Educ@tech : « Les enseignants n’ont plus peur d’innover », Ghislaine de Chambine

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Organisé du 29 novembre au 2 décembre à Paris, le salon Educ@tech Expo a attiré 12 800 visiteurs et 280 exposants venus mettre en avant leurs solutions éducatives. Lieu de plusieurs échanges sur la gouvernance du numérique éducatif, le salon a également été l’occasion de signature de partenariats stratégiques. Le bilan de Ghislaine de Chambine, directrice du salon.

Quels ont été les temps forts du salon ?

Avec plus de 12 800 visiteurs uniques, Educ@tech Expo confirme son positionnement de premier salon du numérique éducatif en France. Ces chiffres sont minorés : la grève des transports a eu un impact important sur la fréquentation du troisième jour. Pour les temps forts, il est difficile de choisir entre 60 conférences, 280 stands d’exposants et plus de 100 animations, mais plusieurs points sont à retenir : la venue du ministre de l’Éducation nationale, qui a pu, pour la première fois, découvrir le secteur dynamique des EdTech. Le ministre y a souligné l’importance du renforcement de l’enseignement du numérique au lycée et des objectifs ont été annoncés pour 2027 : au moins 75 % des lycées généraux et technologiques publics devront proposer la spécialité NSI (numérique et sciences informatiques). Ensuite, la signature de plusieurs partenariats pour le développement du numérique éducatif.

Quels partenariats ont été signés ?

D’abord, la convention de partenariat du programme Passerelles a été signée entre la Banque des territoires, Réseau Canopé et le rectorat de Poitiers. Ce programme vise à faire passer à l’échelle 10 EdTech à impact qui permettront de favoriser l’accès à l’éducation de toutes et tous et accompagner les transitions sociale, numérique et écologique. Par ailleurs, la CNIL et Pix ont signé une convention de partenariat afin de développer les compétences des citoyens dans la protection de leurs données personnelles. Enfin, plus de 500 personnes ont assisté au lancement officiel du projet « Bien à l’école », lauréat de l’appel à manifestation d’intérêts « Innovation dans la forme scolaire » (France 2030) et réunissant 6 académies, 10 entreprises EdTech, deux associations et deux laboratoires de recherche pour renforcer la prévention du décrochage scolaire en cycle 3 et 4.

Le débat « Métavers ou « low tech » : que disent nos imaginaires numériques de la place de l’École dans la société ? » semble avoir passionné les visiteurs. Pourquoi ce débat a-t-il été important ?

La voie de la sobriété et celle de l’ultra-technologisation de la société semblent nous mener dans des directions différentes. Dans les deux cas, il faut recourir à nos imaginaires pour nous représenter ce qu’elles pourraient apporter, ou pas, à notre société et à notre école. À travers ce débat, ce sont donc plusieurs chemins pour l’école et la place du numérique et des technologies dans l’enseignement qui ont été portés. De Philippe Bihouix à Louis Dupain en passant par Michel Laurissergues, tous les intervenants convergeaient pour dire que le numérique à l’école n’est pas une fin en soi : l’importance de son utilisation se mesure à la réalité de son impact. C’est précisément le rôle démonstratif d’un évènement comme Educ@tech Expo.

Quels enseignements peut-on tirer de cette nouvelle édition ?

Elle confirme notre sentiment initial : le numérique éducatif est arrivé à un âge de maturité. Il n’existe plus aujourd’hui de projet de déploiement qui ne s’inscrive pas dans une réflexion sur les enjeux éthiques en matière de souveraineté, de sobriété numérique ou encore de gestion des données. Cette réalité est structurante pour une politique publique du numérique éducatif responsable, et cela est vrai aussi bien pour les projets déjà structurés, comme les ENT, que pour les enjeux d’avenir, comme l’IA. Je note également la présence toujours plus forte d’enseignants qui savent documenter et partager leurs pratiques et qui n’ont pas peur d’innover en lien avec leurs académies, à rebours de l’image d’Épinal d’une école dépassée par les évolutions technologiques – même si un important effort de formation et de massification des pratiques reste à fournir.

Quelles perspectives pour la prochaine édition ?

L’édition 2022 a été le lieu de plusieurs échanges sur la gouvernance du numérique éducatif : des liens entre l’État et collectivités ou du rôle structurant des partenariats EdTech / pouvoirs publics, dont les modèles sont encore à consolider. Pour l’édition 2023, qui aura lieu du 15 au 17 novembre, nous souhaitons nous aussi renforcer nos partenariats avec les collectivités territoriales et nous appuyer sur le succès de notre carrefour de l’innovation pédagogique pour proposer des espaces de travail et de formation accessibles aux EdTech et aux enseignants. Avec nos partenaires et notre comité éditorial, nous aurons également à cœur d’inscrire notre programmation au centre des défis de notre école et des préoccupations de ses acteurs.

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