Crise de confiance envers l’école : une fracture territoriale qui interroge

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Alors que 12 millions d’élèves viennent de retrouver le chemin de l’école, une étude IFOP pour Les Sherpas, une EdTech spécialisée dans le soutien scolaire, révèle de fortes disparités territoriales dans la manière dont les Français perçoivent le système scolaire. Si la défiance progresse à l’échelle nationale, elle est surtout marquée dans les zones rurales et les villes moyennes.

Une étude IFOP réalisée en avril 2025, auprès de 1003 parents, pour Les Sherpas révèle, sans surprise, une crise de l’égalité des chances doublée d’une crise de confiance envers l’école. Avec toutefois de fortes disparités territoriales. Si 58 % des parents franciliens estiment que l’école garantit aujourd’hui à chaque enfant la même chance de réussir – dont 23 % qui en sont totalement convaincus – ce taux chute à 51 % en province et à 48 % dans le Nord-Ouest (Normandie, Picardie, Nord-Pas-de-Calais). La fracture entre villes et campagnes frappe davantage dans les communes rurales : seuls 43 % des parents partagent cette conviction, contre 54 % dans les zones urbaines de province.

Transmettre les savoirs essentiels : un objectif inégalement atteint

À la question de savoir si l’école transmet les savoirs essentiels pour réussir dans la vie, 68 % des Franciliens répondent par l’affirmative (dont 19 % sont tout à fait d’accord), contre 57 % en province. Là encore, les écarts territoriaux sont notables : seuls 52 % des parents du Sud-Est (Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse) partagent cet avis, contre 61 % dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. L’analyse par taille d’agglomération montre également une divergence de perception entre villes et campagnes : 59 % des parents vivant dans les communes urbaines de province estiment que l’école joue correctement ce rôle, contre seulement 51 % dans les zones rurales.

Une qualité d’enseignement perçue comme inégale

L’idée que l’école propose la même qualité d’enseignement et l’accès aux matières partout sur le territoire ne convainc que 49 % des parents en Île-de-France, et seulement 39 % en province. Les écarts sont encore plus marqués selon la taille des agglomérations : 53 % des parents de l’agglomération parisienne estiment que l’enseignement est uniforme sur le territoire, contre 41 % dans les communes urbaines de province et à peine 35 % dans les zones rurales. Une fracture qui illustre le sentiment d’un accès inégal aux ressources pédagogiques selon le lieu de vie.

« Ces résultats traduisent une réalité bien connue sur le terrain, les zones rurales ne jouent pas à armes égales avec le système éducatif des grandes villes : disponibilités des filières, choix des options, disponibilité des remplaçants… Un élève de milieu urbain bénéficie toujours d’un meilleur tissu éducatif et de ressources facilement mobilisables, y compris dans le soutien scolaire ou le tutorat », commente, dans un communiqué, Étienne Porche, co-fondateur des Sherpas

Réussite scolaire : des leviers perçus différemment

Interrogés sur les principaux facteurs influençant la réussite scolaire, les parents ne partagent pas tous le même diagnostic selon leur lieu de vie. En Île-de-France, la réponse qui arrive en tête est la qualité pédagogique des enseignements (22 %), devant l’encadrement familial et la motivation de l’élève. Mais en province, c’est un tout autre facteur qui domine : les conditions d’enseignement à l’école arrivent en première position (24 %), juste devant la motivation personnelle (20 %) et les qualités pédagogiques des enseignants (17 %).

Un consensus sur les leviers de l’égalité des chances

En revanche, sur la question des priorités pour améliorer l’égalité des chances à l’école, parents franciliens et provinciaux s’accordent largement sur les deux leviers principaux : l’augmentation des moyens alloués à l’Éducation nationale et la meilleure formation des enseignants. En Île-de-France, ces deux options arrivent ex æquo à 28 %, tandis qu’en province, l’augmentation des moyens se place en tête avec 29 %, suivie par la formation des enseignants à 23 %.

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