Contre toute attente, l’année 2020 aura créé davantage d’opportunités à SKEMA Business School qu’elle n’aura impacté son plan de marche ! En pleine refonte pédagogique, l’école de commerce, qui accueille 9000 étudiants de plus de 120 nationalités, a profité de la crise du Covid-19 pour tester de nouvelles pratiques et s’outiller de solutions digitales. Les précisions de Patrice Houdayer, directeur des programmes, de l’international et de la vie étudiante à SKEMA.
Comment avez-vous vécu les premiers mois de la crise du Covid-19 ?
SKEMA dispose de sept campus dans le monde, dont un en Chine. Lorsque le virus du Covid-19 a émergé dans ce pays et que le gouvernement a décidé de confiner la population, nous avons dû fermer notre campus de Suzhou, proche de Shanghai. Sur les 500 étudiants que nous avions sur place, 400 ont décidé de rentrer dans leur famille, par avion. Il nous a fallu 10 jours pour mettre en place les conditions pour assurer une continuité pédagogique, à la fois avec ceux qui étaient restés en Chine, mais aussi avec ceux qui avaient quitté le pays. Lorsque la France a été confinée en mars 2020, nous avions donc déjà identifié l’ensemble des éléments de ce plan de continuité. Du jour au lendemain, nos 250 cours quotidiens liés à nos 70 programmes ont ainsi basculé en ligne. Entre janvier et avril 2020, 6000 sessions mêlant activités synchrones et asynchrones ont ainsi été délivrés.
Étiez-vous prêts à basculer dans le « tout digital » ?
Oui car nous délivrions déjà des cours à distance avant la crise. La bascule au « tout digital » a donc été naturelle pour SKEMA. Pour autant, nous avons dû investir 1,5 million d’euros en matériels, en logiciels, en solutions digitales pour préparer la rentrée de septembre 2020. Pour accompagner les nouvelles pratiques d’enseignement, nous avons par exemple réaménagé nos salles de classes avec des écrans, des caméras, des systèmes de sonorisation… Nos 170 professeurs permanents ainsi que nos 800 enseignants externes ont, quant à eux, été formés pour qu’ils s’approprient ces nouveaux outils et qu’ils réinventent leur manière d’enseigner. Car lorsqu’ils sont à distance, nos professeurs n’enseignent pas de la même manière : la structuration pédagogique de leurs cours est différente. Tout comme la fréquence avec laquelle ils interagissent avec leurs élèves.
Quelles solutions digitales utilisez-vous ?
Nous avons signé, dès 2015, un partenariat avec Microsoft, qui nous permet d’utiliser la plateforme Teams, pour faire de la vidéoconférence, pour accompagner les étudiants étrangers… En parallèle, nous nous sommes équipés de solutions EdTech comme Wooclap, qui permet à nos professeurs de créer plus d’interactivité lors des cours à distance. Depuis le mois de septembre, nous avons créé 2000 sondages et questionnaires via cet outil. Ils permettent à nos enseignants de tester les connaissances de leurs élèves de manière immédiate. Nous utilisons également la plateforme ChallengeMe, qui est dédiée à l’évaluation entre pairs et la solution Kahoot !, qui permet à nos étudiants de poser des questions et de répondre à des quiz interactifs. Enfin, grâce à la solution de proctoring TestWe, 5000 étudiants répartis sur 7 campus ont pu passer leurs examens de manière qualitative.
Y aura-t-il un retour en arrière dès que la situation sanitaire le permettra ?
Non ! Maintenant que nos enseignants se sont appropriés l’ensemble de nos nouveaux outils et ont modifié leurs séquences de cours, nous allons proposer davantage de cours hybrides, mélangeant présentiel et distanciel. Au fil des mois, nos professeurs ont modifié leurs perceptions des cours à distance, y compris ceux qui disaient qu’ils ne le feraient jamais ! Nous sommes convaincus que ce mode hybride permet aux étudiants d’apprendre plus efficacement. Notre objectif, c’est que qu’ils réalisent l’ensemble des instructions pédagogiques en amont de leur interaction avec leur professeur de sorte qu’en classe, le temps soit consacré aux questions. Nous anticipons donc une rentrée 2021 bien différente de celle de 2019 et ce, quelles que soient les conditions sanitaires. Nous devrions donc encore fournir à de nombreuses start-up de vastes terrains d’expérimentation !
Le plan stratégique que vous avez lancé pour 2021-2025 prévoit d’introduire l’intelligence artificielle dans l’ensemble de vos programmes académiques. Pourquoi cette accélération ?
Nous avons constaté une évolution importante de l’impact de l’intelligence artificielle dans les entreprises, quelle que soit leur industrie. Ce domaine impacte désormais tous les métiers : l’audit externe, la finance, le marketing, la supply chain… Si les entreprises ne peuvent pas encore mener des projets en matière d’IA, c’est par déficit de compétences. Aussi, dès septembre 2021, la totalité de nos programmes permettront à nos étudiants d’avoir un niveau de compréhension en matière d’IA. Maîtriser du code, comprendre les biais cognitifs de l’IA et comprendre les approches « low-code » sont autant d’éléments que les managers de demain devront appréhender. Notre nouvelle cellule SKEMA AI Institue, qui fédère une vingtaine de professeurs et d’experts en IT, sera chargée de déployer la stratégie IA de l’école, de la recherche aux applications concrètes ans nos programmes.