« Le campus virtuel de NEOMA crée une unité de lieu et de temps »

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La crise du Covid-19 a modifié la feuille de route de NEOMA Business School. Déjà engagée dans une stratégie de transformation digitale, l’école de commerce a précipité l’ouverture de son campus virtuel. Un environnement de travail 100 % digital via lequel 9000 étudiants, représentés par un avatar, assistent à leurs cours et participent à la vie associative. Les explications d’Alain Goudey, directeur de la transformation digitale de NEOMA Business School.

 Vous avez lancé, en septembre 2020, un campus virtuel. En quoi consiste-t-il ?

 L’idée a germé avant la crise du Covid-19. Nous rencontrions jusqu’ici des difficultés lorsqu’il s’agissait de faire travailler, ensemble, des étudiants suivant un même programme mais situés dans des campus différents, à Rouen, Reims et Paris. Lorsque la crise est survenue, nous avons accéléré ce projet de campus virtuel pour qu’ils bénéficient à nos étudiants à partir de la rentrée 2020. Concrètement, nous avons implanté un bâtiment NEOMA sur une île virtuelle pilotée par l’association Laval Virtual. Nos étudiants, nos professeurs et notre staff peuvent accéder à cet environnement digital, via un avatar. Ils peuvent se déplacer entre les salles de classes, l’amphithéâtre, les salles de réunion et échanger avec les autres, par tchat. Les professeurs peuvent, pour leur part, répartir des groupes d’étudiants dans différentes salles de classes, leur fournir des écrans interactifs pour collaborer…

Quels avantages offre-t-il ?

Puisque les utilisateurs sont incarnés sous la forme d’un avatar, ils retrouvent de la spontanéité et de la fluidité dans leurs échanges. Nous remarquons par exemple qu’ils se connectent quelques minutes avant le début des cours ou des réunions pour échanger entre eux, comme ils le feraient « en vrai », de manière physique, dans les couloirs de l’école. Nous retrouvons également l’intérêt des pauses, que nous avions perdu sur Teams ou Zoom. En plus des sessions de cours, nous y organisons des séminaires d’intégration ainsi que des événements liés à la vie associative étudiante. Nous y avons aussi célébré le nouvel an chinois et organisé la journée de l’international, en conviant nos partenaires. L’atout de ce campus virtuel, c’est qu’il créé une unité de lieu et de temps. En cela, nous savons que ce dispositif survivra à la crise. Nous le considérons déjà comme notre 4e campus.

Allez-vous faire évoluer ce campus virtuel ?

Oui, car il y a plein d’autres scenarios possibles ! Il y a quelques jours, nous y avons par exemple organisé un concert avec un groupe rémois afin de casser la routine. Le champ des possibles est large et nous allons continuer d’expérimenter au fil des mois. C’est durant les périodes compliquées que naissent les plus belles innovations. En qui nous concerne, le contexte sanitaire nous a obligé à sortir du cadre. Il nous a par exemple permis d’accélérer l’hybridation de nos formats pédagogiques. Depuis la rentrée, 60 % de nos cours ont lieu en présentiel et 40 % en distanciel. C’est un équilibre qui est plutôt pertinent et résilient en période de crise. Nous sommes conscients que le « tout distanciel » n’est pas une bonne réponse lorsqu’il s’agit de pédagogie. L’apprentissage est un processus social basé sur des rencontres entre pairs. Il ne se résume pas à la transmission d’une information via une webcam.

Comment avez-vous vécu la crise du Covid-19, qui vous a obligé à fermer vos campus en 2020 ?

Ce fût une période intense ! Notre chance, c’est que nous n’avons pas commencé notre transformation digitale au moment de cette crise mais bien avant, dès 2018. En une semaine, nous avons donc réussi à basculer l’ensemble de nos cours en ligne. Nous les avons dispensés via la plateforme Zoom, que nous avions choisie il y a plusieurs années pour sa capacité de résilience vis-à-vis des connexions de mauvaise qualité de certains de nos étudiants. Au plus fort de la crise, 200 sessions de cours se déroulaient sur Zoom de manière simultanée, à destination de nos 9000 étudiants. Nous avons déployé d’autres solutions pour injecter de l’interactivité au sein de nos cours comme Wooclap, car il était hors de question que les cours de nos professeurs soient des monologues de plusieurs heures. En un an, nous pensons avoir réalisé un bond de cinq ans en matière de transformation digitale.

Comment avez-vous re-designé vos sessions de cours ?

En 2018, nous avons créé une direction de la pédagogie innovante, composée d’ingénieurs pédagogiques dont le rôle est de développer les innovations de la direction de la transformation digitale. Cette cellule a formé nos professeurs sur les méthodologies d’apprentissage à distance ainsi que sur les nouveaux outils. Concrètement, nous avons demandé à nos enseignants de découper leurs sessions de cours en séquences de 10-15 minutes. L’objectif était qu’ils alternent entre les parties théoriques et les parties dédiées à la restitution d’un travail étudiant, à la réalisation d’un exercice pratique ou d’un quizz, à la diffusion d’une vidéo ou de slides… Par ailleurs, notre parti pris a été de ne faire aucun cours de manière asynchrone. De la même manière, nous avons essayé de maximiser le plus possible le présentiel sur nos campus, tout en respectant les mesures barrières.

 

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