La numérisation des enseignements imposée par la crise du Covid-19 a rendu nécessaire la réalisation des évaluations des acquis à distance. Ce mode de passation des examens renforce les risques de plagiat et de fraude, devenus source d’inquiétudes pour les enseignants. Quelques précautions peuvent néanmoins être prises pour limiter ces risques. Nos pistes.
Détecter le plagiat
Bien avant la pandémie, la généralisation du recours à Internet avait déjà fait émerger l’enjeu du plagiat de masse. Il est ainsi plus que jamais important d’évaluer la qualité de l’acquisition des connaissances en identifiant les plagiats. Dans ce contexte, il existe de plus en plus de dispositifs numériques de vérification et de détection du plagiat dans les travaux, copies, mémoires ou articles des étudiants. Parmi eux, Compilatio, un logiciel qui a fait ses preuves dans plusieurs établissements comme l’IAE Gustave Eiffel ou l’Université Claude Bernard Lyon 1. Ce type d’outils détecte automatiquement les copiés-collés, les paraphrases, les contenus dupliqués ainsi que les passages résumés d’auteurs non cités.
Recourir au proctoring
Bien qu’il puisse poser des problématiques de droit à l’image et des défis techniques, le proctoring est un processus qui permet de télé-surveiller les étudiants qui passent un examen à distance en ayant accès à leur webcam et leur écran ou en effectuant un enregistrement du son. Cette télé-surveillance peut être assurée par un humain en temps réel ou en différé ou de manière automatisée grâce à l’analyse des données générées par le dispositif. France Université Numérique a par exemple déployé le système ProctorExam. L’outil demande aux étudiants de prendre en photo leur justificatif d’identité lors de la phase de vérification, qui comprend également un test micro. L’usage de casques, d’écouteurs, d’applications externes ou encore d’ouvrages est interdit. Toutefois, même si l’outil adopté se présente comme conforme au RGPD, les établissements doivent respecter « les principes de la protection des données et les droits des étudiants concernés. [Ils pourront] pour ce faire s’appuyer sur les conseils [des délégués]à la protection des données (DPO) », explique sur son blog l’avocat au barreau de Paris Thierry Vallat.
Repenser les sujets d’examen
La fraude n’est pas apparue avec le développement des technologies et d’Internet. De même, les moyens d’y faire face ne reposent pas uniquement sur des solutions numériques. Toutefois, c’est lorsqu’elle a basculé à distance que l’évaluation a donné aux enseignants, comme ceux de l’EM Normandie, l’« opportunité de repenser leurs sujets d’examen de telle sorte que la fraude devienne inutile », indique Olivier Lamirault, directeur innovation et technologies éducatives à l’EM Normandie. Tester l’étudiant sur sa créativité, ses capacités d’analyse de situations complexes, de raisonnement et d’argumentation permet ainsi de réduire l’utilité pour les étudiants de recourir à des productions en ligne. Proposer des sujets « demandant d’argumenter un résultat ou une décision (…) ou de produire une synthèse » transforme, en outre, la finalité des échanges entre les étudiants. Ces échanges « ne sont plus des perturbations au bon déroulement de l’examen, mais en font bel et bien partie », pointe de son côté l’Université Lyon 1.
Varier les modalités d’évaluation
L’évaluation est avant tout un acte destiné à juger des capacités de mobilisation des connaissances. En plus de mieux préparer les étudiants aux imprévus du monde du travail, combiner les modalités d’évaluation est un moyen efficace de lutter contre la fraude. Plusieurs types d’évaluation sont possibles. Comme le recommande l’Université Lyon 1, décliner l’acte d’évaluation « sous forme d’un travail sur table et d’un entretien oral pour l’ensemble des étudiants (ou pour un pourcentage tiré au hasard) », peut constituer un bon moyen de limiter les risques de fraude.
User d’astuces préventives
Les enseignants peuvent également mettre en place des stratégies préventives. Plusieurs pratiques peuvent être considérées, comme « assigner les questions de manière aléatoire aux candidats ou selon un ordre aléatoire », ce qui évite la communication frauduleuse des étudiants entre eux pendant l’examen, recommande le GRIÉMÉtic (Groupe de recherche interuniversitaire sur l’évaluation et la mesure en éducation à l’aide des technologies de l’information et de la communication). Des pratiques d’évaluation qui limitent les temps de réponse ou qui varient le type de questions posées sont aussi de nature à limiter les possibilités de tricherie.