Kajou est une entreprise sociale qui entend délivrer du contenu éducatif multimédia ou de formation numérique à des populations qui n’ont pas, ou très peu accès à Internet. Interview avec Jeremy Lachal, président fondateur de Kajou.
Pouvez-vous présenter Kajou ?
Kajou est une entreprise sociale qui a démarré en septembre 2020 et qui a été créée par l’ONG Bibliothèques Sans Frontières. Elle propose une solution visant à éditorialiser et diffuser différents types de contenu numérique à fort impact social aux populations qui n’ont pas ou peu accès à Internet. Aujourd’hui, l’accès à l’information, à l’éducation et à des formations de qualité est un enjeu majeur dans la lutte contre les inégalités sociales dans le monde, notamment en matière de problématiques d’accès à Internet. Kajou package donc du contenu éducatif d’information et de formation pour permettre aux populations de s’autonomiser et de devenir plus résilientes. Nous partons des besoins du terrain et nous apportons ensuite des contenus pour y répondre. À partir de là, nous pouvons autant créer des cartes destinées à des jeunes voulant se former à l’entrepreneuriat que des MOOC universitaires – de chimie, d’histoire-géographie, etc. – dédiés aux étudiants. Le contenu dépendra des partenaires avec qui nous travaillons et des utilisateurs pour lesquels nous le concevons.
Comment procédez-vous ?
Kajou charge du contenu multimédia sur des supports physiques qui sont des cartes microSD. En plus d’être une application Android, Kajou est donc également un support sous forme de cartes microSD qu’on met dans le téléphone pour y insérer tout une bibliothèque de contenus numériques offline. L’innovation de Kajou est la mise en forme de ces contenus de sorte que l’utilisateur peut y accéder comme à une plateforme de MOOC ou à un site Web avec des contenus multimédia. L’app Kajou permet à l’utilisateur de lire ce que l’on trouve sur les cartes mais aussi de partager ce contenu avec d’autres personnes, de téléphone à téléphone, sans passer par un réseau Internet mais par d’autres moyens comme le Bluetooth.
Quels sont vos objectifs pour 2021 ?
Nous sommes encore au stade des tests terrain, avec quelques centaines d’utilisateurs. Cette année, notre objectif est de distribuer 30 000 cartes dans différents pays dont le Cameroun, le Burundi et le Sénégal. Nous travaillons aujourd’hui sur deux types de projet : des cartes sur étagère qui vont bientôt sortir au Sénégal et qui offrent des contenus d’éducation pour le primaire et le secondaire ; et les cartes « Kajou essentiel », dédiées aux adultes et offrant des formations dans plusieurs domaines comme l’entrepreneuriat, l’agriculture, la santé, etc. Ces cartes ne sont pas encore lancées car nous travaillons actuellement sur les points de distribution. D’autres cartes seront issues de projets sur mesure conçus avec des organisations, des institutions, des ONG ou des entreprises locales. Produites avec ces différentes institutions, ces cartes seront distribuées directement par elles aux bénéficiaires. Par exemple, avec l’Université virtuelle du Sénégal, nous comptons concevoir des cartes Kajou avec des MOOC de première année qui seront distribuées aux étudiants.
