Sciences Po lance Sources, une nouvelle plateforme numérique permettant de rendre accessibles l’ensemble de ses publications scientifiques. Co-construite avec Memory, une technologie développée par la start-up JEGLABS, la démarche s’inscrit dans une politique plus large d’open education. Les explications de Jean-Pierre Berthet, directeur délégué au Numérique.
Dans quel contexte Sciences Po a-t-elle décidé de lancer la plateforme Sources ?
Cela fait plus de deux ans que le projet Sources a vu le jour. Il répond à un objectif de centralisation de ressources. Nous en avons des milliers disponibles en ligne, mais qui sont réparties sur un nombre important de sites web : ceux de nos centres de recherche, de nos écoles, et d’autres comme The Conversation ou YouTube. Nous étions donc à la recherche d’un outil qui permette d’interroger ces différents sites pour chercher des contenus sur des thèmes variés. Le projet répond aussi à notre mission de service public, qui est d’ouvrir nos ressources libres au public. Or elles sont nombreuses : nous organisons près de 1000 conférences par an, nous créons des podcasts et nos enseignants-chercheurs publient régulièrement des articles scientifiques. Sources – qui est le fruit d’une initiative financée par des partenaires institutionnels comme la Région Île-de-France, la Fondation Marc Ladreit de Lacharrière, l’ANR et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche – permet désormais de les rendre accessibles à partir d’un seul point d’entrée.
Comment cette plateforme fonctionne-t-elle ?
L’outil, sur lequel il est possible de naviguer en français et en anglais, permet de faire de la recherche à partir de plusieurs critères. Lorsque l’utilisateur souhaite se renseigner sur une thématique, l’outil le renvoie à la fois vers des articles, des conférences, des podcasts, des vidéos, des cours… Les ressources disponibles comprennent également des travaux de recherche ou des policy briefs disponibles dans l’archive ouverte HAL. Sources fonctionne ainsi comme un hub, un point de connexion entre différentes sources d’information. Par exemple, lorsqu’un nouveau podcast est publié sur une plateforme comme Ausha, un flux automatisé transmet les données de ce podcast (titre, auteur, description, lien, etc.) vers Sources. Cela permet à Sources de repérer, enregistrer et classer automatiquement et de manière structurée ce contenu dans sa base de données.
Ciblez-vous un public en particulier ?
Nous avons en effet vocation à travailler pour le monde de l’éducation. Nous ciblons en particulier les lycées d’éducation prioritaire, dont les enseignants peuvent désormais s’appuyer sur la plateforme pour mettre à disposition des contenus scientifiques de qualité. Notre initiative s’inscrit d’ailleurs dans le mouvement de l’open education, qui est en faveur de la diffusion de ressources éducatives et documentaires libres au plus grand nombre. Dans Sources, les utilisateurs ont un point d’entrée à nos différents centres de recherche ainsi qu’à nos collections disponibles dans HAL.
Pourquoi avez-vous collaboré avec la start-up JEGLABS, qui édite Memory ?
Parallèlement à ce projet, nous étions à la recherche d’un outil pour mettre à disposition les travaux que nos étudiants réalisent pour des entreprises. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes spontanément tournés vers le monde des EdTech. Par la suite, nous nous sommes rapprochés des équipes de Memory parce qu’elle développe une technologie qui permet de centraliser et rendre accessibles des ressources variées au sein d’un même espace collaboratif. Il s’agit néanmoins d’un projet de co-construction : la solution Sources, telle qu’elle se présente aujourd’hui, n’existait pas encore avant cette collaboration. D’autre part, l’outil n’est pas exclusivement utilisable par Sciences Po : il se veut générique et transposable à d’autres établissements ou entreprises.
Quelles évolutions imaginez-vous autour de ce projet ?
Notre ambition est de faire en sorte que Sources devienne un outil plus intelligent, interactif et personnalisé. L’intelligence artificielle sera utilisée pour enrichir les ressources audio et vidéo, en générant automatiquement des chapitres, en identifiant les points-clés, en résumant et en indexant les contenus pour faciliter la recherche… Par ailleurs, des fonctionnalités d’édition et de diffusion seront ajoutées, comme la création de newsletters ou de playlists automatiques. Enfin, l’accès sera bientôt personnalisé avec authentification et abonnement. Cela permettra aux utilisateurs de créer et d’organiser leurs propres collections, de recevoir des mises à jour ciblées et de partager du contenu avec les étudiants ou leurs pairs.
