Faire de l’écoute de la musique une arme éducative et un outil d’inclusion, c’est la promesse d’OVAOM, dont la fondatrice, Muriel Colagrande, a été lauréate du « Prix de l’Entrepreneur EdTech » organisé par EdTech Hauts-de-France et la fondation Denise & Norbert Ségard.
Comment avez-vous créé OVAOM ?
Lorsque je travaillais au sein d’une entreprise spécialisée dans le développement de l’écoute musicale, j’essayais en parallèle d’améliorer ma compréhension de la langue anglaise. Je me suis rendu compte que la compréhension de notions de solfège et l’écoute de la musique instrumentale m’avaient permis d’améliorer ma compréhension de l’accent américain grâce à la discrimination auditive. Cette expérience a été tellement étonnante que j’ai cherché des études scientifiques pouvant éclairer le lien entre la musique et le langage. Effectivement, elles révèlent que travailler la concentration sur la musique, les nuances et les subtilités des notes permet de développer des connexions cérébrales utiles à l’acquisition du langage. J’ai donc imaginé un outil qui permettrait aux enfants de s’entraîner en musique pour développer leurs compétences fondamentales. Avec des capteurs électroniques, j’ai réalisé des prototypes de programmation sonore. J’ai ensuite candidaté à la bourse Édu’Up du ministère de l’Éducation nationale. Cette bourse, que j’ai obtenue en 2018, m’a permis de mettre en place une équipe pour développer le projet.
Que propose votre solution ?
Grâce à son « sound explorer », OVAOM permet de travailler l’attention, la mémoire, la concentration ou encore la motricité des enfants. Le dispositif doit être mis en œuvre par le professionnel de santé ou le professeur pour accompagner l’enfant. Grâce à la musique qu’il propose d’explorer, il facilite en particulier la création de liens avec les « enfants non verbaux » puisqu’il propose des jeux libres permettant de stimuler la créativité, d’échanger par le biais de la musique. Nous mettons également à disposition des jeux guidés conçus avec des professionnels sur la base d’objectifs pédagogiques précis comme le travail de la mémoire, la discrimination sonore, qui est un pré-requis au langage oral et écrit, le travail sur des aspects rythmiques… Par exemple, l’un des jeux consiste, pour l’enfant, à appuyer sur un bouton pour écouter un modèle musical ou sonore. Il doit ensuite le reproduire avec une manette. L’application lui délivre ensuite des feedbacks.
Quels sont vos projets ?
La solution est encore en phase de pré-lancement. Nous travaillons avec des IME (instituts médico-éducatifs), des orthophonistes et des psychomotriciens. Elle est toutefois déjà déployée au sein de classes de maternelle, de primaire et de collège grâce à un partenariat que nous avons mis en place avec le ministère. Nous souhaitons maintenant développer des partenariats industriels pour faire baisser les coûts de conception et ainsi pouvoir vendre la solution à plus grande échelle. Enfin, nous participons à des études scientifiques, dont une qui est menée à l’Université de Lorraine, pour mesurer l’impact de la musique sur l’acquisition des fondamentaux de la lecture et de l’écriture.
