Les intelligences artificielles doivent-elles susciter des craintes quant à l’avenir du travail ? La réponse est non, selon certains experts du secteur, qui estiment au contraire qu’elles permettent la création de nouvelles perspectives professionnelles. Toutefois, les entreprises doivent remettre l’humain au centre de leurs enjeux stratégiques pour apaiser les inquiétudes.
Si on a tendance à penser que les nouvelles technologies et l’IA servent à faire gagner du temps sur des tâches routinières, le bouleversement qu’elles provoquent est ailleurs. « Les IA génératives sont surtout capables d’imiter des tâches à forte expertise, comme coder en moins d’une seconde un jeu vidéo complexe ou connaître la jurisprudence et les textes de loi », a expliqué, dans le cadre d’une table ronde organisée par Oreegami, Sylvie Abulius, directrice clientèle chez Goshaba, une solution d’aide au recrutement. Devant ce changement de paradigme, il est essentiel que les entreprises remettent le potentiel humain au cœur des enjeux RH. « Si les entreprises recrutent des personnes dont les compétences techniques peuvent être assurées par des IA génératives, elles seront très attentives à leurs soft skills, notamment leur adaptabilité, leur capacité à travailler en équipe, leur créativité… En somme, à toutes les qualités que les IA ne peuvent pas avoir », indique-t-elle.
Une technologie qui sert de co-pilote
Une des solutions qui montre que l’IA ne fait qu’appuyer, voire augmenter, l’activité humaine est Microsoft Copilot. Testée par DELL, elle permet de créer des contenus commerciaux personnalisés. « Quand on est en meeting avec un client, cette IA écoute les échanges et rebondit sur certains mots clés prononcés, qui peuvent par exemple concerner des produits concurrents. Cela permet de créer des « collaborateurs augmentés », qui peuvent par exemple prendre rapidement connaissance des avantages et des inconvénients de ces produits ou se focaliser sur la relation client plutôt que sur la veille technologique », souligne Arnaud Marti, ingénieur avant-vente chez DELL. Cette technologie prend également des notes, génère des présentations dynamiques en fonction des points évoqués… « Toutefois, la plupart de ces solutions manquent de pertinence dans nos métiers. D’où la nécessité d’adapter continuellement les algorithmes, de les alimenter par un maximum de données afin d’affiner les résultats », nuance-t-il.
Une opportunité de création d’entreprises
Ces innovations de fond sont une opportunité de création d’entreprises dont la mission pourra être, par exemple, de résoudre des problèmes par le biais du traitement de données. « D’ailleurs, de premiers projets français utilisant l’IA directement dans leur offre de services voient le jour. C’est le cas de Humanlinker, une société de SalesTech qui permet aux équipes commerciales de booster leurs performances grâce à l’hyperpersonnalisation de la prospection », affirme Théo Sitjar, co-fondateur de l’agence marketing Panja. D’autre part, se former à l’usage de l’IA peut permettre à certains publics de se lancer dans l’entrepreneuriat. « Pour autant, les inégalités d’accès à l’emploi continueront d’exister tant que le recrutement s’appuiera sur des outils obsolètes comme le CV, qui ne permet pas de détecter les potentiels des individus », conclut Sylvie Abulius.