En pédagogie, le codesign consiste à impliquer les élèves pour co-élaborer des activités d’apprentissage. Plutôt que de construire un cours « parfait » en amont, l’enseignant teste des propositions (exercices, outils numériques, jeux, etc.) pour mieux engager ses élèves dans leur parcours scolaire. Nos conseils pour le mettre en œuvre en classe.
Expérimenter progressivement
Adopter la démarche du codesign pédagogique, c’est « accepter que l’enseignement se construise par ajustements successifs, comme dans un projet de design », explique Jean-Charles Cailliez, vice-président IA et Éducation à l’Université Catholique de Lille. Un enseignant qui souhaiterait l’intégrer à ses pratiques devrait toutefois éviter de transformer rapidement l’intégralité de son cours. « L’idée est de l’introduire dans de courtes séquences (de 5 à 10 minutes sur un cours d’une heure par exemple) ou sur les parties du cours que l’on juge difficiles à transmettre aux élèves. » La raison est simple : le codesign favorise l’engagement et la compréhension des élèves dans les moments où les méthodes classiques fonctionnent moins bien.
Alterner « divergence » et « convergence »
En pédagogie, la convergence et la divergence désignent deux approches complémentaires. La convergence renvoie à l’organisation logique des connaissances, tandis que la divergence encourage la génération d’idées multiples et créatives. « Le codesign est une démarche qui articule les deux. Il consiste à proposer des activités créatives où tout est permis (dessins, cartes, schémas, idées surprenantes), puis à faire le tri des idées proposées pour sélectionner les plus concrètes d’entre elles. Cela stimule la créativité tout en ramenant à la réalité pédagogique. » Il est par exemple possible de demander à un groupe d’élèves de créer un schéma contenant des erreurs (c’est la phase de divergence) puis de le transmettre à un autre groupe qui devra corriger ces erreurs (convergence).
Impliquer les élèves dans la conception d’exercices
L’objectif est de donner la possibilité aux élèves de choisir la méthode qu’ils préfèrent pour résoudre un exercice (via un tableau, un schéma, une carte mentale). « Il est également possible de leur faire créer des exercices et des questions pour leurs pairs. Le professeur peut, de son côté, noter la qualité des questions. Cette approche développe l’autonomie, la créativité et l’engagement des élèves », explique-t-il.
Former des groupes équilibrés et gérer leur taille
Le codesign fonctionne bien avec un effectif d’au moins 15 à 20 élèves, et jusqu’à 40 sans difficulté. « En dessous de 10 élèves, la dynamique ne prend pas. Dans les classes de 30 à 40 élèves, le travail se fait alors en petits groupes, et la taille idéale est de 5 ou 6 élèves par groupe », souligne-t-il. Il insiste aussi sur la nécessité de mélanger les profils : niveaux forts et faibles, filles et garçons, élèves qui ne sont pas spontanément amis…. « Ce brassage permet à tous les groupes d’avancer au même rythme, alors que les groupes constitués par affinité ou par niveau créent toujours des écarts de vitesse dans la classe. »
Combiner cours classique et codesign
Enfin, il est essentiel de maintenir le format classique des cours académiques pour les notions fondamentales. En mathématiques par exemple, les professeurs peuvent réserver le format classique des cours aux additions et aux soustractions. Les multiplications et les divisions, plus complexes, se prêteraient mieux au codesign. « Il faut envisager le codesign comme un complément visant à motiver, engager et faire comprendre des éléments de cours en profondeur. L’alternance entre cours magistral et activités de codesign est vertueuse : l’enseignant apprend de ses élèves, et ces derniers s’engagent plus activement en classe », conclut-il.