Depuis 2023, la plateforme IOTA permet aux élèves de CM1 et CM2 de se former à la citoyenneté numérique. Déployé dans 600 classes, l’outil réduit les inégalités scolaires, selon une étude d’impact réalisée en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale. Les explications de Taninna Portebos, directrice.

Comment la plateforme IOTA a-t-elle été créée ?

Le projet IOTA est une émanation des écoles 42, un vaste réseau d’établissements supérieurs de formation entre pairs, dont l’objectif est de former aux métiers du numérique. Diffusée dans 57 campus répartis dans 32 pays, la pédagogie par projet de ce réseau a intéressé le ministère de l’Éducation à partir de 2021. En 2023, cette pédagogie s’est déclinée sous la forme d’une plateforme numérique aujourd’hui déployée dans des écoles primaires. Puisque l’éducation au numérique et la programmation sont déjà enseignées à ce niveau, la plateforme sert surtout de support à l’enseignant. Aujourd’hui, le projet IOTA est une collaboration tripartite entre le ministère, l’association 42 et une équipe de recherche chargée de mesurer l’impact du projet dans les classes.

Que propose IOTA ?

IOTA est une plateforme en ligne d’éducation au numérique qui s’appuie sur la collaboration. L’outil comprend par exemple une fonctionnalité qui permet aux élèves de solliciter leurs pairs pour mieux comprendre une notion. Il est gamifié et comprend des activités pédagogiques, des mécanismes de récompense, des trophées… En lançant IOTA dans sa classe, l’enseignant quitte la posture de transmetteur de savoirs puisque la partie pédagogique est embarquée dans la plateforme. Son rôle est d’accompagner ses élèves dans l’apprentissage de la collaboration. Enseignant les compétences du CRCN (Cadre de référence des compétences numériques), la plateforme cultive la citoyenneté numérique des élèves, les sensibilise à la protection des données personnelles, au cyberharcèlement, à l’intelligence artificielle… Lorsqu’une activité est achevée en classe, elle est évaluée par un autre camarade, ce qui amène les élèves à corriger par eux-mêmes. Enfin, le système d’évaluation valorise non pas les accomplissements individuels, mais la capacité des élèves à collaborer.

Quels sont vos projets ?

Le projet IOTA est actuellement déployé dans 81 départements, ce qui représente plus 12 000 élèves utilisateurs. De septembre 2021 à juillet 2024, en collaboration avec le ministère, une évaluation d’impact a été mise en place par une équipe de recherche auprès de 2371 élèves dans 109 classes volontaires. Elle représente la différence de résultats entre les élèves des classes « test » qui ont bénéficié de IOTA et ceux des classes « témoin » n’ayant pas bénéficié de cet apprentissage. Les résultats sont tangibles : la proportion d’élèves se déclarant compétents en fin de parcours est supérieure de 25 % dans le groupe test par rapport au groupe témoin. Notre objectif est donc de poursuivre le déploiement de la plateforme en France, mais également dans les établissements francophones à l’échelle internationale.