Dans la sphère de la formation, le taux de croissance du marché de la réalité virtuelle atteindrait 200 % entre 2019 et 2023, d’après le cabinet de conseil IDC. La raison ? La VR stimulerait davantage la mémoire et l’engagement des utilisateurs, comparé à d’autres modalités d’apprentissage.

Si les dispositifs d’apprentissage intégrant la VR s’adressent surtout aux entreprises privées et aux organismes de formation, ils ciblent également l’enseignement : « Nous travaillons déjà avec des préfectures de police sur les formations aux risques routiers, illustre Antoine Bernard, CEO de Reality Academy, start-up qui offre des contenus pédagogiques d’apprentissage immersif. Mais également avec des écoles comme l’ESCP sur des thématiques de vente, de management... » Actuellement, le marché de l’enseignement ne représente que 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Celle-ci tente de faciliter les usages en délivrant une application de pilotage de casques VR, les contenus pédagogiques associés ainsi qu’un LMS intégrant des outils de suivi de l’expérience apprenante destiné aux professeurs. « Le but est d’offrir des ressources pédagogiques faciles à déployer et venant appuyer la formation sur des sujets nécessitant, selon nous, l’immersive learning », explique-t-il.

Apprendre à faire les bons choix face à un danger

Les situations professionnelles « extrêmes » semblent particulièrement adaptées à l’usage de la VR. La sécurité routière fait ainsi partie des sujets que la start-up a intégrés à son catalogue pour répondre à la demande des préfectures de police. Les apprenants, immergés dans l’univers de leur casque de réalité virtuelle, peuvent ainsi se mettre dans la peau d’un automobiliste vivant une expérience routière dangereuse et réaliste. « L’expérience leur apprend à prendre les bonnes décisions grâce à une mise en situation qui nécessite de faire des choix et de vivre les conséquences de ces choix », précise Antoine Bernard. Pour la même raison, la VR a séduit un professeur de génie civil du lycée professionnel Le Sidobre (Castres). Avec l’entreprise Mimbus, Bernard Durant conçoit des scénarios virtuels de montages d’échafaudages pour initier ses élèves à des situations pratiques sans en vivre le véritable danger. « J’ajoute l’univers du chantier avec des bruits, des orages qui menacent, des pluies qui s’abattent, d’autres corps de métier qui travaillent… À dix mètres de hauteur, certains élèves ont le vertige, ce qu’ils ignoraient jusqu’ici. Lors de leurs stages, ils ne pourraient pas se confronter à une telle diversité de situations », expliquait-il au Monde en septembre 2019.

Des expériences sociétales réalistes

La VR permet également de proposer des contenus pédagogiques liés à des domaines comme la gestion de conflits en management et d’autres thématiques sociétales. C’est la raison pour laquelle des écoles comme l’ESCP deviennent friandes de ce type de solutions numériques. « Pour les expériences en milieu d’entreprise, la dimension de storytelling apprend à gérer des conflits ouverts avec des collaborateurs, de se mettre dans la peau d’une personne en situation de handicap ou d’une femme subissant des actes sexistes… », souligne Antoine Bernard. Par ailleurs, l’utilisation de casques VR a l’avantage de se combiner avec plusieurs modalités pédagogiques adoptées par les écoles : en synchrone, en asynchrone lorsque les élèves sont appelés à se rendre dans une salle de VR en parallèle d’un cours présentiel pour ensuite délivrer des comptes rendus à leurs professeurs…

Un atout pour la diversité pédagogique

On sait que les élèves sont de plus en plus attirés par les expériences pédagogiques aux antipodes des cours magistraux, donc nécessitant un engagement fort de leur part. La VR n’est pas une méthode d’apprentissage meilleure qu’une autre. Mais, puisqu’elle permet de développer des compétences par la mise en pratique immersive, elle constitue un outil engageant qui peut trouver sa place dans les technologies éducatives misant sur la diversité pédagogique. S’il n’est pas encore possible de prendre du recul sur cette modalité particulière, « nos retours utilisateurs montrent qu’elle attire les jeunes pour 4 raisons principales : l’amélioration de la mémorisation, l’empathie rendue possible par une mise en situation réaliste, la qualité de la concentration des élèves et l’attractivité des parcours de formation offerts par les établissements », assure Antoine Bernard.

Certains acteurs du secteur portent ainsi l’ambition d’élargir leur catalogue de formations à d’autres thématiques pédagogiques. Les ressources de Reality Academy seront, par exemple, de plus en plus liées à des thèmes HSE (Hygiène Sécurité Environnement), donc susceptibles d’intéresser aussi bien le corps enseignant de l’école élémentaire (par exemple, pour sensibiliser à un usage sécurisé de la trottinette) que celui de l’enseignement supérieur (management, ressources humaines, diversité en entreprise, problématiques sociétales, cybersécurité…).