La start-up Lalilo rachetée par le groupe américain Renaissance

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Lalilo est un assistant numérique qui propose des exercices dédiés à l’apprentissage de la lecture. Sa particularité, c’est qu’il s’adapte en fonction des besoins de chaque élève. Un positionnement qui a déjà conquis 80 000 enseignants. Mais pas que. Cette semaine, la start-up française a tapé dans l’œil du groupe américain Renaissance, qui vient d’en faire l’acquisition. Les coulisses de ce rapprochement expliqués par Laurent Jolie, le co-fondateur.   

 Comment est née la start-up Lalilo ?

 Lalilo est née suite à un projet étudiant. Dans le cadre du Master que mes associés et moi suivions en entrepreneuriat, nous devions travailler sur la résolution d’une problématique. En janvier 2016, nous sommes allés dans une école primaire, aux côtés d’une institutrice de CP. Elle avait, parmi ses élèves, une petite fille qui n’arrivait pas à lire les mots, ni même les lettres, et qui était donc en dessous du niveau de ses camarades. Lorsque nous lui avons demandé, à la fin de la journée, comment elle allait l’aider, elle nous a confié qu’elle ne pouvait pas préparer des exercices spécifiques pour elle. Nous avons alors créé un site web pour aider cette élève à apprendre son alphabet. Pendant une semaine, elle s’est s’entraînée à reconnaître les lettres et a ensuite pu réintégrer le groupe de la classe. Suite à cette expérience, nous avons amélioré le logiciel qui est devenu un assistant pédagogique prônant l’apprentissage de la lecture de manière différenciée. Puisque, pour donner plus d’ampleur au projet, nous devions recruter des développeurs, nous avons intégré un programme d’accélération à San Francisco. Aux États-Unis, le marché rencontrait alors les mêmes besoins qu’en France.

C’est donc aux États-Unis que la solution a été développée ?

À l’époque, nous n’avons pas trouvé de programmes similaires en France. Or, nous étions confrontés au problème du modèle économique, que nous devions absolument trouver pour recruter des spécialistes du code. Après avoir suivi ce programme d’accélération, nous sommes toutefois revenus en France. En 2019, le Ministère a lancé un appel d’offres pour aider les élèves de CP et CE1 dans l’apprentissage de la lecture, que nous avons remporté. Nous avons alors réadapté notre solution pour le marché français. Aujourd’hui, nous sommes donc présents aux États-Unis, où nous dénombrons 50 % de nos utilisateurs, en France (20 %), au Canada (15 %). C’est aux États-Unis que nous avons rencontré les dirigeants du groupe Renaissance. Initialement, nous étions entrés en contact avec eux au début de l’année scolaire 2020 car nous recherchions un distributeur pour accélérer la vente de notre solution. Le groupe avait alors 160 commerciaux là où nous en comptions 2 ! Finalement, puisqu’il cherchait à compléter sa galaxie de solutions EdTech, le partenariat a pris une autre tournure.

En quoi ce rachat est-il vertueux pour Lalilo et Renaissance ?

Pour Lalilo, ce rachat constitue une opportunité de prendre une autre dimension. Le groupe Renaissance est un leader dans le secteur de l’EdTech. Ses services sont utilisés dans plus d’un tiers des écoles américaines et à travers plus de 100 pays dans le monde. Le groupe a multiplié les acquisitions de start-up ces dernières années. Son objectif est chaque fois le même : accélérer leur développement. Lalilo devient ainsi sa première filiale française ! Ce qui est intéressant, c’est qu’il recherchait justement une solution d’apprentissage dédiée à la lecture. Puisque nous avions la même vision et la même ambition, une opération de fusion & acquisition a semblé évidente. Notre objectif est aujourd’hui de nous appuyer sur Renaissance pour la distribution de notre solution. Quant à la R&D, nous allons la garder en France, où nous dénombrons 32 collaborateurs sur nos 40 au total. Elle va, elle aussi, prendre beaucoup d’ampleur suite au rachat.

Quelle est votre nouvelle feuille de route ?

Elle se décline en trois axes. Le premier, c’est d’accompagner un maximum d’élèves et d’enseignants via Lalilo. Et ainsi d’atteindre les 10 millions d’élèves en termes d’utilisateurs, non pas d’ici 2025 comme nous nous l’étions fixés auparavant, mais dès 2023. Contre 600 000 élèves aujourd’hui. Il y a urgence car environ 20 % des élèves arrivent en classe de 6e sans comprendre ce qu’ils lisent. Et comme apprendre à lire permet de lire pour apprendre, c’est, in fine, la diminution de l’échec scolaire que nous visons. Le second axe porte sur l’efficacité. Nous avons toujours été « data-driven » et mené des études d’efficacité pour mesurer l’impact de Lalilo. Le groupe Renaissance, qui dispose d’une centaine de personnes dédiées à la mesure du progrès des élèves, va nous aider à accélérer cette logique. Enfin, le dernier objectif est de nous intéresser à d’autres marchés. Nous souhaitons notamment adapter notre solution en langue espagnole pour cibler le Mexique et l’Amérique du Sud. Là aussi, le groupe Renaissance pourra nous aider : aux États-Unis, où il a une importante force de frappe, la population hispanophone américaine est très présente.

 

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