Développé en utilisant des IA génératives souveraines, Aristote est un agent conversationnel qui a été imaginé par des étudiants dans le cadre du Paris Digital Lab de CentraleSupélec. Son atout ? Permettre aux étudiants de l’enseignement supérieur d’améliorer leurs apprentissages avec des supports vidéo.
C’est un projet qui est porté par la volonté de garantir le respect des données personnelles des étudiants. Aristote, une intelligence artificielle générative imaginée par des étudiants de CentraleSupélec, permet aux apprenants de réviser et aux enseignants de valider en amont les contenus générés par l’outil. « Nous avons commencé à travailler sur ce projet en avril 2023, alors que l’usage de ChatGPT dans l’enseignement faisait l’objet de controverses au sein des universités et des écoles », explique Renaud Monnet, directeur du Digital Lab de CentraleSupélec. Dans le cadre de ce projet de réalisation d’une IA pédagogique, le cas d’usage imaginé par les étudiants était de déposer des vidéos de cours dans un outil d’IA afin que ce dernier génère des questions, oriente l’élève vers la partie de la vidéo qu’il n’a pas comprise et lui apporte un soutien pédagogique.
Un outil souverain
Si la première version de l’outil a été construite sur le modèle d’OpenAI, les équipes ont rapidement changé de cap pour développer une solution souveraine. « Lorsque nous avons présenté l’outil, en mai 2023, dans le cadre de la conférence « IA et éducation » organisée par France Université Numérique, nous avons vu apparaître deux exigences fortes chez les enseignants. Ces derniers souhaitent absolument pouvoir valider les questions qui seraient posées aux étudiants par Aristote et s’assurer que l’IA soit souveraine », souligne-t-il. Forts de ces retours, les étudiants ont réalisé auprès de la direction du Numérique de CentraleSupélec les développements adéquats. « Nous avons coupé les ponts avec ChatGPT et utilisé des modèles open source installés sur nos propres serveurs. Nous maîtrisons maintenant la chaîne de bout en bout », affirme-t il.
Des quizz pour les étudiants
Sortie en juin 2024, la version actuelle d’Aristote permet aux enseignants de soumettre leurs cours en format vidéo et de récupérer des contenus (sous forme de quizz par exemple). L’objectif est qu’ils puissent vérifier la qualité des questions générées avant de les transmettre à leurs étudiants, par exemple via Moodle. Pour l’heure, seuls les enseignants de l’enseignement supérieur peuvent accéder à l’outil à travers la plateforme de vidéos pédagogiques Esup-Pod, dont disposent la plupart des universités. Concrètement, Esup-Pod va s’appuyer sur Aristote pour enrichir les vidéos avec une transcription, des traductions, des quizz pour tester la compréhension et les connaissances des étudiants ainsi qu’un support de cours qui mixe les « slides » et les verbatim de l’enseignant.
Une solution bientôt disponible pour l’ensemble des enseignants
Puisque les établissements de l’éducation nationale ne disposent pas d’une plateforme similaire accessible à l’ensemble des enseignants, CentraleSupélec entend passer par les solutions EdTech pour rendre possible l’usage d’Aristote. « Notre stratégie est de proposer aux plateformes EdTech de tous les segments – scolaire et universitaire – d’accéder directement au serveur Aristote via une API. L’objectif est que les EdTech positionnées sur les IA génératives évitent de construire des solutions sur le modèle de ChatGPT en optant pour des alternatives souveraines. Cela constituerait un argument fort auprès de leurs clients institutionnels », conclut Renaud Monnet.