Lancée en avril 2025, SkillBeam AI est une plateforme éducative qui entend transformer la manière dont l’intelligence artificielle est utilisée par les lycéens. Son principe ? Mettre à disposition une IA générative souveraine et entièrement nourrie de ressources pédagogiques officielles. Les explications de Tayeb Hamidi, co-fondateur.
Pourquoi avez-vous créé SkillBeam AI ?
En tant que professeur de génie informatique en lycée, j’ai constaté, à partir de 2023, que les élèves se tournaient de plus en plus vers ChatGPT pour réaliser leurs devoirs. Mon constat, partagé par plusieurs collègues, est que les élèves ne fournissent plus d’effort cognitif pour réaliser leurs exercices, ce qui nuit à l’appropriation des savoirs. SkillBeam est ainsi né de la volonté de proposer d’autres usages de l’intelligence artificielle générative. En 2024, j’ai construit un premier dispositif hébergé sur mon propre ordinateur en vue de le tester au sein de mon établissement. L’expérimentation de cette plateforme, qui est alimentée par mes propres ressources pédagogiques, m’a permis de faire de la différenciation pédagogique. En effet, l’IA, basée sur Mistral, pousse à la réflexion et ne fournit pas la même réponse à tous les élèves. Le dispositif a convaincu des collègues de plusieurs disciplines. J’ai par la suite été rejoint par mon associé Rachid Mokrani, professeur de SII, et nous avons pu construire un modèle consolidé dont le brevet est en cours d’instruction.
Que propose votre plateforme ?
Les lycées qui souscrivent une licence SkillBeam peuvent disposer d’un serveur à distance et y héberger leurs données éducatives. De leur côté, les élèves, qui disposent chacun d’un compte accessible via un login et un mot de passe, ont accès à une IA conversationnelle qui les guide dans l’acquisition de différentes skills. À chaque skill correspond une conversation spécialisée. Par exemple, celle qui concerne la préparation du Grand oral assiste l’élève dans ses apprentissages et ses révisions avec les ressources d’éduscol. Cela lui évite de recourir à ChatGPT, qui génère souvent des hallucinations. Les enseignants, quant à eux, peuvent créer et personnaliser les skills en fonction des aptitudes de chaque élève et définir la manière dont l’IA doit lui répondre. L’outil se destine également aux personnels de l’éducation, qui peuvent notamment automatiser des tâches chronophages comme la rédaction de mails, de journaux scolaires ou encore de comptes rendus de réunions.
Quels sont vos projets ?
Jusqu’ici, SkillBeam a été adopté par 5 lycées franciliens. Parmi ces derniers figure le lycée Maryse Condé, qui a acheté des licences pour ses 1350 élèves. Nous sommes en discussion avec plusieurs partenaires en vue de faire intégrer l’outil dans d’autres lycées et de le garifier. Nous souhaitons développer une fonctionnalité collaborative. L’idée est de connecter des groupes d’élèves travaillant sur une même thématique et de les assister dans l’avancement de leurs projets. Enfin, nous avons constaté que les élèves sollicitaient l’outil sur des aspects sensibles de leur vie personnelle. Nous allons donc créer une solution d’assistance : « J’ai besoin d’aide ». Il s’agit d’un système de sensibilisation au harcèlement scolaire. Les élèves qui le souhaitent auront notamment la possibilité de transmettre aux référents harcèlement leurs échanges privés avec le chatbot. L’objectif est qu’ils puissent faire part de leurs préoccupations, voire signaler des comportements abusifs.