L’Union Européenne vient de lancer son nouveau projet DS4Skills-GO. Ce data space est une infrastructure sécurisée et décentralisée dédiée aux compétences. Son objectif est de faciliter le partage des données liées à la formation pour, in fine, mieux aligner les formations sur les besoins du marché. Explications.
Dans le domaine de l’éducation, de la formation et de l’emploi, la tendance est à la personnalisation. La génération d’exercices personnalisés et de parcours d’orientation adaptés aux compétences et aux offres d’emploi devient un enjeu de taille. « Les organisations souhaitent de plus en plus obtenir des analyses pointues, par exemple sur une classe, les niveaux des élèves… À l’échelle des territoires, les acteurs cherchent à savoir de quelles compétences ils disposent, de quelles compétences ils manquent. Ces enjeux font émerger un besoin de données sur les personnes, les offres de formation et d’emploi », explique Matthias de Bièvre, président de Prometheus-X, partenaire du projet DS4Skills-GO. Problème : ces données sont éparpillées entre plusieurs plateformes et acteurs différents (EdTech, LMS, Pôle Emploi, jobboards, employeurs, systèmes RH…). « C’est pour cette raison qu’est né le projet DS4Skills-GO. Il a pour but d’interconnecter différentes données qui peuvent concerner le passé de l’apprenant, ses notes, les exercices qu’il a déjà pu faire, ses compétences… », ajoute-t-il.
Des données à l’échelle de l’Europe
Ce data space n’est toutefois pas un entrepôt de données. « La plateforme ne centralise pas les données. Personne n’a le droit d’accéder à toutes les données. Chacun des acteurs définit les conditions d’accès à ses données, qui doivent être basées sur le RGPD et le consentement des personnes concernées », précise-t-il. Le dispositif est mis en place à l’échelle européenne. Par exemple, si un étudiant français souhaite candidater à une offre d’emploi en Suède, il peut, grâce au data space et à l’interconnexion de tous les acteurs européens, mobiliser ses données issues de son université, de France Travail… L’objectif est que son profil soit matché de façon pertinente avec les offres d’emploi disponibles en Suède. La même logique s’applique à l’échelle des régions. « Les intelligences artificielles connectées au data space peuvent analyser les profils et indiquer aux personnes les secteurs susceptibles de les intéresser, les écarts de compétences identifiés. Et même mettre à disposition des ressources pédagogiques pouvant combler ces écarts », ajoute Matthias de Bièvre.
Une opportunité pour les EdTech
C’est justement sur ce dernier point que les EdTech auront un rôle à jouer en mobilisant des données (anonymisées) dont elles disposent. « Les EdTech peuvent prendre part à ce projet et s’inscrire sur la plateforme. Cela leur permet à la fois d’intégrer de nouvelles données et mettre à disposition des données et des services. En effet, des cas d’usage au niveau européen intègreront des budgets pour consommer des données (comme des contenus pédagogiques) en vue d’entraîner des modèles d’IA. C’est une grande opportunité pour les EdTech. En tant que fournisseurs de données, elles y trouveront un nouvel espace de distribution et une source supplémentaire de revenus », assure-t-il.
Plusieurs acteurs déjà connectés
Au fil des mois, l’espace agrège de plus en plus de données. Le site skillsdataspace.eu décrit le projet, les partenaires et les différents cas d’usage qui vont être développés. Pour l’heure, sept partenaires développent des projets sur des défis comme la formation continue et la recherche de parcours d’apprentissage. « Par exemple, une union d’universités finlandaises, qui ont un catalogue commun de formations, mettent en place sur le data space des services pour mieux comparer leurs formations aux besoins du marché du travail. Au Luxembourg, une organisation en lien avec l’Agence de l’emploi du Luxembourg construit un outil de matching des chercheurs d’emploi avec les bonnes formations en fonction des besoins du marché du travail », illustre-t-il. Sans ambitionner de remplacer les acteurs déjà en place, l’outil leur permettra ainsi de mieux communiquer entre eux.