Formation : comment utiliser l’IA en présentiel ?

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Perçue comme un moyen d’adapter les parcours d’apprentissage au niveau des apprenants, l’IA est souvent associée à la formation à distance. Pourtant, son usage en salle de classe permet de rendre les expériences de formation plus dynamiques et d’encadrer les dérives. Nos conseils pour l’intégrer aux pratiques enseignantes.

Partir de la pédagogie, pas de la technologie

Il n’existe pas d’outil d’intelligence artificielle magique en formation. « Les formateurs doivent d’abord commencer par définir leurs objectifs pédagogiques car l’intégration de l’IA en formation présentielle ne doit pas inverser les priorités. C’est la pédagogie qui doit orienter le choix des outils », explique Rony Germon, fondateur de Futur Possible, un cabinet spécialisé dans la transformation digitale de la formation, et enseignant à Paris School of Technology and Business (PSTB). « Dans le cadre des cours que j’anime, j’utilise Wooclap, qui est un outil favorisant l’interaction et boosté à l’IA, et Nolej, qui permet de générer des contenus pédagogiques interactifs à partir de fichiers statiques comme des PDF », illustre-t-il. La question première n’est donc pas « quelle IA utiliser », mais « quel apprentissage favoriser et comment l’IA peut-elle le soutenir ».

Se former en continu

Un formateur ne peut pas s’initier à l’IA sans avoir lui-même exploré les usages possibles. « Il doit développer une curiosité active et une veille permanente, car les outils évoluent très vite. Il s’agit d’un enjeu majeur qui ne concerne pas uniquement la formation des formateurs. Ces derniers doivent être incités à apprendre, expérimenter en continu, suivre des formations ciblées », explique-t-il. L’enjeu est important puisque les cycles technologiques sont désormais si courts qu’un cours peut devenir obsolète en une semaine : « Il faut cultiver la souplesse et la mise à jour constante », indique-t-il.

Utiliser l’IA comme levier d’autonomie

L’IA doit aider les apprenants à mieux apprendre en veillant à ne pas « déléguer » leur intelligence à des agents conversationnels. « Le formateur garde donc un rôle critique. À la PSTB, nous avons un principe fondateur d’usage de l’IA qui veut que les étudiants qui utilisent cette technologie pour créer du contenu doivent restituer oralement les connaissances acquises », souligne Rony Germon. Par ailleurs, les formateurs ont aussi pour rôle d’aider les apprenants à identifier les erreurs des outils. « Il faut montrer concrètement que l’IA n’est ni intelligente ni créative et qu’elle ne fait que prolonger l’intelligence humaine. »

Commencer petit, expérimenter, ajuster

Plutôt que de transformer rapidement tout le dispositif de formation, les formateurs peuvent tester l’usage de l’IA en salle sur une activité ou un module précis. Par ailleurs, ils doivent partir de leurs pratiques pédagogiques pour trouver l’IA qui s’y colle le mieux, non l’inverse. « L’intérêt de cette démarche est qu’elle permet de garder la maîtrise de la formation, d’observer les effets sur les apprenants et d’ajuster les usages », explique-t-il. L’expérimentation prudente et réflexive permet de trouver l’équilibre entre innovation sécurisée – en veillant à choisir des outils respectueux du RGPD – et maîtrise de la formation.

Préserver la relation humaine et la spontanéité

Si l’IA peut dynamiser une séance de formation (via des quiz intelligents, des assistants de synthèse, des générateurs de ressources ou de flashcards…), elle ne remplace jamais les échanges vivants. La formation en présentiel doit ainsi conserver une dimension humaine essentielle : les échanges oraux permettent de vérifier la maîtrise réelle des compétences, et l’encadrement par les formateurs du travail avec l’IA aide les étudiants à prendre conscience des biais des outils. « Dans ce cadre, la responsabilité de juger et de créer reste entièrement humaine. Et c’est cette responsabilité qui constitue le cœur de l’expérience pédagogique en présentiel », souligne Rony Germon. L’objectif doit donc rester centré sur l’échange vivant, avec un usage de l’IA se limitant à faciliter la conception et à automatiser certaines tâches.

 

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