La 25e édition du salon dédié à l’innovation numérique se termine ce vendredi soir, à Paris. Sa thématique – « Quel numérique éducatif pour le monde d’après ? » – a inspiré un bon nombre de visiteurs, d’entrepreneurs de l’EdTech et de conférenciers. Tour d’horizon des idées clés qui ont été échangées au cours de cette édition, qui a (enfin) renoué avec le présentiel.
L’engouement des start-up pour l’EdTech
Pas moins de quatre villages start-up auront été nécessaires cette année pour accueillir, au sein d’Educatec, toutes les jeunes pousses évoluant dans l’écosystème EdTech. Un record depuis le lancement du salon. Mais qui illustre parfaitement l’effervescence du secteur. D’après un rapport de la société de gestion d’actifs CPR AM, près de 50 milliards de dollars ont ainsi été levés depuis 2011 pour transformer les manières d’enseigner et d’apprendre. Au vu du nombre de start-up présente au salon, la technologie a été la grande gagnante du Covid-19. La pandémie a été un « crashtest » pour ces start-up, dont beaucoup sont nées pendant les confinements. « Éprouvante à bien des égards, elle a aussi été l’occasion d’un foisonnement de questionnements, d’initiatives solidaires et d’innovations », a expliqué Ghislaine de Chambine, directrice du salon. Orientation scolaire, apprentissage de l’écriture, enseignement des langues, gestion administrative, animation de cours à distance, solutions collaboratives, révision des leçons… Aucun segment n’est désormais épargné par la technologie.
Développer une « culture numérique »
Plus qu’un outil, le numérique est une culture qui introduit de nouvelles pratiques. C’est l’idée défendue par Jean-Michel Le Baut, professeur de lettres et membre du bureau de l’AFEF, au cours d’une conférence menée dans le cadre du salon. « Au même titre que le livre à son époque, le numérique transforme le monde, notre façon de lire, d’écrire, d’apprendre, de partager du savoir… C’est donc toute notre culture qui se trouve impactée. Or, aujourd’hui, l’école prône une culture de l’information pyramidale, descendante, qui est aux antipodes de la culture numérique. L’enjeu, pour les prochaines années, sera de développer un esprit de partage de pratiques. Cela supposera que l’institution lâche prise, qu’elle crée des espaces de temps aux enseignants afin qu’ils puissent échanger entre pairs, expérimenter, dans une logique de Fablab », a-t-il expliqué. Plusieurs initiatives dans ce sens se développent, par exemple en Normandie, où plusieurs professeurs ont récemment organisé un hackathon pour « apprendre autrement ».
Former les enseignants : une nécessité
Démunis pendant la crise du Covid-19, lors du basculement des enseignements à distance, les enseignants cherchent leur place face à la déferlante d’outils. C’est dans cette optique que Marie-Caroline Missir, directrice générale de Canopée, a d’ailleurs créé CanoTech, « un accompagnement pédagogique complet dédié aux enseignants du premier et du second degré, qui a pour vocation de les former, notamment au numérique », a-t-elle rappelé. Si, à l’avenir, l’hybridation s’impose comme une nouvelle norme, « les enseignants devront apprendre à s’adresser à la fois à des étudiants qui seront présents et ceux qui seront à distance », a insisté Jean-Pierre Berthet, directeur délégué au numérique à Sciences Po. Pour que les e-apprentissages restent de bonne qualité, ils devront apprendre à donner plus de rythme à leurs cours. « À l’EM Normandie, nous encourageons nos professeurs à varier leurs modalités pédagogiques, mais aussi à changer d’activités toutes les 15 min pour que leurs élèves restent engagés », a illustré Olivier Lamirault, directeur innovation & technologies éducatives.
Un peu de prospective !
Bienvenue en 2022, à « Hybridland », un monde où les relations sont phygitales et où les étudiants sont eux aussi des producteurs de savoirs ! Dans ce monde d’après, on « transforme l’appétence des élèves pour l’écriture en compétence », on leur enseigne « une grammaire du numérique », « on transforme la classe en fablab » et on créé « un wiki de la culture scolaire », selon Jean-Michel Le Baut. Pour dynamiser les apprentissages, on « s’appuie sur la réalité augmentée et la réalité virtuelle », d’après Etienne Aubourg, CIO Advisor de Zoom. Et on laisse l’intelligence artificielle « suggérer aux étudiants des modules pédagogiques en fonction de leur profil », selon Olivier Lamirault. Pour autant, il n’est pas question « de substituer le numérique aux enseignants, mais plutôt de le considérer comme un outil au service de l’amélioration de la qualité de l’enseignement », a rappelé Françoise Le Lièvre, CPC de l’Académie de Paris et membre de l’ANCP. Nul doute qu’en 2022, face à ces injonctions parfois paradoxales, les enseignants technophiles comme technophobes n’ont pas fini de chercher leur place.
Le bilan d’Educatec-Educatice de Ghislaine de Chambine, directrice du salon : https://www.linkedin.com/company/edtechactu/videos/