La 18e édition de l’Université d’été Ludovia, qui s’est déroulée du 23 au 26 août à Ax-les-Thermes, a réuni 800 participants. Parmi eux : des enseignants du premier et du second degré cherchant à se projeter dans l’avenir pour faire évoluer leurs pratiques digitales, malgré l’incertitude du contexte. Rencontre avec Éric Fourcaud, fondateur de Ludovia.
Comment s’est déroulée l’édition 2021 de Ludovia ?
Mieux que l’édition 2020, qui s’était déroulée dans des conditions vraiment complexes, du fait des mesures strictes imposées par la crise sanitaire. Cette année, pour cette 18e édition, nous avons réuni 800 participants. C’est 200 de plus qu’en 2020, mais moins que les années d’avant-crise, où nous rassemblions environ 1000 professionnels. La fatigue des enseignants est toujours là. Depuis un an et demi, ils organisent la continuité pédagogique pour leurs élèves et subissent les injonctions ministérielles sur le protocole sanitaire, qui évolue tout le temps. Même si, cette année ils sont moins obnubilés par la survie de leur établissement, ils peinent encore à penser à l’avenir de leur propre pédagogie. L’épée de Damoclès est encore là. La crise sanitaire n’est pas encore derrière nous.
Avez-vous hybridé l’événement au vu du contexte sanitaire ?
Nous n’avons pas attendu la crise pour hybrider notre événement. Cela fait déjà cinq ans que nous retransmettons certaines conférences et tables rondes en direct, cette année sur YouTube. C’est d’autant plus important que Ludovia s’adresse aussi à des acteurs étrangers. En moyenne, entre 70 et 75 personnes font le déplacement depuis la Belgique, le Canada… Puisque cette année, Ludovia a été un événement plutôt national, la retransmission des temps forts était également attendue des directeurs, formateurs, enseignants et experts numériques qui ne pouvaient pas se déplacer. Qu’il soit physique ou digital, l’objectif de Ludovia est le même : permettre aux acteurs d’échanger avec leurs pairs et de confronter leurs points de vue. Notre mission n’est pas de faire de l’évangélisation.
Comment avez-vous choisi le thème de cette 18e édition ?
Chaque année, un collectif scientifique détermine le thème de notre université d’été. Cette année, le thème était : « Le numérique éducatif est-il social ? » C’était un sujet d’actualité car la crise a eu des répercussions sociales importantes dans l’éducation. Les familles habitant dans des territoires reculés, non connectées au haut débit ainsi que les publics en difficulté ont été les plus touchés par la fermeture des écoles et la poursuite des enseignements à distance. Si la réponse à cette question est plutôt « oui », Dominique Wolton, chercheur au CNRS, nous a rappelé au cours d’une conférence que le numérique n’était qu’un vecteur de communication, qu’il ne devait pas être mis au centre du village et que le social reposait surtout sur le sens qu’on donnait aux apprentissages.
Comment a-t-il été reçu par les participants ?
La crise sanitaire a fait émerger un sujet sous-jacent : la crise climatique. Les questions soulevées par les participants au cours des conférences et ateliers nous ont montré que cette thématique était une préoccupation de plus en plus prégnante chez eux. Ces 15 dernières années, ils ne se posaient pas la question de l’impact écologique de l’achat d’ordinateurs dernier cri pour leur établissement ou de l’empreinte carbone lors de l’utilisation de vidéos. Maintenant, ils cherchent des solutions alternatives, plus respectueuses de l’environnement. Les sujets de sobriété numérique et d’éthique émergent. C’est un phénomène de fond et c’est la raison pour laquelle notre collectif scientifique, qui travaille déjà sur la thématique de notre prochaine université d’été, s’intéressent de près à ces sujets.