Apprentissage collaboratif, hybridation des enseignements, réaménagement des espaces d’apprentissage… Les nouvelles pratiques pédagogiques expérimentées dans l’enseignement supérieur se multiplient et se mutualisent. Parmi les structures qui en favorisent l’émergence, le LearningLab Network, réseau européen d’écoles et d’universités qui désirent renouveler leurs approches.
En plus de favoriser l’essor de solutions éducatives numériques et de l’hybridation, la crise du Covid-19 a questionné l’avenir de l’enseignement présentiel. Comment le repenser et le rendre plus interactif pour en finir avec la verticalité de la transmission des savoirs ? Pour mener une réflexion sur ce sujet, des structures d’expérimentations et d’échanges de pratiques émergent. Créé dès 2014, le LearningLab Network (LLN), placé sous l’égide de la Fondation pour l’Université de Lyon, regroupe un réseau de près de 50 établissements de l’enseignement supérieur situés en France, en Belgique et au Luxembourg, dans l’objectif de promouvoir une réinvention des approches pédagogiques. Avec une méthode qui se révèle très efficace : la mise en place, via des learning labs, d’espaces innovants d’apprentissage collaboratif où interviennent des ingénieurs pédagogiques, des enseignants, des étudiants pour concevoir et mettre en commun des projets pédagogiques.
Reconfiguration spatiale des lieux d’apprentissage
« Dans les années 2010, les universités françaises ont entamé une réflexion poussée sur les stratégies à développer pour lutter contre l’échec étudiant. Parmi elles, la refonte des espaces d’apprentissage et de la façon dont les acteurs doivent s’en saisir, car cela conditionne la situation d’apprentissage qui en découle », explique Jérôme Legrix-Pagès, vice-président délégué en charge de l’accompagnement pédagogique à l’Université de Caen Normandie, qui est membre fondatrice du réseau. En effet, les salles de classe classiques ont fait leur temps et ne répondent plus aux enjeux de l’enseignement, désormais orienté vers la pédagogie par projet et la pédagogie active. Ce changement de paradigme au sein des universités a amené les acteurs à penser les salles de classe comme un dispositif à part entière, capable d’adaptabilité et de modularité par la mise à disposition de mobiliers et d’un écosystème de matériels technologiques.
Les établissements sont ainsi de plus en plus nombreux à concevoir des cours en situation d’expérimentation dans des espaces où les étudiants changent de posture en fonction de la séquence d’apprentissage (temps du cours, échanges, présentations, travaux de groupe…). « Au sein des labs internes des différents établissements, des ingénieurs pédagogiques accompagnent ainsi les enseignants dans le changement de leurs pratiques. Par ailleurs, la posture des étudiants est dynamisée puisque ces derniers sont invités à investir les espaces de façon plus active », ajoute-t-il. Au sein du LLN, les labs mettent ensuite en avant ces expérimentations suivant des protocoles voisins, réalisent des retours d’usage sur tel ou tel outil ou mobilier, expérimentent des durées d’enseignement différentes…
Une mine d’informations pour les membres
La mise en réseau promue par le LLN enrichit les pratiques. L’Université de Caen Normandie a ainsi pu tirer profit d’expérimentations menées ailleurs : elle a intégré l’approche dite de « fenêtre sur cours », développée à l’Université d’Angers. Le principe de ce dispositif consiste à accueillir un collègue enseignant dans une salle de classe où se déroule un cours d’une autre discipline que la sienne. « Le but est de favoriser les échanges entre pairs et de leur donner à voir les activités réalisées en dehors de leur champ disciplinaire », souligne Jérôme Legrix-Pagès. Par ailleurs, en plus d’organiser des rencontres pluriannuelles, le réseau publie des livres blancs où il promeut les meilleures pratiques. Pour les membres, il existe également des banques de données mettant à disposition des conseils, des retours d’expérience ou des regards critiques sur certaines solutions numériques afin que les établissements évitent les investissements inutiles.
Bientôt une labellisation
Le réseau sert donc de plateforme où est capitalisé l’ensemble des expérimentations innovantes. Mais puisque celles-ci commencent à être bien documentées, une deuxième phase a été lancée : la labellisation des espaces d’expérimentation offerte par le réseau. Ce processus atteste de la qualité des pratiques pédagogiques et des équipements d’un espace d’apprentissage. « Parmi nos expérimentations thématisées qui ont reçu le label LLN, le Bathyscaphe, un gaming lab enfanté par notre learning lab initial. Ses équipements pédagogiques sont destinés à développer les fonctions cognitives et les soft skills des étudiants par le jeu », explique Jérôme Legrix-Pagès.