Pendant la crise du Covid-19, le Campus Numérique de l’Institut Catholique de Lille a été sur tous les fronts. Alors qu’une sortie de crise se dessine, l’établissement, qui aide les enseignants à exploiter le potentiel des outils numériques, tire les enseignements de ces expérimentations. Et lance une myriade de projets, notamment dans la réalité virtuelle. Les explications de Thierry Sobanski, directeur du Campus Numérique de l’Institut Catholique de Lille.
Quelle est la vocation du Campus Numérique ?
Le Campus Numérique a pour objectif de concevoir et d’accompagner les projets de transformation numériques de l’Institut catholique de Lille. Il intervient sur plusieurs missions dont l’équipement physique des salles d’enseignement, la re-conception des espaces d’apprentissage et l’accompagnement des équipes dans l’appropriation de ces nouveaux lieux. Son rôle est d’exploiter les potentialités offertes par le numérique. Pendant la crise du Covid-19, le campus Numérique a par exemple équipé les salles d’enseignement pour que de nouvelles pratiques pédagogiques à distance émergent, que la co-modalité soit rendue possible. Il a accompagné la communauté éducative pour l’aider à repenser l’ingénierie de ses cours, à intégrer des activités distancielles, à anticiper l’évaluation des étudiants. Ces missions s’articulent avec la réflexion sur les espaces d’apprentissage partagée au sein du LearningLab Network dont nous sommes « référent » pour les Hauts-de France.
Comment l’Institut catholique de Lille a-t-il vécu cette pandémie ?
Même si la pandémie a indiscutablement accéléré notre usage des outils numériques, notre Institut était plutôt en avance de phase sur cette dimension. Dès 2012, l’Université catholique de Lille avait d’ailleurs été lauréate d’un appel à projets labellisé IDEFI (initiatives d’excellence en formation innovante), pour son programme d’ateliers de l’innovation et du co-design appelé ADICODE. Depuis, via ses Learning Lab, dont le premier a été lancé en 2013, notre entité n’a eu de cesse de sensibiliser la communauté d’enseignants permanents et de vacataires sur l’importance d’intégrer les outils numériques dans l’apprentissage. Aujourd’hui, cette appétence pour le numérique se matérialise par l’installation de notre école du numérique sur un nouveau campus au cœur d’Euratechnologies, le pôle d’excellence et d’innovation dédié au numérique.
Sur quels projets le Campus Numérique travaille-t-il actuellement ?
Nous participons à un projet qui s’inscrit dans le cadre du Programme des investissements d’avenir (PIA 3 NCU). Il s’appelle PRéLUDE et est porté à la fois par notre Institut et l’Université Polytechnique Hauts-de-France. Il consiste à repenser les parcours de Licence pour que les étudiants deviennent acteurs de leur projet. Concrètement, nous leur permettons par exemple d’effectuer une Licence en deux ou quatre ans. Nous les aidons à construire leur parcours de réussite selon leurs ambitions, dans une logique « à la carte ». On passe ainsi d’une Licence par programme à une Licence par compétences et par projet. Ce projet repose sur une plateforme digitale qui offre aux étudiants des services d’orientation mais aussi des fonctionnalités de construction intelligente de parcours, d’identification de besoins via l’analyse de données, de certification de compétences via la blockchain…
Allez-vous également accélérer l’hybridation des enseignements ?
Plutôt que la seule hybridation, nous parlons de diversité pédagogique qui mêle présentiel, distanciel et co-modalité. Nous participons d’ailleurs à un second projet, cette fois-ci sur l’hybridation immersive des travaux pratiques. Si les cours magistraux en amphithéâtre et les travaux dirigés peuvent être menés à distance, par exemple en visioconférence, ce n’est pas le cas des travaux pratiques qui nécessitent des manipulations. Nous travaillons donc sur un processus qui permettrait aux étudiants de s’immerger dans un monde virtuel, dans lequel les enseignants pourraient proposer des activités, diffuser des vidéos à 360°… Notre objectif est de développer des expérimentations au sein de parcours via ce processus de réalité virtuelle. Pour cela, nous sommes accompagnés par la société Speedernet. Nous visons d’abord les Licences et les Masters de disciplines comme les sciences de la vie et de la terre, pour lesquels les travaux pratiques sont clés et nous étendrons à l’ensemble des disciplines.
Comment allez-vous évaluer vos étudiants à distance ?
Nous mettons l’accent sur l’évaluation des compétences, en complément des connaissances car c’est moins sujet à la fraude. Nous proposons par exemple à nos étudiants des devoirs comme la réalisation d’une composition qui nous permettent d’analyser leurs capacités de raisonnement. Pour le contrôle des connaissances, nous utilisons des QCM avec un temps limité pour répondre et un tirage aléatoire des questions. Ces dernières seront issues d’une même base de données, mais peuvent être différentes d’un étudiant sur l’autre. Enfin, nous développons davantage les oraux en face-à-face. C’est un processus d’évaluation plus chronophage, nous devons donc le réserver aux étudiants de Master plutôt qu’à ceux de Licence 1, qui sont forcément plus nombreux. Nous avons également utilisé des examens télésurveillés dont nous allons tirer les enseignements pour l’avenir.