Impliquée depuis 2014 dans la digitalisation des parcours d’apprentissage, SupBiotech souhaite aller plus loin dans l’expérimentation des apports du numérique. Son prochain projet ? Développer des outils IA pilotés par les enseignants au service des apprentissages de leurs étudiants. Les explications de Maxime Cruzel, digital learning manager.
Quelles leçons avez-vous retiré de la crise du Covid-19 ?
Nous déployions déjà, depuis 2014, une plateforme de micromodules au sein de laquelle tous les cours de sciences de l’ingénieur avaient été digitalisés. Le format de la classe inversée était donc bien connu par nos enseignants et nos étudiants dans le cadre d’une stratégie globale qui nous a fait déployer en parallèle Office 365 et Microsoft Teams. Bien avant la crise du Covid-19, les temps présentiels étaient ainsi consacrés aux TD et aux mises en application. Le basculement des enseignements à distance s’est donc déroulé sans encombre. Néanmoins, les sondages que nous avons menés en 2021 ont montré à quel point le distanciel a été mal vécu, malgré un bon indice de satisfaction quant à la qualité de l’accompagnement. Nous en avons donc tiré des conclusions sur la nécessité de dynamiser les parcours de formation hybrides, notamment en créant au sein des écoles d’ingénieurs du groupe IONIS des cellules d’experts dédiées au digital learning.
De quelles ressources s’agit-il ?
Au départ, nous produisions des contenus en format MOOC avec des vidéos, des quizz et des fiches de synthèse. Par la suite, l’établissement a recruté des chefs de projets et des ingénieurs pédagogiques qui ont contribué à déployer, au sein de la plateforme Moodle, les micromodules auparavant intégrés à un environnement de travail moins agile. Nous avons eu recours à d’autres outils pour nos parcours de formation, comme Wooclap, Compilatio et Amanote. L’école est actuellement en train de transformer ses parcours de formation en sollicitant régulièrement le point de vue des étudiants sur les expérimentations en matière de digital learning. Enfin, dans le cadre de la réforme du bac, nous mettons à disposition de nos futurs étudiants des ressources pédagogiques (vidéos, quizz, exercices corrigés…) en mathématiques, SVT et physique-chimie. Ces contenus, conçus grâce à Articulate Storyline, affichent des indices de satisfaction en constante augmentation car cet outil permet de réaliser des diaporamas interactifs engageants.
Côté enseignants, comment l’appropriation du numérique se déroule-t-elle ?
Dans le cadre de nos projets de digitalisation, nous nous sommes heurtés à la problématique du temps de préparation des cours par les enseignants. Pour les aider dans ce processus, nous avons automatisé la gestion de Moodle : création de cours, réutilisation des ressources… Nous prévoyons désormais de recruter des enseignants concepteurs de contenus et experts en matière de digital learning afin de développer des contenus numériques et de mutualiser les ressources entre les écoles d’ingénieurs du groupe IONIS. Nous souhaitons également intégrer, dans l’outil Amanote, un assistant virtuel intelligent capable de répondre aux questions des étudiants. Il s’agira de mettre en place une interface destinée aux enseignants, leur permettant d’alimenter l’IA (avec des éléments de cours, les objectifs pédagogiques…) avant que les étudiants n’y recourent pour poser des questions. Globalement, nous nous sommes aperçus que l’IA, lorsqu’elle est pilotée par un enseignant, est un allié pour les étudiants.
Craignez-vous que l’IA soit mal utilisée par les étudiants ?
Notre groupe est, depuis longtemps, confronté au problème de la triche puisqu’il existe des outils qui permettent de programmer à la place des étudiants. Certaines écoles, comme EPITA, ont donc développé des systèmes de tests automatisés qui intègrent des dispositifs de contrôle, des détecteurs de plagiat. L’apparition d’un outil comme ChatGPT n’est donc pas un enjeu nouveau pour nous, d’autant que nos modalités d’évaluation prévoient la réalisation de projets où le recours à ChatGPT est souvent inutile ou impossible. Nos contrôles de connaissances se font également en environnement standardisé, afin d’empêcher le recours à l’IA. En revanche, nous envisageons cet outil comme une opportunité d’apprentissage pour les étudiants. C’est précisément le but du projet que nous souhaitons développer avec Amanote : que l’IA ne soit pas un outil d’accès immédiat au résultat final mais plutôt une assistance capable de guider les étudiants vers leurs objectifs d’apprentissage.