Dans un monde en pleine mutation où les métiers sont sans cesse reconsidérés, l’apprentissage tout au long de la vie se pose comme un défi de société fondamental. Parmi les dispositifs qui ouvrent l’accès aux compétences pour tous figurent « France Travail » et l’AFEST qui ont vocation à améliorer l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi.
Mutualiser les données dans un guichet unique
L’objectif du projet « France Travail », qui a été lancé en septembre 2022 par le gouvernement, est de mieux insérer les chômeurs tout en prenant en compte les besoins des entreprises. « À travers ce dispositif, nous souhaitons faire contribuer l’ensemble des acteurs pour permettre à chacun d’accéder à l’autonomie », indique Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et à l’insertion, dans le cadre d’une conférence tenue lors du festival LearningPlanet. Pour y parvenir, cela suppose toutefois d’interconnecter les nombreux systèmes qui existent déjà en vue de simplifier les processus, souvent complexes à la fois pour les personnes en recherche d’emploi et les entreprises.
Les collectivités, Pôle Emploi et Cap Emploi ainsi que les associations d’insertion doivent mieux faire converger leurs actions d’accompagnement et de formation. Et la clé se trouve aujourd’hui dans la collecte et la mutualisation des données. L’idéal serait par exemple que l’ensemble des acteurs s’appuient sur un outil commun pour inscrire les personnes en recherche d’emploi, à la manière d’un « guichet unique ». « L’idée serait de mettre en place une « politique des communs numériques », c’est-à-dire des outils collaboratifs pour l’ensemble des acteurs engagés dans l’insertion au service d’un accompagnement plus efficace et plus global des personnes », explique-t-il.
L’apprentissage en situation de travail
En lançant « France Travail », l’ambition du gouvernement était également de rappeler la diversité des modalités d’apprentissage qui existent déjà. La formation en situation de travail et la validation des acquis de l’expérience (VAE), qui en est un corollaire, sont des leviers qu’il faut continuer de promouvoir auprès de l’ensemble des acteurs concernés par la formation et l’emploi. Les entreprises peuvent ainsi s’appuyer sur le dispositif légal qui l’organise : l’Afest (Action de formation en situation de travail), qui s’adresse à la fois aux salariés et aux demandeurs d’emploi.
Il permet de faire valider des compétences et de sortir les recruteurs de « l’obsession » du diplôme. « Le diplôme n’est que l’initiation d’un parcours de vie. L’Afest est, au contraire, une invitation à la valorisation de l’apprentissage tout au long de la vie », estime Thibaut Guilluy. Parce que certaines personnes apprennent mieux en faisant qu’en poursuivant de longues études, l’Afest porte ainsi une ambition d’inclusion sociale : « Les personnes qui se trouvent en dehors du marché du travail ont du mal à valoriser leurs expériences et leur savoir-faire. Elles peuvent pourtant s’adapter à de nouveaux métiers et l’Afest peut être, pour elles, une porte d’entrée dans le monde professionnel », ajoute-t-il.
L’Afest est trop souvent confondu
Malgré son ancienneté – l’Afest est né d’une expérimentation lancée en 2015 – le dispositif reste mal compris par les publics et régulièrement confondu avec d’autres notions, d’après Laurent Duclos, chef de projet Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). « Ce dispositif ne doit pas être confondu avec la notion de « learning by doing ». Il s’agit plutôt d’une démarche de « training », qui nécessite la présence d’un formateur. Elle ne se destine pas non plus « aux nuls », comme le prétendent certains, puisque tous les professionnels, quelles que soient leurs qualifications et leur ancienneté dans une entreprise, peuvent y recourir », précise-t-il.
Selon lui, l’essence de cette démarche repose sur la nécessité de « rapprocher le développement des capacités de leur objet ». « Dans l’Afest, on vise une intimité entre ce qu’est la compétence et la façon de la produire qui serait la plus efficace. L’Afest est, par ailleurs, différente de l’alternance : c’est dans la mise en situation de travail que l’on produit le matériau pédagogique et c’est l’apprenant qui le produit. De son côté, le formateur est là pour amener l’apprenant à réfléchir à ce qui a été réalisé au cours de ce parcours pédagogique », a-t-il expliqué.