon elle, chaque enseignant doit organiser ses activités pédagogiques et se projeter dans la définition qui lui correspond en fonction de ses objectifs. De plus, le concept de classe inversée a donné naissance à plusieurs approches comme les classes flexibles (basées sur le bien-être de l’élève), les classes puzzle, les classes collaboratives… « L’objectif des enseignants demeure, en revanche, le même : impliquer davantage les élèves. Beaucoup font des patchworks de ces approches en fonction de ce qu’ils ont besoin de développer en classe ».

Procéder par étape

Pour réussir leurs classes inversées, les enseignants doivent raisonner en tâches complexes à maintenir en classe (afin qu’ils puissent, en présentiel, guider les élèves dans leur apprentissage) et en tâches simples à réaliser à domicile (lire, visionner une vidéo…). « Cela ne se fait pas en une fois, les enseignants doivent avoir conscience de la nécessité d’inverser leurs cours progressivement », explique Miriam Turon, directrice de l’Atelier Canopé des Pyrénées-Atlantiques. En outre, ils doivent garder à l’esprit que les disciplines scientifiques et la voie professionnelle se prêtent mieux aux classes inversées puisque, via la mise à disposition de capsules vidéo montrant, par exemple, des gestes techniques, les temps de présence sont mis au service de la pratique.

Être à l’écoute des élèves

Afin que la répartition des activités dans et en dehors de la classe soit bien opérée, les enseignants doivent être attentifs aux besoins de leurs élèves. « Ils doivent interroger leurs attentes, savoir ce qu’ils ont pensé des premières pratiques de classe inversée et tirer des leçons de ce qui n’a pas fonctionné. À partir de ce bilan, ils pourront faire évoluer le concept et mieux trouver leurs marques », ajoute Miriam Turon. Selon elle, la pratique de la classe inversée doit ainsi être centrée sur le sens qu’il faut redonner à la présence en classe et sur les objectifs pédagogiques.

Réaliser des plans de travail

Il s’agit de se focaliser sur ce qui paraît compliqué à réaliser pour les élèves. Et « ce qui paraît compliqué n’est pas forcément une tâche complexe, cela peut être une somme de tâches simples. Par ailleurs, celles-ci peuvent être compliquées pour une classe et non une autre, ou pour un élève et non un autre », souligne Nathalie Jetha. Les enseignants peuvent s’appuyer sur une feuille de route valable pour l’ensemble de la classe puis répartir leurs élèves en « groupes de niveau » ou sur des « plans de travail » qui, eux, sont spécifiques à chacun des élèves. « Dans ces plans, il est possible de prévoir des consignes à donner en fonction des difficultés de chacun… Globalement, il faut que tous les élèves puissent trouver leur place, ce qui suppose de bien les connaître », résume-t-elle.

Miser sur les outils numériques

Les outils numériques, dépendamment des matières et du degré d’enseignement, permettent de diversifier les activités pédagogiques tout en autonomisant les élèves. « Ils facilitent également la différenciation, assurent un gain de temps et sont utiles à l’évaluation et au suivi des élèves », assure Miriam Turon. Pour Nathalie Jetha, ces outils ont aussi l’avantage de « permettre aux élèves de se tromper autant de fois que nécessaire, donc de dédramatiser l’erreur ». Parmi les outils de classes inversées qu’elles recommandent figurent la plateforme Éléa développée par la DANE de l’académie de Versailles ou encore l’outil conforme au RGPD Quizinière  (plateforme Canopé), qui permet de développer l’autonomie des élèves via la création d’exercices interactifs.