ChatGPT : le futur rival des formateurs ?

Pinterest LinkedIn Tumblr +

L’apparition de ChatGPT, l’intelligence artificielle capable de créer des contenus de qualité, pose des enjeux forts en matière d’évolution des compétences humaines. Cet outil va-t-il, par exemple, supprimer le poste de formateur ? La réponse est non, selon Stéphane Diebold, président de l’AFFEN, qui alerte même sur le danger de ne pas l’intégrer dans leurs pratiques pédagogiques.

En quoi ChatGPT bouleverse-t-il le monde de la formation ?

Les IA représentent de formidables opportunités pour le monde de la formation. Mais ce n’est pas tant ChatGPT qui est intéressant : cet outil sera certainement remplacé par d’autres, plus performants, comme par exemple LLaMA, un modèle de langage développé par Meta. En revanche, son apparition, dont l’acceptabilité a été forte – les étudiants ont été nombreux à l’utiliser seulement quelques mois après son lancement – est le symbole d’une accélération. En effet, il s’agit d’une IA générative qui crée de bons contenus. Il est ainsi possible, facilement, d’en faire des usages professionnels, pédagogiques… Mais en matière de formation, il ne faut pas oublier que cet outil s’inscrit dans un écosystème plus global où d’autres programmes, comme Midjourney ou des outils de deepfake, permettent à n’importe qui de créer des contenus, des vidéos, des textes, des images, des podcasts, et de les diffuser à large échelle. C’est précisément la promesse de l’IA : s’il est encore assez compliqué de formuler des demandes affinées à ChatGPT, avec les bons « prompts » (NDLR : requêtes), d’autres outils pourront, demain, faire des individus des médiateurs mondiaux.

Que change-t-il d’ores-et-déjà pour les formateurs ?

Il est vrai que les collaborateurs apprennent de plus en plus à utiliser ChatGPT, à l’intégrer à leur environnement. Cela suppose un changement de posture chez les acteurs de la formation, qui doivent désormais intégrer cet outil dans leurs pratiques. Toutefois, l’obligation de changer de posture n’est pas nécessairement liée à ChatGPT. Ce qui doit surtout amener les formateurs à reconsidérer les enjeux de leur métier, c’est davantage la montée en puissance de la place de l’apprenant, qui est aujourd’hui acteur et auteur de son parcours. Il faut donc qu’ils s’inscrivent dans les nouvelles réalités d’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle les formateurs qui sont « sidérés » par ChatGPT ne sont pas dans une posture professionnelle. La réflexion sur le futur de la formation et des innovations technologiques (IA, big data…) doit être au cœur de leur mission. Ne pas interroger les usages de ces outils dans une perspective pédagogique serait une faute professionnelle, que l’on soit d’ailleurs pour ou contre leur adoption.

Quelles sont les grandes missions du formateur d’aujourd’hui ?

Il doit identifier les meilleurs contenus de formation et mettre la personnalisation au service des apprenants. Il doit également développer le désir d’apprendre chez les apprenants. Le responsable formation s’inscrit aussi dans la culture du lien social. Il reconstruit de la pédagogie avec les nouveaux outils de la « pairagogie » : l’apprentissage par les pairs. Concrètement, il redonne la main aux apprenants en matière de conception de contenus, dans le cadre du « learner generative content », tout en étant capable de les conduire vers un objectif pédagogique clairement identifié. Dans ce cadre, ChatGPT devient un outil que chaque apprenant peut utiliser pour produire du contenu. Le recours à ChatGPT permet notamment aux collaborateurs de revoir des points de difficulté, d’approfondir des concepts, de produire des contenus à présenter dans le cadre de discussions de groupe… Mais sans la présence du formateur, la production de contenus via ChatGPT peut conduire à l’infobésité. En amont, c’est donc lui qui définit des objectifs pédagogiques et anime les dynamiques de groupe.

Comment les formateurs peuvent-il se familiariser avec ChatGPT ?

Ils doivent d’abord le pratiquer, comprendre qu’il s’agit d’un agent conversationnel auquel il est possible de poser plusieurs questions affinées en réalisant de bons prompts. Ils doivent également réaliser un travail de veille vis-à-vis de ce type d’outils : ChatGPT n’est que le premier outil d’une longue liste de programmes à venir, capables de brasser un large éventail de connaissances. Enfin, que ce soit pour les usages ou la pratique de la veille, les formateurs doivent adhérer à des associations, créer des groupes de réflexion où chacun des membres proposerait des extensions et de nouvelles possibilités d’usage de ChatGPT en vue de faire émerger de nouvelles manières de se former.

Share.