« L’IA ne va pas remplacer les formateurs »

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Gain de temps, personnalisation des parcours d’apprentissage, automatisation de tâches chronophages… On le sait, l’intelligence artificielle va révolutionner le monde de la formation avec des apports importants pour l’ensemble des acteurs. Malgré tout, des questionnements subsistent. Les éclairages de Roman Lebleu, business developer chez Edusign.

Les capacités de l’intelligence artificielle sont colossales : réalisation de tâches cognitives, analyse de textes, traitement de quantités massives de données… Également capable de travailler en autonomie, elle permet aux acteurs de la formation de se concentrer sur des tâches à haute valeur ajoutée. « La pyramide de l’IA commence par l’automatisation des process et monte jusqu’à « l’IA forte », qui est sa capacité future à créer des raisonnements. Pour donner un exemple concret d’utilisation : on peut demander à une IA d’évaluer la qualité d’une formation en récupérant et en compilant tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Cette tâche, qui prendrait un temps fou à un humain, est capable d’être menée en quelques secondes par l’IA », a illustré, dans le cadre d’un atelier animé début octobre au Learning Show, Roman Lebleu, business developer chez Edusign, une plateforme spécialisée dans la digitalisation des documents pour la formation et l’éducation.

Une aubaine pour les formateurs

En matière de formation, l’ensemble des acteurs pourront tirer le plus grand profit de l’IA, à commencer par les formateurs. D’ores et déjà, ces derniers peuvent notamment être assistés dans la création de cours et la réalisation de corrections. Une aide plus que bienvenue puisque « 80 % des formateurs affirment manquer de temps pour personnaliser les contenus de leurs formations », souligne-t-il. Également capable de générer des feedbacks quasi-instantanés aux apprenants, l’IA fera gagner un temps important aux formateurs sur ce volet. « Il faut néanmoins insister sur le fait que l’IA ne peut pas remplacer les formateurs. Elle permettra plutôt de créer, pour reprendre une notion proposée par Yannig Raffenel, président d’EdTech France, des « formateurs augmentés » capables d’utiliser leur temps de manière optimale. » En effet, si l’IA permet de gagner les heures passées à la préparation des cours, à l’évaluation et au feedback, elle est incapable de développer les compétences sociales des apprenants, leur connaissance réelle du métier sur le terrain… « L’accompagnement personnalisé à travers le contact humain ainsi que la transmission seront les principales missions du formateur de demain », résume-t-il.

Des apprenants plus engagés dans leur parcours

L’IA présente un fort potentiel en matière d’insertion et d’accompagnement des apprenants. D’abord parce que les chatbots vont devenir meilleurs et plus efficaces. Ensuite parce qu’elle permettra de concevoir des parcours personnalisés de formation via une analyse poussée des données relatives à chaque apprenant. « D’autre part, les publics DYS seront mieux intégrés puisque l’IA peut répondre à des demandes comme la réécriture de cours plus adaptés », poursuit Roman Lebleu. Par ailleurs, puisque la gestion administrative constitue un ensemble de tâches lourdes et chronophages pour les organismes de formation, ces derniers ne peuvent généralement prendre en charge qu’un nombre limité d’apprenants. « Là aussi, l’IA permettra de faire exploser ces barrières tout en permettant aux organismes de formation de gagner en crédibilité puisque les apprenants sont de plus en plus attirés par l’innovation technologique et les interactions augmentées », explique-t-il.

Des préoccupations qui subsistent

Malgré tout, des questions comme la sécurité des données et le plagiat rendu possible par des outils comme ChatGPT suscitent des craintes parfois justifiées de la part des enseignants et des formateurs. « Il n’existe pas encore de réponses claires à ces enjeux complexes. La CNIL assure un travail de surveillance et de contrôle efficace et continuera de prendre en charge ces sujets. Quant à la question de la triche, elle appelle à ce que les méthodes d’évaluation se modernisent. Par exemple, un formateur peut demander à ses apprenants de réaliser deux types de dissertation, une avec et une sans ChatGPT. C’est important car l’usage de cet outil doit être enseigné. Construire de bons prompts est une connaissance en soi », conclut Roman Lebleu.

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