Former ses élèves et enseignants à l’IA : le pari d’IGENSIA Éducation

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Pour préparer ses 15 000 apprenants à la révolution de l’intelligence artificielle, IGENSIA Éducation entreprend de nouvelles actions de formation dans ses 12 établissements. Dès la rentrée 2025, il déploiera un socle commun en IA dans toutes ses formations. Les explications de Loren Resal, directrice du développement digital et pédagogique.

Comment le groupe IGENSIA a-t-il accueilli l’arrivée de ChatGPT dans les pratiques étudiantes ?

Comme dans tous les établissements, l’IA générative est arrivée à grande vitesse au sein du groupe IGENSIA. Les usages se sont introduits dans les pratiques sans que nous puissions les contrôler. Pour nous, le sujet n’est toutefois pas de savoir s’il faut autoriser ou non l’IA puisqu’elle est déjà fortement ancrée dans les pratiques des étudiants. L’enjeu est plutôt de faire en sorte qu’ils soient orientés vers les meilleurs usages possibles. En plus des apprenants, qui s’en saisissent à la fois pour un usage étudiant et professionnel s’ils sont en alternance, nous comptons deux autres typologies d’utilisateurs au sein du groupe : les formateurs et les collaborateurs du groupe. C’est la raison pour laquelle nous mettons en place, depuis deux ans, une démarche progressive d’intégration de l’IA, impliquant l’ensemble des acteurs. Plus de 240 personnes ont déjà été formées, soit environ 70 collaborateurs et 170 enseignants. En complément, le groupe a mis en place des chartes et directives pour encadrer l’usage éthique et responsable de l’IA, aussi bien pour les apprenants que les équipes pédagogiques.

IGENSIA intégrera dès la rentrée 2025 un socle commun d’apprentissage dans tous ses parcours de formation. En quoi consiste-t-il ?

Le groupe compte plusieurs établissements : une école d’informatique, des écoles de commerce et de gestion et management, des écoles en RH… Chaque école, selon son secteur d’activité, déclinera sa propre stratégie en fonction de la façon dont les métiers enseignés sont impactés par l’IA. Nous avons toutefois travaillé à la conception d’un socle commun d’apprentissage pour l’ensemble de nos apprenants. Il s’agit d’un programme transverse qui comprend cinq modules représentant 15 heures de formation. Les étudiants vont « apprendre à apprendre à l’heure de l’IA » et comprendre comment leur futur métier et secteur seront impactés par cette révolution technologique. Par exemple, au sein de l’école d’immobilier du groupe, l’IMSI, il s’agira de les initier à la recherche intelligente de biens immobiliers, à l’analyse prédictive du marché afin d’anticiper les fluctuations de prix… Par ailleurs, les étudiants devront faire preuve de transparence dans les usages de l’IA : lorsque ces derniers sont autorisés dans le cadre d’une évaluation (exercice, mise en pratique, étude de cas, etc.), ils doivent rendre compte des prompts qu’ils ont utilisés auprès des formateurs.

Concrètement, comment les étudiants peuvent-ils se saisir de l’IA pour progresser dans leur parcours ?

Ils apprendront à réaliser des travaux personnels d’auto-évaluation en demandant à des agents IA de leur créer des quiz ou des questionnaires pour mesurer leurs acquis. Dans ce cadre, l’IA donne du feedback et aide l’apprenant à réviser ses modules de cours pour être bien préparé à ses évaluations. Dans les cas où les formateurs décident que le recours à l’IA dans le cadre d’une évaluation est possible, c’est l’apport personnel de l’élève à la qualité du travail rendu qui sera évalué. D’autre part, sur notre LMS, nous avons intégré les outils de Stellia, une EdTech spécialisée dans l’IA générative. Nous l’avons alimentée avec un corpus de contenus propriétaires afin que les apprenants puissent récolter des réponses de qualité en révisant.

Sur quelles thématiques les formateurs sont-ils accompagnés ?

Pour nos formateurs, nous avons établi un plan de formation intégrant trois parcours, selon leur niveau d’expertise de départ : les principes fondamentaux de l’IA, l’intégration et la conception de ressources pédagogiques grâce à l’IA et, enfin, l’animation et l’évaluation grâce à l’IA. L’objectif est qu’ils prennent la mesure des enjeux éthiques en lien avec le RGPD et qu’ils se familiarisent avec les applications concrètes de l’IA dans les contextes d’enseignement. Nous tenons aussi à ce qu’ils développent une créativité d’usage pour concevoir des scénarios pédagogiques complexes et individualiser les apprentissages. Par ailleurs, si nous n’interdisons aucun outil, nous recommandons l’usage de solutions souveraines comme Mistral et nous appelons à la vigilance au sujet de la protection des données privées. Enfin, nous souhaitons créer des communautés de pratiques afin que les équipes formées puissent éveiller l’intérêt pour l’IA auprès des pairs.

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