Ludovia – Quotidienneté numérique : quels enjeux ?

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Parce que son usage est quotidien chez les jeunes, le numérique doit faire l’objet de réflexions partagées. Comment les acteurs éducatifs peuvent-ils accompagner les usages ? Réponses d’experts à l’occasion d’une conférence organisée dans le cadre de la 21e édition de Ludovia, qui se déroule du 26 au 28 août à Ax-Les-Thermes autour du thème de la « quotidienneté du numérique en classe et dans les établissements ».

Les collectivités sont confrontées à un enjeu majeur : mettre le numérique au service de la jeunesse en tenant compte de l’impératif de sobriété, d’éthique et de maîtrise des usages. « Il nous faut être au rendez vous de l’évolution technologique tout en essayant de maîtriser les dangers qui y sont associés, comme les cyber-attaques. Dans une région qui compte 13 départements et 240 000 lycéens, nous devons encore réfléchir aux meilleures manières d’accompagner la jeunesse dans son émancipation, en particulier celle qui est touchée par la fracture numérique », a expliqué Kamel Chibli, vice-président Éducation, Jeunesse et Sport de la région Occitanie. Selon lui, l’autre enjeu majeur qui se pose en matière d’accompagnement des usages des jeunes est la liberté pédagogique des enseignants, qui doivent eux-mêmes être correctement formés.

Former au numérique autour de projets à impact

C’est justement cette question qui est au cœur de la réflexion et de la mission de Réseau Canopé. « Il existe toujours des enseignants qui ne voient pas l’utilité d’être formés. Notre rôle est donc d’essayer de proposer le panel de formations le plus complet possible pour répondre à des problématiques actuelles comme le cyber-harcèlement. Notre ambition est que les enseignants s’approprient ces formations hybrides pour construire leurs cours », souligne Anne Philipson, directrice territoriale Réseau Canopé Occitanie. Toutefois, pour Sabrina Caliaros, directrice de région académique du numérique pour l’éducation (DRANE) Occitanie, former au numérique n’a pas de sens s’il n’existe pas de projets pédagogiques intéressants auxquels le numérique peut apporter sa plus-value. « Si on part de projets concrets, tels que l’inclusion des élèves à besoins particuliers à travers le déploiement d’outils dédiés, les enseignants s’intéressent plus naturellement à la question de la formation aux usages », souligne-t-elle.

Créer des passerelles entre les acteurs du numérique

Les TNE, qui mettent en œuvre des projets bien délimités et formulent des propositions concrètes aux établissements scolaires en collaboration avec des acteurs comme Réseau Canopé ou la Trousse à Projets, sont un exemple de déploiement du numérique au service de projets pédagogiques concrets. Un travail d’équipe qu’il faut toutefois parvenir à orchestrer. « Il faut que nous soyons capables de travailler ensemble en s’écoutant. Pour cela, nous avons besoin de structures de communication pour progresser, ce qui n’a pas toujours été le cas », estime Sabrina Caliaros. La loi Peillon a en tout cas fait en sorte que les directions académiques numériques existent et soient le relai des collectivités, attachées à ce que les investissements profitent aux enseignants et aux élèves. « La région Occitanie compte 4600 écoles, 580 collèges et 880 lycées. Sans régulation, il nous est impossible de travailler. Il faut qu’il y ait aussi des comités stratégiques de pilotage et c’est ce que nous arrivons à nouer au niveau de nos 13 départements. C’est d’autant plus important que le numérique, bien qu’il ne soit pas la panacée, est un outil profondément utile pour les enseignants et les élèves », ajoute-t-elle.

Parer le danger du numérique

L’autre enjeu en lien avec la quotidienneté numérique est l’accompagnement des jeunes face à la propagation des fake news et du harcèlement en ligne, qui appelle à assurer la sécurité des usages. Selon Christine Téqui, présidente du Conseil départemental de l’Ariège, la prise de conscience de ces enjeux ne relève pas que des prérogatives de l’école, elle doit concerner la société au sens large : parents, enseignants, collectivités… « Le sujet de la sécurisation me semble double : il touche à la fois les données et les personnes. Nous devons ainsi travailler ensemble à la maîtrise des débordements des réseaux sociaux, des chatbots… » Dès lors, la question de l’éducation aux médias et de la parentalité numérique devient centrale. Et les opérateurs publics s’en sont saisis : « Chez Réseau Canopé, nous travaillons sur la question de la coéducation. Notre rôle est d’expliquer qu’il faut croiser les informations avec d’autres canaux afin de déconstruire les fake news mais aussi les stéréotypes et les clichés », assure ainsi Anne Philipson.

 

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