Grâce au digital, la réputation des écoles hôtelières gérées par Sommet Education, connues pour bénéficier d’une vraie connexion avec leur industrie, ne sera pas ternie par les difficultés que la crise sanitaire a fait endurer au monde académique. Le groupe entend même utiliser ses nouveaux dispositifs pédagogiques après la crise tant leur efficacité a été appréciée. Interview avec Pierre Ihmle, directeur académique et Éric Wyttynck, DSI de Sommet Education.
Pouvez-vous présenter le groupe Sommet Education ?
Pierre Ihmle : Sommet Education est un groupe constitué de trois écoles hôtelières internationales : l’Institut Glion, Les Roches Global Hospitality Education qui se trouvent en Suisse et l’École Ducasse, située en France. Elles enseignent l’hospitality management, c’est-à-dire tout ce qui touche au monde de l’accueil, la restauration, l’hôtellerie… Nos étudiants viennent de Suisse, d’Europe occidentale, de Russie, d’Inde, de Chine et de l’Asie du Sud-Est. Ils intègrent notre Bachelor pour bénéficier d’un bon parcours académique, faire des immersions dans les métiers du monde de l’hospitalité et développer leurs soft skills. Ils cherchent donc une expérience académique globale et apprécient se trouver au sein des campus. C’est la raison pour laquelle ce sont en particulier ces étudiants, pour lesquels des semestres d’immersion dans le monde professionnel sont prévus, qui ont mal vécu le passage à la formation à distance. Contrairement aux écoles qui dispensent des formations plus théoriques, ce basculement dans le digital a été pour nous un véritable challenge.
Comment cette transition s’est-elle déroulée ?
Eric Wyttynck : Sommet Education avait en réalité déjà entamé ce processus de transformation digitale bien avant l’apparition de la crise sanitaire. Et heureusement que nous l’avons fait car cela nous a permis, dès les premiers jours, de réagir très vite à la nouvelle donne qu’a imposée le Covid-19. Aujourd’hui, si certains cours se tiennent en présentiel, tous les étudiants peuvent y accéder à distance puisque les vidéos sont accessibles soit en live soit a posteriori en ligne via des liens sécurisés. Les professeurs enregistrent actuellement autour de 500 vidéos par semaine et nous avons atteint le seuil des 12 000 vidéos enregistrées. Grâce aux plateformes de learning management – les Moodles – que nous utilisions déjà avant la crise pour diffuser des contenus écrits, l’ensemble des cours sont hébergés dans des espaces sécurisés. On ne cesse d’enrichir ces procédés car nous comptons en maintenir l’usage après la crise. Cette dernière a été un catalyseur puisqu’elle nous a incité à mettre en place des dispositifs performants permettant de faire passer aux étudiants des examens en ligne sans risque de tricherie. Cet outil restera aussi en place après la crise.
De quels outils disposez-vous pour rendre les cours à distance interactifs ?
Eric Wyttynck : Notre objectif est de faire évoluer nos outils en matière de learning management car si l’outil de base demeure l’enseignement académique délivré aux étudiants, d’autres, comme l’aspect collaboratif de l’apprentissage, sont tout aussi importants. On a ainsi enrichi de fonctionnalités nouvelles les plateformes qui permettent les échanges en ligne comme Microsoft Teams. Par exemple, l’un des outils annexes que nous avons ajoutés à Teams améliore l’interactivité en permettant de créer des sous-groupes d’étudiants qui auraient à interagir de manière ciblée autour d’un même contenu. Le troisième bloc novateur est fondé sur l’innovation et la mise en place de fonctions plus avancées : pour nos étudiants en Bachelor, on a ainsi mis en place un moteur d’intelligence artificielle, actuellement en phase de pilote. Il s’agit d’un tuteur visant à aider les étudiants à mieux assimiler leurs cours. Pour cela, l’application IA génère des questions qui permettent aux étudiants de mémoriser et de mieux assimiler différents éléments de leurs cours, grâce à l’effet de répétition. L’application est personnalisée selon l’étudiant et son niveau d’avancement dans le cours. Cette application, utilisée par Harvard, a prouvé son efficacité puisqu’elle améliore sensiblement les résultats des étudiants à la fin de leur cursus.
Pierre Ihmle : Notre programme « BBA (Bachelor in Business Administration) Connect » a permis aux étudiants du Bachelor (dont le premier semestre est axé sur l’immersion dans la pratique des métiers), de bénéficier d’un semestre en tout digital. Par cette voie, ils ont pu effectuer des immersions dans des environnements d’apprentissage pour comprendre le monde de la gastronomie, le monde hôtelier, de la pâtisserie, du vin…. Ce programme digital, qui a été en peu de temps, nous a obligé à repenser l’ensemble de notre dispositif digital. Nous avons par exemple conçu des vidéos pour apprendre des recettes ou réalisé des interviews et des visites d’hôtel pour que les étudiants voient ce qui se passe dans les coulisses, dans le cadre de sessions live quotidiennes. Grâce au digital, la dimension très pratique du Bachelor a ainsi pu être maintenue.
Quels sont les retours des professeurs et des étudiants ?
Eric Wyttynck : C’est en partie grâce aux professeurs que nous améliorons nos outils. Toutes les semaines, les responsables académiques font le point avec les équipes IT à propos des éventuelles lacunes et des besoins pour, qu’ensuite, certaines choses puissent être améliorées.
Pierre Ihmle : Certains étudiants n’ont pas pu réaliser de stage puisque le monde de l’hospitalité était à l’arrêt. Mais en tant qu’écoles privées, nous avons pu adapter les programmes de progression académique pour répondre à ces blocages. Il a ainsi été permis aux étudiants qui n’ont pas pu trouver de stage de le sauter en poursuivant leurs semestres académiques, soit en présentiel, soit en distanciel. Dans d’autres cas, les stages ont pu être remplacés par l’élaboration de rapports ou d’études. L’idée était que les étudiants ne perdent pas de temps en attendant que l’industrie redémarre. Les étudiants n’ont donc pas souffert de la crise et les évaluations de fin de semestre étaient au même niveau qu’en présentiel. Je pense que l’utilisation raisonnée d’une plateforme comme Moodle améliorera les cours en présentiel lorsqu’ils reprendront. Les meilleures pratiques qui sont issues de la crise seront déployées dans le reste des programmes.