Les étudiants expriment beaucoup d’attentes en matière d’hybridation, de numérique, d’expériences pédagogiques, d’inclusion… Alors que la prochaine rentrée scolaire approche, comment les établissements peuvent y répondre ? Réponses d’experts.
Si l’expérience étudiante de la crise du Covid-19 a mis en lumière le rôle important du présentiel, l’hybridation s’impose comme le modèle pédagogique le plus adéquat dans le monde connecté des étudiants. Au-delà de cet aspect, comment les écoles doivent-elles poursuivre leur transformation digitale au service d’une meilleure expérience étudiante ? Dans ce domaine, les attentes des étudiants sont nombreuses, selon Gérald Cavin, responsable du succès client à Salesforce, qui a réalisé l’enquête « Connected Students » sur les attentes des étudiants en France et dans le monde.
Fluidifier les parcours
Selon ce sondage, les étudiants « veulent plus de facilités de connexions et de solutions simples à utiliser, un accès rapide à l’information et ne plus devoir ressaisir plusieurs fois la même information », a-t-il expliqué dans le cadre d’un webinaire organisé par Salesforce. Ainsi, les institutions doivent cesser de répartir les informations sur différents supports afin de fluidifier les parcours des étudiants et de l’ensemble des collaborateurs. Mais pour Alain Goudey, directeur de la transformation digitale et professeur à NEOMA Business School, « la question principale pour fluidifier les parcours ne se situe pas tant dans l’outil que dans la manière de clarifier les process et les modes de fonctionnement. Ici, le numérique n’est qu’un soutien à la fluidité de l’expérience qui, elle, doit rester centrée sur l’étudiant ».
Proposer de nouvelles pédagogies
Par ailleurs, si des transformations technologiques ont pu être menées lors de la crise du Covid-19, celle-ci a également illustré des déficits : problèmes techniques, inégalité d’accès à Internet ou encore les limites du tout-digital. « Il devient donc nécessaire d’engager des réflexions sur les nouvelles manières d’enseigner », soutient-il. En effet, les étudiants désirent contribuer à la définition de leurs parcours scolaires, évoluer au sein d’une communauté d’étudiants en interaction continue ou encore pouvoir recourir à des outils de communication adaptés. Les nouvelles pédagogies attendues concernent aussi l’apprentissage hybride et la flexibilité des modules d’apprentissage, ce qui « nécessite de nouvelles compétences ». Un point de vue que partage Jean-Charles Clément, directeur de l’excellence académique à l’EM Lyon : « La crise a renforcé l’idée que la formation digitale ne pouvait être réussie qu’avec un certain niveau d’accompagnement des étudiants. »
Assurer une meilleure inclusion
Les universités sont particulièrement concernées par la question de l’inclusion en raison de la taille de leurs effectifs. Selon Pierre Boulet, vice-président infrastructures numériques à l’Université de Lille, qui accueille 80 000 étudiants, la question de l’engagement et de l’appartenance à un groupe se pose à plusieurs échelles : la promotion, le campus, l’établissement dans son ensemble… « Avec une taille pareille, nous essayons, dans le domaine du numérique, de fournir des outils de bonne qualité à tous. L’inclusion fait d’ailleurs partie de nos missions les plus importantes. Nous sommes ainsi dans un processus d’industrialisation des solutions et nous avons développé des compétences dédiées ainsi qu’une offre d’outillage complète. »
Cibler les investissements
Par conséquent, l’engagement financier dans les infrastructures numériques (équipements, fibre optique…) doit être conséquent. Selon Nathalie Hector, directrice de l’innovation à SKEMA Business School, « les étudiants attendent, aussi bien en présentiel qu’à distance, que de très bons cours soient délivrés sur les campus. Dans ce contexte, le digital n’a de sens que si son usage est pertinent pour l’apprentissage ». Ainsi, les établissements doivent « construire des portefeuilles d’outils où le numérique peut être absent, constituer un lien entre deux sessions de cours présentiels ou être mobilisé massivement si les objectifs pédagogiques le justifient », dit Alain Goudey. L’investissement doit aussi concerner la formation des enseignants. « Nous leur délivrons des formations de soutien à la pédagogie et à l’innovation en matière d’usages numériques », indique Pierre Boulet.
Solliciter les étudiants
Les enquêtes de satisfaction permettent de relever les éléments négatifs de l’expérience étudiante en vue d’engager une transformation des services et des activités. « Cette démarche permet d’identifier et de gérer rapidement les points « irritants », à condition de se concentrer sur ces derniers, donc de consacrer moins de temps aux « insatisfactions » secondaires. L’intérêt de ces enquêtes est aussi de rendre les étudiants acteurs du changement de court, moyen et long terme », estime Nathalie Hector. Il est également possible de le faire via l’analyse de leurs traces d’apprentissage. « Un projet national consiste à mettre en place des tableaux de bord pédagogiques qui permettront à l’étudiant de savoir où il se situe et aux enseignants de repérer les retards et les décrocheurs, donc de faire de la remédiation », conclut Pierre Boulet.
