« SOS Dépannage Profs » : une plateforme d’entraide pour les enseignants

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Experte en pédagogies actives, Marie Soulié, professeure de français en collège et ingénieure pédagogique, a lancé, en juin, la plateforme « SOS Dépannage Profs » pour sensibiliser ses pairs sur les enjeux de l’éducation. À terme, son objectif est de faire contribuer différents acteurs en vue de créer une communauté d’entraide. Explications.

À quels besoins souhaitiez-vous répondre en lançant SOS Dépannage Profs ?

Depuis des années, je suis active sur les réseaux sociaux et j’ai souhaité offrir quelque chose de nouveau à mes followers, en m’inscrivant dans une optique de formation entre pairs. En effet, quand un professeur se trouve face à un problème, il lui faut beaucoup de temps pour le résoudre. La plateforme que j’ai lancée leur permet justement, à tout moment et sans devoir s’inscrire, de me poser des questions (en lien avec différents sujets comme le numérique, la gestion de classe, la résolution de conflits), auxquelles je réponds rapidement par mail. La plateforme ne s’adresse toutefois pas qu’aux enseignants mais à toutes les personnes qui sont en lien avec des enfants ou des adolescents comme les assistants, les éducateurs, les acteurs du périscolaire….

Quels autres services proposez-vous ?

La plateforme, qui a jusqu’ici attiré 4500 visiteurs, met également à disposition des pastilles sonores sur une liste de thématiques comme la préparation des cours, la gestion de classe ou la classe inversée. Les visiteurs du site peuvent les écouter sur différentes plateformes comme Spotify, YouTube, Apple Podcast… J’assure également des live streaming sur ma chaîne YouTube pour compiler les réponses aux questions qui m’ont été posées et en faire profiter l’ensemble de la communauté. Un mur des ressources classées par thème est également disponible. Il regroupe des productions personnelles comme les conférences que j’ai animées. À terme, l’objectif est que les personnes qui ont des choses intéressantes à partager dans le domaine de l’éducation puissent le faire sur la plateforme, dont je souhaite faire une communauté d’entraide et de solidarité.

Quelle est votre vision des outils numériques en classe ?

Le numérique est un outil facilitateur sans être une fin en soi. Il doit être déployé au service de l’expertise pédagogique. Pour les élèves, je préconise un usage qui permette des activités d’investigation, le développement de la créativité et de la collaboration. Parmi les outils que je recommande à mes collègues figure le site ladigitale.dev, qui est une trousse numérique pour les enseignants et les élèves. Il contient une quinzaine d’applications gratuites qui permettent de créer des cartes mentales, des QCM… ChatGPT, quant à lui, ne doit pas être mis de côté : il permet d’aiguiser le regard critique des élèves. L’une des façons d’assurer une initiation en classe est de partir d’un sondage sur les spécialités que maîtrisent les élèves. À eux, ensuite, d’imaginer des questions à poser à ChatGPT et d’analyser la production proposée par l’outil puisqu’ils sont spécialistes du thème choisi. Dans ces conditions, ils pourront améliorer les contenus générés, apporter des informations complémentaires… Le fait de partir d’un sujet connu par l’élève aiguise son esprit critique et l’amène à prendre des gants avec l’outil sans que le professeur n’ait à le dire.

Selon vous, quels sont les thèmes phares sur lesquels les enseignants doivent être formés ?

Il est important de former les enseignants aux pédagogies actives afin que le temps de la classe soit un moment dynamique pour les élèves, qui ne doivent plus rester passifs. Les pédagogies actives leur permettent d’être acteurs et constructeurs de leur propre savoir. Concrètement, cela demande de la part de l’enseignant de repenser sa posture et sa manière de planifier son cours. Ce dernier ne doit pas être pensé sur un mode descendant mais comme le moment d’une investigation que doit réaliser l’élève à partir de ressources lui permettant d’aller d’un point A vers un point B.  Il s’agit de partir d’une phase d’observation (en français, cela peut se faire à partir d’un fait grammatical par exemple) et d’amener l’élève à en déduire quelque chose. Cette déduction, qui peut ensuite être mutualisée avec toute la classe, sera de l’ordre d’une règle. Le cours n’est donc pas bâti par le professeur, mais imaginé de telle sorte que les élèves puissent le construire.

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