Seuls 24 % des Français déclarent faire confiance aux médias. Conjugué à l’explosion des fake news et à la surabondance informationnelle sur les réseaux sociaux, cet enjeu démocratique a été pris à bras le corps par la société coopérative à mission « be. my media ». Celle-ci propose à différentes structures d’enseignement des scénarios pédagogiques visant à doter les jeunes d’outils pour une meilleure lecture de l’information. Les explications de Bertrand Giffon, co-fondateur.
Quelle est la genèse de votre projet ?
Mon parcours est atypique : j’ai arrêté l’école à 15 ans puis j’ai été charpentier avant de m’orienter vers l’économie de la construction et la maîtrise d’œuvre à l’international. J’ai toujours été un autodidacte qui s’informe de manière indépendante, ce qui m’a permis de développer des compétences. Mon associé, Valérian Pêpe, était pour sa part responsable innovation au Conservatoire national des arts et métiers à Lyon. Nous partagions un constat commun à propos de l’éducation aux médias et à l’information : à l’ère du tout-digital, elle est lacunaire, voire problématique dans notre pays. La confusion entre les différents producteurs de contenus, les filtres technologiques (qui recommandent du contenu en fonction des préférences des utilisateurs) et le fait que nombre d’enseignants ne soient pas à l’aise avec ces problématiques nous ont amenés à construire un projet pédagogique. Il vise à faire pratiquer l’information à travers une méthode d’apprentissage construite sur des bases scientifiques.
Que propose votre solution ?
Créée en 2018 et lancée officiellement en 2020, notre plateforme agrège des sources de contenus et permet aux jeunes de lire, de comparer et de partager l’information tout au long de leur parcours scolaire. Nous proposons un scénario pédagogique co-conçu avec des responsables pédagogiques et des neuroscientifiques. Il va de la prise de conscience du sujet par les étudiants à la mise en pratique de l’information via un programme de mobile learning en passant par des quizz et d’autres moyens d’évaluation. Commercialisé aux établissements d’enseignement (structures de l’éducation populaire, associations qui accueillent des décrocheurs, MJC, établissements d’enseignement supérieur comme l’Université de Montpellier, organismes de formation professionnelle…), le programme contient cinq blocs de compétences : connaître la chaîne de production et de diffusion de l’information ; savoir lire l’information dans sa pluralité ; savoir comparer les points de vue afin de développer un esprit critique ; savoir partager de manière responsable l’information dans un contexte où nous sommes tous devenus médiateurs ; enfin, comprendre les biais qui affectent notre pratique de l’information.
Quels sont vos axes de développement ?
Nous travaillons actuellement à la mise en place d’un conseil scientifique composé d’une quinzaine de personnalités parmi lesquels des directeurs d’établissements et des chercheurs. En 2022, nous souhaitons accélérer notre développement au sein des lycées ainsi que dans l’enseignement supérieur et la formation professionnelle. Nous voudrions faire de notre projet sociétal une grande cause de l’éducation en France. Au total, ce sont aujourd’hui 14 000 étudiants qui bénéficient de nos solutions. Nous aimerions, d’ici à la fin 2022, pouvoir en accompagner 60 000.