Un an après l’apparition de ChatGPT auprès du grand public, l’institut de sondage Le Sphinx et l’entreprise Compilatio, qui édite un logiciel anti-plagiat spécialisé dans la prévention de la fraude académique, publient les résultats de leur enquête sur l’IA dans l’enseignement. Celle-ci révèle notamment un souhait de voir apparaître une réglementation des usages au sein de la sphère de l’enseignement.
Réalisée dans les universités de France du 21 juin au 15 août 2023 auprès de 1242 enseignants et 4443 étudiants, une enquête menée par l’institut de sondage Le Sphinx et l’entreprise Compilatio, spécialisée dans la prévention de la fraude académique, illustre les craintes comme les besoins de régulation du monde académique en matière d’usage de l’intelligence artificielle.
Les enseignants surévaluent les usages de l’IA par les étudiants
9 enseignants sur 10 pensent que les étudiants ont recours, occasionnellement ou fréquemment, aux intelligences artificielles pour leurs travaux. Une idée qui se révèle fausse puisque, selon l’enquête, seuls 55 % des étudiants déclarent utiliser un outil d’IA générative au moins occasionnellement. En réalité, 51 % des étudiants utilisent des outils générateurs de contenus pour mieux appréhender certains sujets. D’autre part, les outils d’IA générative ne remplacent pas les moteurs de recherche : les étudiants déclarent encore à 77 % utiliser les moteurs de recherche comme principale source de documentation. Et l’IA n’est citée comme « première source de documentation » que par 2 % des étudiants.
L’IA est rarement utilisée comme outil de rédaction
43 % des étudiants déclarent utiliser l’IA comme un « rédacteur ». Parmi eux, 28 % reformulent leurs textes avant de les intégrer à leurs travaux. « L’IA aurait ainsi plutôt le rôle « d’assistant à la rédaction » pour améliorer la syntaxe et reformuler un texte écrit », précise l’enquête. Dans ce cadre, 75 % des étudiants (contre 67 % des enseignants) pensent que cet usage est acceptable. En revanche, utiliser l’IA pour la réalisation des travaux eux-mêmes (devoirs ou examens) est considéré comme de la triche par trois quarts des enseignants (76 %) et deux tiers des étudiants (65 %).
Interdire l’usage « n’est pas souhaitable »
Près de deux tiers des enseignants et des étudiants sont contre l’interdiction de l’IA. La raison ? Les avantages que présente l’utilisation de l’IA pour la réalisation d’exercices « ennuyeux », selon les étudiants. L’un d’entre eux souligne ainsi que l’utilisation de l’IA permet « un gain de temps pour rédiger des paragraphes longs et bien construits, notamment pour des travaux fastidieux sans grand intérêt pratique ». Toutefois, l’IA suscite des craintes : 72 % des étudiants et 81 % des enseignants se déclarent inquiets au sujet des impacts de l’IA sur l’avenir de l’apprentissage. « De nombreux risques et limites de ChatGPT et d’outils équivalents sont à prendre en compte : plagiat, violation du droit d’auteur, désinformation, altération de l’esprit critique et créatif, réduction des capacités rédactionnelles », souligne l’enquête.
Une réglementation des usages fortement souhaitée
Les enseignants méconnaissent majoritairement les IA génératives : 65 % d’entre eux ne les utilisent pas et 10 % déclarent ne pas du tout connaître ces outils. Une chose est sûre, l’écrasante majorité des enseignants (93 %) et 79 % des étudiants estiment qu’il est nécessaire de mettre en place des mesures pour réglementer l’utilisation de l’IA générative de textes dans l’enseignement. Pour eux, il devient notamment indispensable de faire la distinction entre les textes rédigés par un humain et ceux générés par une intelligence artificielle.