Comment concevoir des formations immersives ?

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L’enseignement a connu des changements majeurs depuis la crise du Covid-19, qui a favorisé l’introduction des nouvelles technologiques dans les pratiques pédagogiques. Parmi elles, les expériences immersives, qui permettent de plonger les apprenants dans des situations d’apprentissage complexes. Nos conseils pour bien les mettre en œuvre.

Soigner l’ingénierie pédagogique

Afin de réaliser des modules d’apprentissage basés sur des expériences immersives, il est recommandé de mettre en pratique le modèle de référence ADDIE (analyse, design, développement, implémentation, évaluation), selon les auteurs de l’ouvrage « Concevoir et diffuser une expérience de formation immersive ». L’analyse suppose de prendre connaissance des spécificités du public ciblé, de définir leurs besoins d’apprentissage, donc l’utilité d’un module immersif, de déterminer les tâches et les compétences adressées ainsi que l’environnement de diffusion. Le design, dont le but est de maximiser l’engagement des apprenants, correspond à la définition des objectifs pédagogiques, la scénarisation et le storyboarding (détail des contenus et la structuration du module). Vient ensuite la phase de développement, qui consiste à produire le module et les médias qui le composent (caméras, micros…). L’étape de l’implémentation correspond, quant à elle, à la diffusion des contenus de formation sur les supports adéquats (LMS, plateformes spécifiques VR…). Enfin, l’évaluation cherche à savoir si le module a répondu aux objectifs pédagogiques, en examinant la réaction des apprenants, l’étendue des connaissances qu’ils ont acquises….

Miser sur la réalité virtuelle dans les disciplines scientifiques

Il est important de savoir dans quels cas la réalité virtuelle (VR) peut trouver sa place dans les pratiques d’enseignement. Les disciplines techniques ou scientifiques se prêtent particulièrement au déploiement de la VR car l’immersion permet de réaliser des expériences dans des environnements numériques réalistes. En effet, la VR « a connu ses premiers développements dans les domaines techniques comme les industries ou l’aéronautique », expliquent les auteurs Clément Cahagne (ingénieur pédagogique à l’IFP School) et Benjamin Fuzet (responsable de la conception immersive chez Speedernet). Selon eux, certains cas d’usage se révèlent particulièrement adéquats, comme la réalisation de gestes métier techniques difficiles à pratiquer autrement (démarrage ou arrêt d’unités industrielles, réalisation de procédures nécessitant des habilitations spécifiques…) ou la simulation de situations dangereuses (interventions chirurgicales, situations d’urgence en aéronautique…).

Capitaliser sur les interactions 3D 

Les solutions numériques permettant de réaliser des expériences immersives commencent à se généraliser et à gagner en facilité d’usage. Les scénarisations pédagogiques peuvent ainsi également miser sur les apports de technologies comme la réalité virtuelle. Pour des disciplines comme l’histoire ou l’archéologie, les interactions en environnement 3D et l’immersion dans des époques anciennes par la reconstitution d’environnements historiques peuvent enrichir les expériences d’apprentissage et mener à des trouvailles.  « Lors de l’opération du couvent des Jacobins à Rennes (fouille préventive de l’Inrap), des tablettes gravées du XVe siècle ont été découvertes. L’une d’entre elles, présentant une portée musicale, a retenu l’attention des archéologues. Nous avons numérisé cette tablette avec différentes techniques comme la photogrammétrie. Nous avons proposé une application interactive, sur une tablette numérique tactile, permettant de lire cette partition avec une version instrumentale. Ainsi, l’interaction 3D permet également de valoriser le contenu intangible d’un objet archéologique, dans cet exemple, de la musique », illustre Ronan Gaugne, directeur technique de la plateforme de réalité virtuelle Immersia de l’Irisa (Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires).

Développer les soft skills des apprenants

En proposant des scénarios pédagogiques faisant intervenir différents apprenants dans un environnement dynamique d’échanges, les expériences immersives peuvent permettre de développer des soft skills (empathie, esprit collaboratif…). En effet, la réalité virtuelle offre la possibilité de vivre « l’expérience de l’altérité, d’être virtuellement d’un autre genre, d’une autre couleur de peau, ou d’une condition sociale différente », ce qui peut avoir une « influence durable, une fois de retour dans la vie réelle, sur l’attitude inconsciente à l’égard de ces groupes », explique, dans MagRH, Christophe Mallet, CEO de Bodyswaps, plateforme de training immersif. Enfin, les technologies immersives améliorent les taux de rétention de l’information en raison de leur réalisme. « C’est l’outil parfait pour former les professionnels de demain. Les simulations virtuelles permettent de les plonger dans leur futur environnement de travail », lit-on sur le blog de Laval Virtual.

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