« L’IA pour les nuls » : ce qu’il faut absolument savoir sur cette technologie

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C’est un fait : les élèves sont maintenant rompus à l’usage de l’intelligence artificielle générative. Les enseignants, même techno-sceptiques, doivent donc s’en saisir pour en faire un allié pédagogique. D’autant que leur rôle est aussi d’aider leurs apprenants à développer des usages raisonnés. Voici un tour d’horizon des questions essentielles qu’il faut se poser à propos de l’IA.

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?

Il s’agit d’un ensemble de techniques visant à mettre en place des machines et des systèmes capables de simuler l’intelligence humaine. « On peut l’imaginer comme une immense base de données d’encyclopédies et d’articles, gérée par un ordinateur qui apprend et s’adapte à chaque nouvelle donnée », souligne Catherine Paya, consultante en formation et solutions innovantes. Mais il est essentiel de comprendre que l’IA a des limites. « Au-delà des termes techniques, il faut savoir que l’IA n’est pas de la magie, c’est du génie technologique. L’IA « augmente » simplement l’intelligence de la personne qui l’utilise. Par conséquent, si celle-ci n’a pas d’expertise sur un sujet, elle n’aura pas la compétence nécessaire pour valider les productions de l’IA. Et dans ce cas-là, on ne peut parler d’intelligence augmentée », indique pour sa part Lucie Dhorne, autrice et formatrice. Pour elle, il faut donc développer une ouverture d’esprit à la technologie, qui est « à comprendre et non à craindre ».

Qu’est-ce que l’IA générative ?

C’est un type d’IA qui fait beaucoup parler de lui depuis l’apparition de ChatGPT. Il s’agit d’outils qui génèrent du texte, des images, des codes informatiques, à partir d’une base de données entraînée. « En somme, elle génère ce qu’il y a dans la boîte noire de sa base de données. Ainsi, en fonction de la manière dont elle a été entraînée, elle peut produire des biais de genre, de race… Si une IA est créée par un homme blanc de la Silicon Valley, elle contiendra de ce fait des biais de programmation », alerte Lucie Dhorne. Là encore, il est donc essentiel de s’interroger sur la provenance de l’IA et de développer des usages faisant intervenir une intelligence humaine critique. « Cet élément appelle aussi les acteurs à développer l’art du prompt, c’est-à-dire la formulation de requêtes précises et contextualisées. C’est à nous, humains, de faire en sorte que les résultats générés soient satisfaisants en adoptant la bonne méthodologie d’utilisation », ajoute-t-elle.

Que permet-elle de faire en éducation et en formation ?

« L’IA facilite l’apprentissage personnalisé, en s’adaptant au rythme de chaque élève. Elle permet aussi de créer des contenus innovants tout en automatisant des tâches répétitives pour les enseignants », résume Catherine Paya. Concrètement, un pédagogue a des actions à mener auprès des apprenants et de lui-même. L’IA générative l’aide à réaliser l’ensemble de ces actions. « Les enseignants peuvent avoir recours à l’IA pour créer des interfaces d’apprentissage, des bots (jouant le rôle de mentors, de coachs) auxquels ils donnent pour rôle d’accompagner l’élève dans son apprentissage. Il peut aussi créer des évaluations, du matériel pédagogique pour les accompagner en dehors de la formation », précise Lucie Dhorne. De la même manière, ils peuvent en faire un assistant dans la planification des formations, la création de programmes et de contenus… «  Ils peuvent, enfin, l’utiliser pour augmenter leurs propres connaissances, notamment en demandant à l’agent conversationnel de leur poser des questions. »

Quelles précautions faut-il prendre ?

Face à l’IA, il est crucial d’être vigilant : « L’IA doit rester un outil d’assistance et non de remplacement. Il faut aussi veiller à ne pas négliger l’aspect humain de l’éducation, car l’IA ne peut pas remplacer l’empathie, la créativité ou l’intuition d’un formateur », souligne Catherine Paya. Idem lorsqu’il est question de savoir s’il faut ou non en autoriser l’usage par les élèves. « Il est important que les enseignants s’emparent de ces outils pour responsabiliser les apprenants, définir des règles. Si un professeur autorise l’usage de l’IA pour la réalisation d’exposés, il faut qu’il définisse un cadre clair, où les prompts doivent servir à creuser des sujets en profondeur et où les élèves doivent indiquer quels outils ils ont utilisé et pourquoi », ajoute Lucie Dhorne.

Peut-on l’utiliser pour corriger des copies ?

Oui, mais avec circonspection. « Des biais algorithmiques peuvent apparaître, soit en raison des jeux de données de l’outil, soit en raison de mauvais prompts », affirme Lucie Dhorne. « Je conseille d’utiliser l’IA pour offrir un retour rapide sur des questions fermées ou des exercices standardisés, tout en conservant un regard humain sur les évaluations qui nécessitent plus de réflexion critique », pointe, de son côté, Catherine Paya. Un constat que partage Lucie Dhorne : « Le risque, c’est que l’IA ne saisisse pas la valeur subtile de certaines copies et passe à côté de rendus brillants uniquement parce que ces derniers ne rentrent pas dans le moule défini. » L’IA peut en tout cas alléger certaines tâches. « En tant que formatrice, je l’utilise après avoir défini une grille d’évaluation. Je la charge ensuite de transformer en texte mes observations vocales, qu’elle est aussi capable d’analyser pour remplir les grilles d’évaluation. Elle me fournit ainsi la note de l’apprenant en fonction de mes remarques et commentaires », conclut-elle.

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