Les EdTech souffrent d’un manque d’accès aux enseignants et à des espaces « bacs à sable » pour construire des outils plus adaptés aux besoins. Face à ce constat mis en lumière dans une étude conduite par la Banque des Territoires (octobre 2024), celle-ci appelle à favoriser les partenariats public-privé pour accompagner la transformation des pratiques pédagogiques.

Une étude intitulée « La collaboration entre acteurs publics et filière EdTech : un incontournable pour le développement du numérique éducatif », menée par la Banque des Territoires éclaire l’importance d’un meilleur accompagnement de la transformation de l’école via des pratiques de collaboration public-privé. Si les budgets alloués au numérique éducatif, à partir des années 2010, ont permis de disposer d’équipements, cela s’est tout de même fait « de manière hétérogène selon les territoires », pointe-t-elle.

Le numérique éducatif est prioritaire

En 2020, dans le contexte de crise sanitaire, l’Éducation nationale a lancé les territoires numériques éducatifs (TNE), avec l’objectif d’expérimenter la continuité pédagogique et de réduire la fracture numérique. « Avec les TNE, l’Éducation nationale expérimente des politiques ambitieuses pour assurer le déploiement des usages », souligne l’étude. De façon générale, l’investissement public, notamment à travers le programme France 2030 et les efforts du ministère de l’Éducation nationale, témoigne d’une volonté de soutenir la filière du numérique éducatif. « Cependant, les résultats attendus peinent à se concrétiser. Il est impératif de s’interroger sur l’efficacité de ces dépenses et de réfléchir collectivement au modèle que nous souhaitons promouvoir ». Par ailleurs, en raison d’une gestion totalement décentralisée, « les politiques de numérique éducatif territoriales sont hétérogènes bien que 85 % des collectivités territoriales interrogées considèrent le numérique éducatif comme prioritaire ».

Les EdTech se diversifient

Pour 63 % de la filière EdTech scolaire, le modèle d’affaires adopté est le B-to-G (« Business to Government). « Certaines EdTech réussissent à faire financer des projets directement par les établissements scolaires, mais en règle générale, atteindre l’élève et le professeur revient à convaincre la collectivité, entre autres, d’acheter son produit », indique l’étude. La filière exprime également un besoin de financement : « 79 % des acteurs rapportent être en besoin de financement, avec des tickets demandés modérés : 44 % des acteurs demandent moins de 500 000 euros et 86 % moins de 3 millions d’euros. » Par ailleurs, la filière adopte, pour la majorité, une stratégie de diversification : seuls 35 % des répondants réalisent l’intégralité de leur chiffre d’affaires sur le segment scolaire. Enfin, l’étude souligne que les EdTech identifient la complexité des circuits d’achat comme un frein à la collaboration public-privé. Cette complexité s’explique notamment par la multiplicité des acteurs à mobiliser, qui est due au partage de compétences entre collectivités et académies.

Simplifier la collaboration public-privé

Les principales difficultés remontées par les collectivités concernent, quant à elles, l’absence de véhicule juridique pour contractualiser à long terme avec les EdTech, la longueur des processus de lancement de marchés publics ainsi qu’un manque de moyens. Face à la nécessité de simplifier cette collaboration public-privé, trois recommandations sont formulées par la Banque des Territoires :

  • Légitimer le numérique éducatif et sa valeur ajoutée ;
  • Structurer, financer et accompagner la demande, en déployant, à large échelle, un « compte ressources » pour les professeurs afin de simplifier l’accès aux marchés et garantir les usages ;
  • Faciliter l’accès au marché pour les EdTech. Il s’agit de « mettre en place une instance de dialogue régulière entre la filière EdTech et les collectivités territoriales sur l’optimisation des pratiques d’achat » et de « généraliser la mise en place dans chaque territoire d’une gouvernance entre collectivités territoriales et académies pour le numérique éducatif».

 

*L’étude a été menée sur la base de 50 entretiens auprès de collectivités territoriales, d’académies, d’acteurs EdTech, de fonds d’investissement spécialisés et d’acteurs institutionnels (ministère, opérateurs pour la formation, etc.) ainsi que d’un questionnaire adressé aux collectivités territoriales avec 272 répondants incluant des régions, des départements, des communes et des intercommunalités.