Le monde de l’enseignement doit composer avec un nouveau venu : ChatGPT ! Apparu fin 2022, cet outil est capable de générer des productions écrites dans un langage proche de celui d’un humain. Avant que ne se développent des outils de détection du plagiat basé sur ce chatbot, quelles sont les modalités d’évaluation permettant d’éviter la triche ? Conseils.
Recourir à des plateformes d’examens en ligne
En adoptant certains outils, il est possible d’intervenir en amont de la passation des examens pour éviter la triche basée sur le recours à ChatGPT. Parmi eux, la plateforme d’examens en ligne TestWe. Celle-ci verrouille l’environnement de travail des élèves, qui sont alors incapables d’accéder à d’autres contenus (documents, sites internet, softwares). « Elle bloque ainsi l’accès et l’ouverture d’autres applications, y compris ChatGPT », précise Clément Régnier, co-fondateur de TestWe. Mais au-delà du verrouillage, la surveillance reste importante puisque ChatGPT peut être consulté sur un smartphone. Or, deux cas d’usage sont possibles : en présentiel, où une surveillance humaine est opérée, ou à distance. Dans le dernier cas, la surveillance peut être réalisée par webcam.
Utiliser des outils de détection du plagiat
Bien que les solutions de détection du plagiat dédiées exclusivement à ChatGPT soient encore en cours de mise en œuvre, notamment au sein de la start-up Professorbob.ai, il est possible de faire appel à des solutions déjà existantes. « S’il existe, malgré le verrouillage de l’environnement de travail et la surveillance, une suspicion de fraude, des logiciels anti-plagiat comme Compilatio peuvent être utilisés a posteriori. Ces solutions peuvent être intégrées à des solutions tierces de passation d’examens et permettent de réaliser des analyses du texte soumis et de la sémantique en vue de détecter le copier/coller ou l’usage d’algorithmes », ajoute-t-il.
Miser sur les QCM
En plus de concerner les examens surveillés en ligne ou à distance, ChatGPT inquiète les enseignants qui souhaitent donner des « devoirs maison ». Or, cette modalité d’évaluation est de plus en plus considérée comme étant éculée. Dans ce contexte, l’apparition de ChatGPT représente une opportunité pour les enseignants de revoir leurs gestes professionnels et d’appréhender autrement ce qu’ils attendent de leurs élèves. Ils pourraient ainsi opter pour d’autres modalités d’évaluation. Parmi elles, le QCM chronométré. « En plus de donner un temps limité aux étudiants pour répondre aux questions, la modalité des QCM permet de mettre des ordres aléatoires dans les questions et les réponses. La triche comme la concertation entre élèves devient alors impossible », résume Clément Régnier.
Privilégier les examens oraux
Cette modalité d’évaluation traditionnelle présente, elle aussi, l’avantage de sortir de la logique des « devoirs maison ». En stimulant les compétences verbales de leurs élèves, les professeurs ont également la certitude, via cette méthode, qu’ils formulent des réponses en structurant leur propre pensée et en mobilisant de manière personnelle les concepts étudiés en classe. « Qu’elles soient réalisées en présentiel ou à distance, les évaluations orales ont aussi l’avantage de donner un temps limité à l’étudiant pour structurer sa réponse. C’est donc aussi un moyen d’évaluer sa réactivité », souligne-t-il.
Favoriser les mises en situation
Comme beaucoup d’acteurs favorables au rapprochement entre le monde académique et le monde professionnel, Clément Régnier estime que l’avenir de l’évaluation se situe, en particulier, dans les mises en situation pratiques. « De mon point de vue, ce sera le meilleur moyen de tester, demain, les connaissances et les compétences des étudiants. Il peut à la fois s’agir de gestes précis qui concernent des domaines comme la médecine, la manutention oul’industrie lourde, et d’autres gestes qui ont trait à la capacité de mobiliser des concepts dans des contextes d’immersion en milieu professionnel, à l’esprit de collaboration et d’adaptation. »
Apprivoiser ChatGPT
Les professeurs peuvent, enfin, se projeter sur le long terme : ChatGPT fait émerger des questions qu’ils se sont déjà posées lors de l’apparition de technologies comme Wikipédia. L’objectif est donc qu’ils puissent identifier des situations où l’usage de ChatGPT peut être autorisé dans le cadre d’une évaluation, par exemple en tant que « dictionnaire » permettant uniquement d’éclairer des notions sans que les élèves ne lui posent les questions de leur examen. Les professeurs pourraient également, dans ce cas, demander à leurs élèves d’indiquer les passages où ChatGPT a été sollicité. « Mais cette démarche doit permettre aux équipes de s’assurer que leurs objectifs pédagogiques ont bien été atteints. Cela demande de re-scénariser les cours », nuance Mattias Mano, directeur du centre d’innovation pédagogique de l’Université Paris Sciences et Lettres.
