« Vers Le Haut », le think tank dédié à l’éducation et à la jeunesse, a annoncé la nomination de Marie-Caroline Missir comme déléguée générale. Depuis le 1er novembre, la dirigeante de Réseau Canopé – dont le second et dernier mandat s’achèvera début 2026 – a comme priorité d’établir un pont entre le monde associatif et l’Éducation nationale.

Pouvez-vous présenter le think tank « Vers Le Haut » ?

« Vers Le Haut » est un think tank créé en 2015. Il a été fondé par le groupe Bayard, les Apprentis d’Auteuil, SOS Village d’enfants, Sport dans la Ville, le Collège des Bernardins, l’Armée du Salut et les Scouts musulmans de France. Cette diversité de profils témoigne de l’ouverture de ce collectif et de sa capacité à fédérer plusieurs acteurs autour de l’école. Par ailleurs, il est le seul think tank entièrement dédié à l’éducation et la jeunesse en France. Son objectif est de construire des projets éducatifs communs, de valoriser des initiatives originales pour permettre à chaque enfant de s’épanouir à l’école et en dehors de l’école. C’est par exemple « Vers Le Haut » qui a lancé, en 2019, les États généraux de l’Éducation. Cette initiative participative a rassemblé citoyens et acteurs de terrain pour formuler des propositions concrètes afin d’améliorer l’éducation en France. Elle avait d’ailleurs conduit à la rédaction d’une Charte de l’Éducation qui a été remise aux pouvoirs publics en 2021.

Quelles sont vos priorités en tant que déléguée générale ?

J’avais trouvé l’initiative des États généraux très réussie, d’autant qu’ils avaient eu lieu à la veille de l’élection présidentielle, un rendez-vous démocratique majeur. C’est ce que nous allons vivre de nouveau en France dans les prochains mois, avec les élections municipales puis présidentielles. Dans ce cadre, je suis ravie de poursuivre mon engagement au service de l’éducation et de mettre au service des associations et des acteurs de l’éducation ma connaissance de ce secteur. Surtout, j’aimerais contribuer à construire un pont entre ces acteurs, qui ont des choses à apporter, et l’Éducation nationale. L’objectif est de bâtir collectivement un projet, une vision commune. Enfin, nous arrivons, au sein de Réseau Canopé, au terme de la transformation menée depuis cinq ans en opérateur de formation tout au long de la vie des enseignants. J’arrive ainsi dans ce poste de déléguée générale nourrie de cette riche expérience.

Sur quels grands défis éducatifs le think tank souhaite-t-il engager une réflexion ?

Le monde de l’éducation est traversé par trois grandes crises. D’abord, une crise démographique, avec une baisse significative du nombre d’enfants scolarisés (nous avons perdu 100 000 élèves dans le premier degré cette année). C’est un défi majeur qui nous poussera à développer une réflexion prospective sur les conséquences que cette crise aura sur l’école : des espaces seront désormais inoccupés, des fermetures d’écoles sont prévues… La crise écologique est également prégnante. Nous avons eu de très fortes canicules qui ont notamment mis en évidence l’inadaptation des temps d’école, des bâtiments… Son impact est très important, aussi bien sur les espaces dans lesquels les enfants évoluent que sur les conditions de travail des équipes éducatives. Enfin, nous sommes confrontés à un défi cognitif : l’arrivée de l’intelligence artificielle dans les usages à l’école. Ces derniers transforment le rapport au savoir et interrogent la posture de l’enseignant. Cette transition numérique doit nous mobiliser. Nous souhaitons apporter des pistes d’actions pour répondre à ces trois thèmes.

Quel regard portez-vous, justement, sur l’intelligence artificielle ?

Ma réflexion sur l’éducation numérique a beaucoup évolué depuis ma participation à la Commission écrans, qui a eu pour mission d’évaluer les impacts négatifs des écrans sur les jeunes. Je pense que l’arrivée de l’IA dans le secteur de l’éducation et dans nos usages quotidiens doit modifier la manière dont il faut traiter la question de la transformation numérique de l’école. C’est la place de l’humain dans les interactions, dans l’accès au savoir, qui doit être désormais centrale. Quelle humanité veut-on pour demain ? Comment veut-on former nos enfants ? Que veut dire éduquer un enfant au 21e siècle ? Ce sont ces sujets, plus que la place du numérique à l’école, qui sont à l’agenda des réflexions de « Vers Le Haut » et qui feront l’objet de propositions d’actions pour les décideurs publics. Dans ce sens, nous allons faire paraître, courant novembre, une étude sur la place des familles dans le secteur de l’éducation où un certain nombre d’initiatives seront valorisées.