Délicate à réaliser, l’évaluation à distance est néanmoins devenue une pratique courante depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19. Également utile pour valider les acquis des étudiants internationaux qui ne se trouveraient pas sur les campus pendant les sessions d’examens, elle est appelée à se généraliser. Nos conseils pour l’assurer au mieux.
Évaluer les étudiants en continu
En raison de la régularité des feedbacks qu’elle permet, l’évaluation continue constitue un important facteur de motivation pour les élèves. Elle est donc d’autant plus importante à réaliser à distance. Au moins trois évaluations continues devraient être effectuées avant la tenue des examens semestriels, selon Olivier Lamirault, directeur innovation et technologies éducatives à l’École de Management de Normandie. « L’évaluation continue peut prendre la forme de quizz en ligne et de travaux de groupe, qui sont particulièrement plébiscités par les élèves car ils leur permettent de s’engager dans leur apprentissage tout au long du semestre », explique-t-il.
Combiner les modalités d’évaluation
« L’avenir de l’évaluation se trouve dans la combinaison des moyens de la réaliser », assure Olivier Lamirault. Il s’agit de diversifier les modalités de validation des acquis à distance, y compris lors des évaluations semestrielles, étant donné que les compétences des étudiants sont multiples. Grâce aux plateformes numériques, les compétences peuvent être évaluées aussi bien par le biais de travaux collaboratifs réalisés par des étudiants répartis en groupes, que par des examens individuels surveillés en ligne, des tests d’argumentation orale, ou encore des rapports d’activité. Par ailleurs, « la mise en situation des étudiants au sein d’une entreprise devrait également faire l’objet d’une évaluation à l’avenir car la restitution des acquis passe aussi par la pertinence de leur utilisation dans le monde professionnel », souligne Olivier Lamirault.
Repenser les sujets d’examen
L’évaluation à distance imposée par la crise du Covid-19 a donné aux enseignants de l’EM Normandie l’« opportunité de repenser leurs sujets d’examen de telle sorte que la fraude devienne inutile », indique Olivier Lamirault. Outre la réduction du risque de fraude, tester l’étudiant sur sa créativité et ses capacités de raisonnement et d’argumentation permet de le préparer de manière optimale au monde de l’entreprise. « Cela suppose d’inciter les étudiants à produire du savoir plutôt qu’à en restituer », ajoute-t-il. Sylvie Larbi, professeure de SVT au collège César Franck Palaiseau et formatrice académique à l’académie de Versailles, abonde dans ce sens : « Poser des questions de cours ne permet pas d’évaluer les compétences des apprenants. Pour passer un examen de SVT portant sur, par exemple, la cellule comme unité du vivant, l’élève devra proposer une réflexion argumentée sur cette notion. C’est à partir de ses ressources qu’il pourra le faire et non en les mémorisant ou en les copiant. L’élément différenciant sera donc sa capacité de mobiliser de manière autonome la bonne information au service de l’argumentation attendue », explique-t-elle.
Adopter l’évaluation différenciée
Que ce soit en présence ou à distance, les élèves rencontrant des obstacles dans leur apprentissage ou souffrant de troubles de l’attention devraient pouvoir être évalués selon leurs spécificités, car ils sont capables de faire valoir autrement leurs compétences. « Si un élève affiche, en classe, des difficultés en rédaction, le professeur peut évaluer de manière oralisée sa capacité de manipuler intellectuellement certains concepts ou de mobiliser certains auteurs », explique Véronique Poutoux, formatrice, en charge du site « Vers une école inclusive ». Selon elle, l’adoption de ce type de pratiques suppose un changement des mentalités dans le monde académique. Toutefois, les moyens numériques mis à disposition des enseignants, grâce à de nouvelles fonctionnalités comme la répartition des élèves en groupes en distanciel ou la traduction de contenus écrits en format audio ou en français facile à lire, permises par exemple par la plateforme Blackboard, peuvent contribuer à réaliser les objectifs de l’évaluation différenciée.