Pour cette rentrée scolaire 2022, des tablettes numériques ont été distribuées à tous les élèves de la Seine-Maritime entrant en sixième. Il ne s’agit toutefois pas d’un « cadeau », mais d’une volonté politique de donner aux élèves des outils d’apprentissage tout en luttant contre la fracture numérique, a expliqué Bertrand Bellanger, président du département de la Seine-Maritime, à l’occasion d’une conférence tenue jeudi dans le cadre du salon Educ@tech.
En septembre, 13 500 tablettes ont été distribuées à chacun des élèves entrés en 6e dans un collège public du département de la Seine-Maritime. Ce déploiement à large échelle s’inscrit dans une politique d’investissement de 40 millions d’euros sur quatre ans (pour un budget total de 750 millions d’euros dédié aux investissements dans les collèges). Fruit d’un travail de collaboration mené avec les chefs d’établissements, les conseils d’administration des 109 collèges du département et des parents d’élèves, l’initiative répond également à une volonté politique de lutter contre la fracture numérique et territoriale dans ce département composé à la fois de pôles urbains et de zones rurales. Outre les collégiens, les personnels de direction, les conseillers principaux d’éducation et les enseignants ont également été équipés en tablettes.
Une dotation qui consolide le plan d’urgence de la pandémie
Les iPad d’Apple sont dotés de fonctionnalités d’accessibilité et d’inclusion des élèves à besoins particuliers comme les DYS. Plus largement, cette dotation d’outils numériques vise la réussite éducative de l’ensemble des collégiens. « Nous menons une politique numérique ambitieuse qui entend favoriser l’égalité des chances et garantir un accès égal au numérique et aux ressources », explique Bertrand Bellanger, président du département de la Seine-Maritime. En effet, grâce aux nouvelles pratiques pédagogiques qu’elles permettent, les tablettes font office d’outils d’apprentissage permettant aux élèves de mieux appréhender les savoirs transmis et construits en classe. Enfin, l’action s’inscrit dans une logique d’équipement que la crise sanitaire a rendue nécessaire. En 2020, le département avait en effet activé un plan d’urgence dans le cadre duquel 3500 ordinateurs avaient été mis à disposition des familles les plus isolées du département. « Par ailleurs, avant de doter les élèves de tablettes, nous avons d’abord équipé nos collèges d’Internet haut débit en vue d’éviter qu’un fossé se creuse entre le monde urbain, très dense, et l’espace rural de notre département », a-t-il ajouté.
Des enseignants formés aux usages
La volonté de moderniser les équipements des collèges a trouvé une forte résonance auprès des acteurs de la communauté éducative. « Notre priorité est de former des citoyens numériques en vue de les insérer dans la société. Il est donc nécessaire de leur donner les outils qui leur permettent de mobiliser le meilleur des technologies au service des apprentissages », explique Isabelle Mezeray, déléguée régionale académique au numérique de Normandie. La DRANE ayant vocation à accompagner l’ensemble des collectivités, des expériences de déploiement d’outils numériques sont également mises en place ailleurs en Normandie. « Le projet de l’académie est que 100 % des enseignants maîtrisent les usages du numérique éducatif au sein de leur classe », pointe-t-elle. Des actions de formation des enseignants ont ainsi été mises en place. « Nous les avons prioritairement embarqués puisque ce sont eux qui exercent le pilotage pédagogique du numérique dans leur classe », explique-t-elle. La délégation a également prévu un parcours de formation s’étalant sur trois ans sous une forme hybride et « profilée », c’est-à-dire individualisée en fonction de leurs besoins et de leur discipline. « Cette formation est également assurée au sein du portail M@gistère. Depuis la rentrée scolaire, les experts de la délégation ont formé l’ensemble des établissements à travers 250 sessions de formation assurées en partenariat avec Réseau Canopé », précise-t-elle.
Les élèves développent des compétences transverses
Ces sessions de formation ont suscité l’intérêt des enseignants pour les tablettes, dans lesquelles ils ont notamment vu un moyen de développement des compétences orales de leurs élèves. Par exemple à travers des activités d’enregistrement ou de réalisation de vidéos collaboratives. La délégation a également observé, chez les élèves, des avancées en matière d’usages créatifs. Par exemple, les applications hébergées dans les tablettes ne sont volontairement pas rangées par discipline mais par rubrique (mémorisation, oral, programmation, etc.), ce qui permet aux élèves d’acquérir des compétences qu’ils peuvent mobiliser dans plusieurs disciplines. « Les tablettes rendent également possible la réalisation d’activités d’entraînement en autonomie. Enfin, elles permettent aux élèves de continuer à s’exercer en dehors de l’école et ainsi de devenir acteurs de leurs apprentissages », conclut-elle.