On regarde rarement ce qui se passe dans les coulisses des start-up EdTech. Pourtant, avant de développer leurs outils éducatifs, elles passent par de longs processus d’expérimentations des technologies, doivent obtenir des espaces de stockage de données… Parmi les acteurs qui les aident dans cette démarche en France, figure Amazon Web Services. Entretien avec Mathieu Jeandron, responsable des équipes techniques pour le secteur public chez AWS.

Pouvez-vous présenter AWS ?

AWS est un fournisseur de cloud computing créé en 2006. Il fournit des solutions cloud dont l’objectif est la mise à disposition de services d’infrastructure informatiques au travers d’Internet, avec un mécanisme de paiement à l’usage. Nos services comprennent des capacités de calcul, des espaces de stockage ou encore des outils permettant le déploiement de l’intelligence artificielle. Nos clients, dont beaucoup sont des EdTech, peuvent ainsi accéder à une boîte à outils permettant de construire une application. La solution de mise en situation immersive Pitchboy a par exemple fabriqué sa partie applicative en utilisant toutes ces briques de construction. Pour les start-up, le but de l’utilisation d’espaces de stockage pour, par exemple, entraîner un algorithme d’IA, permet d’éviter d’investir une grande partie du capital dans des équipements ou des infrastructures.

Quelle est votre politique en matière de sécurité des données ?

Les start-up avec lesquelles nous travaillons conservent le contrôle et la propriété de leurs données. Dans le modèle de responsabilité partagée entre AWS et ses clients, ce sont ces derniers qui définissent les mesures de sécurité, qui décident si les données doivent être chiffrées et qui choisissent le lieu de localisation de leurs datas (en Europe ou en France). Nous n’y accédons donc pas, ni ne les réutilisons. En somme, AWS est simplement un fournisseur de technologies. Par ailleurs, nous sommes engagés dans de nombreux dispositifs de conformité aux différentes lois comme le RGPD ou les lois sur la protection des données déclinées en France par la CNIL. Nous sommes d’ailleurs certifiés selon le code de conduite européen de la protection des données CISPE.

Quels sont les usages universitaires d’AWS ?

Nous avons un accord cadre avec l’UGAP (Union des groupements d’achats publics) qui permet aux entités publiques et aux universités d’acquérir du cloud. Parmi les structures d’enseignement qui bénéficient de nos services figure La Sorbonne. Son Laboratoire de chimie théorique travaille avec AWS pour répondre à un besoin spécifique de ses travaux lié aux capacités de calcul intensif. Notre outil « Amazon Elastic Cloud Compute » lui permet, par exemple, de simuler numériquement, plutôt que de passer par des tests in vitro, le comportement d’un virus dans le but de développer des médicaments efficaces. Un des intérêts du cloud est justement cette capacité de réaliser des expériences à grande échelle pour répondre à des besoins urgents. C’est une réponse pratique à des objectifs de recherche scientifique. Nous organisons, le 12 avril prochain, l’AWS Summit, qui a justement pour objectif de partager des retours d’usage.

Quels enjeux voyez-vous apparaître dans la sphère des EdTech ?

Le marché est marqué par une forte opportunité de croissance pour l’économie française puisqu’il a réalisé un milliard de chiffre d’affaires en 2021. Le fait que cette croissance soit portée par 500 entreprises, dont une majorité sur le segment de la formation professionnelle, montre à quel point la thématique de l’apprentissage tout au long de la vie est à prendre en considération. Les enjeux des prochaines années se situent également dans le développement des EdTech dans le monde académique et éducatif puisque les percées du numérique éducatif dans ce secteur sont encore modestes et expérimentales, il y a donc un enjeu de massification à venir.