Lauréate de l’appel à manifestations d’intérêt « Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur » (Demoes), l’Université de Picardie Jules Vernes (UPJV) entend, grâce à son projet AP.RES construire une université inclusive où chaque étudiant pourra, grâce au numérique, valoriser sa formation en tant que compétence. Les explications de Lucie Jacquet-Malo, pilote politique et stratégique du PIA4 AP.RES.
Pouvez-vous présenter le projet AP.RES ?
En répondant à l’appel à manifestations d’intérêt Demoes, nous avons choisi d’appeler notre projet AP.RES pour mettre en avant l’apprentissage en réseau que nous souhaitons favoriser, mais aussi pour penser l’après-crise sanitaire. L’objectif de ce projet est d’améliorer l’appropriation du numérique à l’université et d’accélérer la transformation pédagogique engagée par l’université, notamment en matière d’approche par compétences. Dans le cadre du PIA3, nous portions déjà le projet « LCER » (licence compétences en réseaux) dont l’objectif est de transformer progressivement l’offre de formation en licence de manière à la décliner en blocs de compétences, ce qui suppose une refonte de l’ensemble des maquettes de l’université pour les licences. Notre Demoes, qui bénéficie de 6 millions d’euros, nous permettra d’accélérer et de mettre en lien tous les projets de ce type que nous portons dans les différents PIA.
Que souhaitez-vous mettre en œuvre au travers de ce projet ?
Globalement, nous souhaitons construire un grand catalogue de formations à distance, améliorer l’intégration et l’inclusion scolaire des publics à l’UPJV – avec une attention particulière aux publics de l’Aisne, qui est un département démonstrateur pour les TNE – et produire des outils numériques stables pour améliorer les apprentissages. L’ANR (Agence nationale de la recherche) nous a conseillés de nous rapprocher du secteur des EdTech pour mener à bien notre projet, ce qui nous sera très utile puisque certaines solutions permettront d’appuyer les actions des équipes enseignantes et techniques, qui sont débordées.
Comment va-t-il s’articuler ?
Il repose sur trois workpackages : l’évaluation, l’orientation et la formation. Nous avons pourobjectif l’harmonisation de l’évaluation et nous souhaitons pouvoir faire passer des évaluations de masse, c’est-à-dire pour de grandes cohortes d’étudiants dans tous les sites délocalisés de l’université. Nous prévoyons de le faire soit via l’achat d’un « camion d’évaluation » chargé de matériels connectés qui se déplacerait dans les sites pour déployer des classes mobiles, soit à travers un dispositif hybride intégrant un centre d’évaluation àAmiens, où des classes mobiles délocalisables seraient déployées. Cela nécessite aussi une refonte de notre plateforme d’évaluation, qui devra être plus sécurisée. Concernant le volet de l’orientation, nous souhaitons proposer une application dans laquelle les lycéens et les collégiens du TNE de l’Aisne pourront consulter des descriptions des formations via des quizz, participer à des jeux sérieux de demande de stage, des visites de sites avec des casques VR… Le but est de sensibiliser les jeunes des territoires défavorisés à l’accès aux études supérieures et d’assurer un accès égal et de qualité à l’information en lien avec l’orientation.
Quid de la formation des enseignants ?
C’est le troisième workpackage du projet. Il vise à déployer une formation de qualité au service de nos enseignants afin qu’ils s’initient à l’usage de nouveaux outils comme Karuta et Conspire. Le premier est un portfolio numérique d’évaluation qui favorise l’approche par compétences comme alternative à l’évaluation sommative. Dans ce portfolio, les étudiantsdéposent des traces de leur apprentissage (comme par exemple des rapports de stage) dont l’enseignant peut suivre l’évolution dans une sorte de tableau croisé dynamique visant à donner du sens à l’évolution des parcours. Quant à Conspire, que nous souhaitons déployer dans notre INSPE, il propose une offre de formation à distance à travers un parcours individualisé en complément de la formation présentielle. Il permettra aux enseignants deprogresser en niveau dans toutes les compétences, le tout sous forme de jeu de plateau : un ensemble d’activités à effectuer pour atteindre un niveau de compétences.
Avec quelles EdTech comptez-vous collaborer dans le cadre de ce projet ?
Nous travaillons déjà avec des EdTech comme Wooclap qui permet, dans le cadre de cours magistraux, de réaliser des activités participatives à grande échelle. Nous continuerons également à collaborer avec Serious Factory, qui héberge un logiciel de création de jeux vidéo à visée immersive. Grâce à cette solution, nous avons par exemple monté un scénario d’aide à l’orientation dans une boîte à outils et, pour l’INSPE, des scénarios de mises en situation dans des écoles pour mieux traiter des thématiques liées à la laïcité ou la gestion de cas de maltraitance. Nous collaborerons également avec Pitchboy, dont les travaux portent notamment sur la reconnaissance vocale. Cette solution nous aidera à créer des ateliers de conversations en anglais. Enfin, nous travaillerons avec Open Badge Factory pour l’acquisition de badges que nous intégrerons à Conspire.