Créée en 2019, l’entreprise lyonnaise Inokufu répertorie les contenus pédagogiques présents sur le web afin de contribuer à la personnalisation des apprentissages en classe. Pour les enseignants, la solution, qui se présente sous la forme d’une API, constitue ainsi un support à la classe inversée. Les explications de Matthieu Sonnati, CEO.
Comment avez-vous créé Inokufu ?
Avec mon associé Benjamin Parmentier, qui a eu un parcours scolaire difficile en raison de sa dyslexie, nous avons constaté que différentes manières d’apprendre ont émergé ces 15 dernières années. Dans le milieu de l’éducation, la prise en compte et la connaissance de la dyslexie ont bien évolué et nous constatons une explosion des ressources éducatives et des formats d’apprentissage pour les publics DYS. Mais s’il est facile d’accéder à des vidéos YouTube, à des podcasts, à des applications éducatives ou à des jeux pédagogiques, les parcours scolaires, peu individualisés, restent douloureux pour ces publics. Nous avons ainsi développé un outil basé sur la technologie de l’indexation des metadata et des ressources éducatives afin de contribuer à une meilleure personnalisation des apprentissages.
Que propose votre solution ?
L’outil se présente sous la forme d’une base de données qui référence des learning objects, c’est-à-dire aussi bien des objets éducatifs élémentaires (vidéos, articles…) que des ensembles complexes de ressources (formations, activités…) qui permettent d’atteindre un objectif pédagogique. Nous proposons 3 millions de contenus pédagogiques, en français et en anglais, dans plusieurs disciplines d’enseignement. Notre technologie permet d’identifier facilement les contenus selon leur pertinence et le public visé (son niveau, ses difficultés). Comme les moteurs de recherche, elle indexe des contenus existants sur le web, mais en les caractérisant suivant la taxonomie de Bloom, qui est un modèle de classification des niveaux d’acquisition des compétences. Concrètement, les enseignants sélectionnent des filtres, rentrent des mots-clés et créent des requêtes de recherche (par exemple, un tutoriel audio de Python en langue française ayant pour objectif de mettre les connaissances en application). Inokufu est donc un support à la classe inversée.
Quels sont vos projets ?
Nous souhaitons affiner notre technologie afin de l’adapter davantage aux publics DYS et étendre la base de données à 250 millions d’objets d’ici 2025 pour l’ensemble des étudiants du supérieur et du segment K12. Nous commercialisons la solution sous forme d’API, ce qui veut dire que d’autres applications éducatives ou LMS peuvent s’y connecter. En septembre 2022, nous aurons fini de développer un plug-in spécifique à Moodle. Cela nous permettra de nous adresser aux universités qui utilisent ce LMS, en leur donnant la possibilité d’interroger directement notre base de données. Par ailleurs, nous faisons partie de groupes de travail du Data space education & skills, le data space européen des données de compétences et d’éducation. Au sein de ce réseau, nous comptons promouvoir l’interopérabilité des EdTech dans le but de proposer aux enseignants des outils de personnalisation à grande échelle.