Avec la crise du Covid-19, la visioconférence a pris une ampleur sans précédent dans le quotidien des élèves et de leurs enseignants. Et pour cause : elle a été l’une des seules réponses pour assurer la continuité pédagogique. Reste que l’enseignement à distance de manière synchrone est un exercice spécifique qui ne se résume pas à parler devant une webcam. Nos cinq conseils pour réussir à capter puis à garder l’attention des étudiants, via caméras interposées.
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Brancher la caméra
Au-delà d’un outil technologique, la visioconférence est une expérience humaine. Lorsque cela est possible, demandez à vos élèves d’activer leurs caméras. D’une part parce que voir les visages des uns et des autres ajoute une touche d’humanité à l’exercice, d’autre part parce que vous pourrez peut-être entrevoir quelques signes de communication non verbale (des inclinaisons de tête, des bâillements, des hochements de tête, des sourires s’appréciation…) sur lesquels vous pourrez rebondir. Gardez en effet en tête qu’il n’y a rien de plus démotivant que de regarder des rectangles noirs avec des noms. Cela donne l’impression d’être seul face à son écran. Si le nombre d’élèves n’est pas trop important, il est également possible, dès le début du cours, d’attribuer des rôles à certains d’entre eux : prendre des notes, remonter les questions posées sur le tchat, jouer le rôle du contradicteur pour stimuler le groupe, veiller au respect des règles de vie, distribuer la parole…
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Séquencer les cours
« Le niveau d’attention d’un étudiant est plus faible en ligne qu’en présentiel », rappelle Sébastien Lebbe, CEO de Wooclap. De facto, un cours en visioconférence ne peut pas être la transposition d’un cours traditionnel. Il est par exemple possible de découper une session d’1h en trois activités : une première dédiée à la théorie qui s’apparente aux sessions de cours magistral, une seconde dédiée au travail en sous-groupe (grâce aux fonctionnalités proposées par Zoom, Teams…) et une troisième dédiée à la restitution de ce travail collectif, en s’appuyant sur des plateformes comme Moodle. Cette stratégie, Neoma Business School l’a adoptée. Depuis le début de la crise, l’école découpe ses cours en mini-séquences de 10-15 minutes et réussit à garder l’attention de ses élèves jusqu’à la fin. De la même manière qu’il faut alterner les rythmes d’apprentissage, il est intéressant de diversifier les supports si vous partagez votre écran (chiffres clés, photos, graphiques…) afin d’encourager les élèves à rester actifs durant toute la session.
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Multiplier les interactions
Quelle que soit la manière dont vous avez séquencé votre cours, il est primordial d’insuffler des moments d’interactivité. Ces derniers peuvent prendre la forme de questions-réponses au travers des outils de tchat, de sondages afin d’évaluer instantanément la bonne compréhension des élèves, de tours de table si le nombre d’étudiants est restreint, de votes en ligne si votre établissement est équipé d’outils comme Socrative ou Wooclap… « Attention, toutefois, à ne pas trop solliciter les étudiants. Leur poser 60 questions en 1h risque de générer une forme de saturation chez eux, qui aboutira forcément sur une baisse d’attention », explique Sébastien Lebbe. Si le contexte le permet, l’enseignant peut également ouvrir les micros des étudiants pour leur permettre d’interagir oralement. Lorsque le cours doit durer plus d’1h, il est enfin possible de réaliser une pause afin de permettre aux élèves de relâcher leur attention pour ensuite mieux se re-concentrer.
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Privilégier la pédagogie inversée
C’est l’une des préconisations phares de Wooclap. Pour garder les étudiants éveillés, « mieux vaut réserver les visioconférences pour les enseignements pratiques et non théoriques », assure Sébastien Lebbe. Pour approfondir les éléments théoriques, d’autres options existent, notamment celle d’envoyer, aux étudiants, des liens vers des ressources complémentaires (articles, vidéos…) qui leur permettront, après le cours, de manière asynchrone, de creuser les concepts qu’ils auront expérimentés en classe, en visioconférence. C’est la logique de la pédagogie inversée. En ce sens, le synchrone et l’asynchrone se combinent habilement. « Il n’est pas rare que nos clients envoient des questionnaires à leurs étudiants en amont de leurs cours en visioconférence pour s’assurer qu’ils ont les pré-requis nécessaires pour comprendre la matière qui sera ensuite abordée en cours », illustre-t-il. Cette approche basée sur l’adaptive learning offrent également de bons résultats.
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Pas de question sans réponse !
Une fois le cours terminé, beaucoup d’enseignants s’aperçoivent qu’ils n’ont pas répondu à toutes les questions postées sur le tchat par leurs étudiants. L’Association des universités pour l’enseignement numérique en économie et gestion (Auneige) recommande de les traiter après le cours. Et surtout « de publier les questions comme les réponses en ligne », sur un espace de travail dédié, afin que les questions posées servent à tous les étudiants de la classe. Pour répondre aux questions de leurs étudiants, les écoles de Sommet Éducation ont opté pour une autre stratégie : compléter ses cours en ligne par des sessions de questions-réponses en petits groupes plusieurs fois par jour. À noter qu’il ne faut pas se formaliser si les étudiants interviennent peu pendant les cours synchrones. Certains préfèrent réserver leurs questions pour plus tard voire les envoyer par mail ou via des messageries instantanées. C’est aux enseignants de s’adapter !