La mutation numérique touche aussi la science ! En France, la généralisation de l’accès ouvert aux publications et l’ouverture des données de la recherche font l’objet d’un deuxième Plan national pour la science ouverte annoncé par le MESRI. Les universités s’engagent ainsi dans ce processus, à l’instar de l’Université Paris-Saclay. Les explications d’Étienne Augé, vice-président Recherche adjoint en charge de la science ouverte et de Cédric Mercier, responsable de la cellule données à la Direction des Bibliothèques, de l’Information et de la Science Ouverte.
Quels sont les enjeux de l’ouverture de la science ?
Etienne Augé : La science ouverte fait l’objet, pour la deuxième fois, d’un Plan national. Cette action vise à coordonner des travaux de groupe autour de questions liées au libre accès aux résultats, aux processus, aux méthodologies ou encore aux données de la recherche et aux codes sources. Il s’agit, plus largement, d’une volonté européenne consistant à rendre accessible gratuitement la science financée sur fonds publics. Ceux qui y accèdent doivent ainsi pouvoir se l’approprier. L’enjeu est important puisque la mise des travaux de recherche dans le domaine public permet plus de collaboration et d’efficacité ainsi qu’une meilleure reproductibilité de la recherche.
Pourquoi rendre publiques les données de la recherche en particulier ?
Cédric Mercier : L’ouverture des données de la recherche, qui sont les éléments factuels nécessaires à la validation des résultats de recherche, permet de renforcer la confiance dans la qualité de la recherche. Il existe aussi un enjeu de visibilité pour les doctorants qui, en mettant leurs données dans le domaine public, favorisent la transmission de leur travail de recherche. Globalement, ouvrir la science promeut l’intégrité scientifique tout en encourageant la science participative. Pour la puissance publique, l’enjeu financier est également important, en particulier pour les données coûteuses à produire par les gros instruments de recherche, comme le Synchrotron SOLEIL de Paris-Saclay. Il est intéressant de mettre à disposition les données produites à travers cet instrument afin que d’autres équipes s’en emparent sans avoir à le mobiliser de nouveau.
Comment former les équipes à la pratique de la science ouverte ?
Cédric Mercier : Il existe un travail à mener afin que les équipes soient en capacité de gérer et d’ouvrir leurs données de recherche via, par exemple, la maîtrise des outils qui permettent de le faire. À l’Université de Paris-Saclay, nous proposons des sensibilisations aux enjeux de la science ouverte, des formations, des initiations à des outils… À la rentrée 2022, l’ensemble des doctorants pourront bénéficier d’un accompagnement dans ce domaine via des formations en ligne complétées par des temps de formation en présentiel. Sachant que 1200 thèses démarrent chaque année, le programme de formation doit être de grande ampleur.
Où en est-on en France en matière de science ouverte ?
Etienne Augé : En France, la communauté scientifique se regroupe au sein du système national HAL, une archive pluridisciplinaire ouverte où tous les articles publiés dans une revue payante sont copiés afin d’être accessibles gratuitement. À Paris-Saclay, 75 % des articles scientifiques produits en 2020 sont accessibles gratuitement sur Internet et nous espérons arriver à 100 % dans les années à venir. Pour les données de la recherche, le travail est plus compliqué d’un point de vue technique. Il n’existe pas encore de « moteur de recherche » permettant d’accéder facilement à des données cataloguées et répertoriées. C’est toute l’ambition de la FAIRisation (données Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables et Réutilisables) et c’est l’objet d’un grand projet européen, l’EOSC (European Open Science Cloud), dans lequel Paris-Saclay est impliquée. Son but est de développer des services performants et transparents de stockage de données de manière sécurisée.