À l’heure où les réseaux sociaux inondent les smartphones des jeunes, quels outils peuvent accompagner les usages du numérique ? Selon Caroline Maitrot, CEO de Nomad Education, plusieurs astuces existent pour garantir un usage raisonné des écrans, à condition toutefois que les parents restent présents aux côtés de leurs enfants.
Selon l’Autorité de régulation des communications, l’acquisition du premier téléphone portable est de plus en plus précoce : 41 % des filles et 30 % des garçons de moins de 25 ans ont déjà acheté leur premier téléphone avant l’âge de 12 ans. Face à cette surexposition aux écrans, quels risques encourent ces jeunes ? Le premier d’entre eux, c’est évidemment l’addiction, un phénomène pris très au sérieux par les pédopsychiatres. Il convient ainsi de « rester vigilant pour qu’une pratique excessive de l’enfant ne devienne pathologique à l’âge adulte », préconise la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.
Premiers garants d’un usage raisonné : les parents !
Les professeurs des écoles constatent de plus en plus de troubles de l’attention chez leurs élèves. Cette dérive nécessite un accompagnement puisque les enfants sont incapables de s’autocontrôler. « La première précaution à prendre en tant que parent, c’est de ne pas lâcher son enfant, c’est-à-dire contrôler l’usage et les temps d’exposition aux écrans en activant, par exemple, le contrôle parental sur les appareils », indique Caroline Maitrot, CEO de Nomad Education. Laisser les enfants face à un ordinateur ouvert, c’est « les exposer à des contenus qui peuvent fortement les heurter ». Il est donc important de les aider à s’interroger sur ce qu’ils reçoivent sur TikTok ou Instagram. Sans pour autant leur masquer la réalité (par exemple, les images de la guerre en Ukraine). « Il s’agit simplement de ne pas les laisser seuls face à des images qui peuvent les troubler. »
Sensibilisation dans les collèges
Arrivés au collège, les jeunes doivent bénéficier d’une véritable éducation numérique afin qu’ils en comprennent les dangers et les potentialités. « Il existe déjà des initiatives de sensibilisation dans les établissements scolaires. Mais il faut aller plus loin. En Suède ou en Norvège par exemple, il existe des cours obligatoires de numérique destinés à enseigner aux jeunes les moyens de chercher les bonnes informations et de développer un esprit critique face à l’abondance informationnelle en ligne », ajoute-t-elle. Selon la Mission interministérielle, c’est à partir de l’âge de 12 ans que l’enfant peut naviguer seul sur le Web à des moments autorisés et à condition qu’il ait intégré les dangers liés à la pornographie, au harcèlement, aux fake news…
Développer d’autres dispositions chez les jeunes
Rien ne vaut les pratiques « oldschool » pour lutter contre les mauvais usages des écrans ! En parallèle du temps que les jeunes passent sur les écrans, les parents devraient développer le goût de la lecture ou du jeu d’échecs chez leurs enfants. « La lecture de la presse papier est également un outil fantastique pour confronter les opinions », estime Caroline Maitrot. Les parents peuvent également jouer sur la confiance, en faisant comprendre à leurs enfants que privilégier la lecture ou les sorties est ce qui leur permet de se construire en tant qu’individus libres et capables de s’émanciper de la déferlante des écrans et des jeux inutiles.
Utiliser les écrans pour des activités constructives
Les utilisateurs peuvent tirer profit des nouvelles fonctionnalités proposées aujourd’hui dans les smartphones, comme celles qui « gèlent » des applications au bout d’une durée d’usage qu’ils peuvent définir eux-mêmes. Par ailleurs, il est possible de détourner l’usage des écrans à des fins éducatives. « J’ai pris la décision, avec mes enfants, que le temps d’écran ne devait pas excéder 40 minutes par jour, sauf pour des applications comme Spotify, qui permet d’écouter de la musique et des émissions », souligne-t-elle. Les EdTech s’orientent de plus en plus vers cette dynamique. Nomad Education a ainsi édité au sein de son application, avec l’entreprise de « sport santé » Fiters, une offre de cours de sport en visioconférence, en accès gratuit. « Nous voulons lutter contre la sédentarité des jeunes. Donnés par des sportifs de haut niveau, ces cours les incitent à utiliser leur écran pour s’exercer et développer une meilleure estime de soi », conclut-elle.