L’Institut Mines-Télécom, qui regroupe 8 grandes écoles d’ingénieurs, souhaite donner un nouveau souffle à sa maquette de formations. L’objectif ? Donner plus de place aux femmes, aux publics atypiques, mais également aux nouveaux défis écologiques. Le tout encadré par des innovations technologiques de pointe. Les explications d’Angelo Montoni, coordinateur des projets stratégiques de transformation éducative.
Comment l’IMT a-t-il traversé la crise sanitaire ?
Lors de mon arrivée à l’IMT, en 2018, plusieurs salles de réunion étaient déjà équipées de dispositifs d’hybridation comme des outils de visioconférence. La question de l’équipement ne s’est donc pas posée de manière problématique. Il a simplement fallu que la direction générale engage des investissements supplémentaires – environ un million d’euros – pour la planification de l’après-confinement et l’équipement massif des salles de classe en dispositifs d’hybridation des enseignements (micros, caméras, outils de visioconférence…). En revanche, les difficultés qui nous sont apparues concernent l’enseignement à distance pendant le premier confinement. Nos enseignants-chercheurs étaient encore fortement ancrés dans les pratiques d’enseignement « classiques » privilégiant le face-à-face. Nous avons donc activé un réseau d’environ 40 conseillers et ingénieurs pédagogiques, mis en relation les cellulespédagogiques des différentes écoles et, enfin, organisé plusieurs webinaires de formation pour nos enseignants.
Quelles solutions EdTech avez-vous retenu depuis la crise ?
Nous utilisions déjà des outils de dynamisation de cours, comme Wooclap, avant la crise du Covid-19. Ce que nous avons constaté, c’est que ce type d’outils s’est révélé particulièrement efficace pendant les confinements. Les fonctionnalités permettant de générer des feedbacksappuient et améliorent l’évaluation, qu’elle soit formative ou sommative. Par ailleurs, nous avons adopté des outils de réalité virtuelle et nous avons mis en place un groupe de travail dédié à la production de scénarios, de jeux sérieux ou encore de contenus via cette technologie et des caméras 360°. Par exemple, il enregistre des environnements (laboratoires de chimie, barrages…) habituellement inaccessibles aux étudiants et les mettent à disposition afin que ces derniers puissent être en immersion dans des situations complexes et perfectionner leur formation scientifique. En partenariat avec la start-up Reverto, nous avons aussi mis en place une expérience immersive de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Le potentiel de la VR est immense puisqu’elle peut également contribuer au développement de soft skills comme la prise de parole en public.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Dans le cadre de notre plan stratégique 2023-2027, nous prévoyons de mener divers chantiers, notamment en matière de formation. Nous voudrions la transformer en vue de l’adapter aux nouveaux besoins des étudiants et des entreprises. Nous souhaitons, en particulier, diversifier nos modalités de recrutement des étudiants en vue d’attirer de nouveaux profils puisque certains publics, comme les femmes, sont peu présents dans les écoles d’ingénieurs. Notre établissement entend également devenir un lieu d’inclusion sociale et culturelle via un recrutement plus important d’étudiants étrangers et de profils « atypiques », c’est-à-dire venant d’autres horizons que celui du parcours classique des classes préparatoires. Dans ce sens, nous entendons participer à des actions de sensibilisation des élèves de terminale et nous avons contribué à la production d’un MOOC, « Ose les métiers de l’industrie du futur », qui guide les jeunes dans la compréhension du secteur de l’industrie. Malheureusement, celui-ci véhicule encore des stéréotypes négatifs liés à la pénibilité, à des métiers peu attractifs et au non-respect de l’environnement.
Concrètement, dans quel sens ferez-vous évoluer vos formations ?
Nous comptons mener un travail de changement de maquettes de formation et développer l’approche par compétences. L’une de nos ambitions est de proposer des classes préparatoiresintégrées ou encore de mettre en place des Bachelors, ce qui ouvre la palette des options de formation pour les nouveaux publics. Par ailleurs, les enseignements au sein de l’IMTintégreront désormais de nouveaux principes liés aux enjeux actuels, en particulier la transition écologique. Pour cela, nous avons déjà mis en place un référentiel de compétences partagé par les écoles, mais non imposé. Mais ce référentiel n’a pas vocation à être un simple outil de compétences que les étudiants doivent intégrer : il sera accompagné d’actions deformation des enseignants. Nous avons ainsi mis en place une « école d’été pour la transition écologique », dont la première édition a eu lieu en juillet. Nous prévoyons maintenant de la répliquer tous les ans. Enfin, nous prévoyons de rendre les formations plus flexibles en donnant la possibilité aux étudiants en échange de suivre des cours à distance.