Souvent assimilés à ChatGPT, les chatbots sont en réalité nombreux à être disponibles en ligne et à pouvoir s’intégrer dans les pratiques enseignantes. Utiles aux apprentissages, ils supposent toutefois de mobiliser les bonnes connaissances pour en tirer le meilleur parti. Nos conseils pour de bons usages pédagogiques.
Aider les élèves à réviser
Claire Doz, professeure de français à Paris, a adopté les agents conversationnels dès leur apparition en ligne. Elle utilise ceux qui permettent aux élèves d’effectuer des recherches pour des exposés. « Certains comme perplexity.ai ou you.com sont plus intéressants que ChatGPT parce qu’ils indiquent leurs sources, respectent mieux les données personnelles des élèves puisqu’ils ne nécessitent pas la création d’un compte, permettent aux utilisateurs d’aller vérifier où l’IA a été approvisionnée. Lorsque l’élève pose une question à ce dernier, il obtient une réponse agrémentée de ressources complémentaires à consulter », explique-t-elle. Selon l’enseignante, il est particulièrement important de donner aux élèves la possibilité de vérifier ce que l’intelligence artificielle a généré, d’une part pour développer leur esprit critique, d’autre part pour s’éduquer aux médias et à l’information.
Développer l’art du prompt
On parle souvent de l’art du prompt mais, à cette expression, certains préfèrent « l’art de la prose ». C’est le cas de Yann Houry, directeur de l’innovation pédagogique au lycée français international de Hong Kong. Tout l’enjeu est ici de savoir exprimer sa pensée, dans la mesure où les usagers s’expriment en langage naturel pour interagir avec une IA. « J’ai essayé de donner un cadre d’utilisation aux collègues que je forme en créant un acronyme : PROSE. Ici, le P désigne le public concerné par le prompt, le R est le rôle que l’on donne à l’agent conversationnel, le O se rapporte à l’objectif que l’on souhaite atteindre (interroger les élèves, produire un contenu), le S est le sujet, c’est-à-dire la thématique du contenu (photosynthèse, première guerre mondiale…). Le E se rapporte à l’explicitation : il faut préciser les référentiels sur lesquels on s’appuie, par exemple des textes de niveau B1 pour un professeur de langue qui souhaite obtenir un style d’écriture particulier », dit-il.
Créer des tuteurs personnels
Il est également possible de créer des chatbots personnalisés via la plateforme Hugging Face. « Cette solution, qui est meilleure que ChatGPT en matière de gestion des données, permet à l’enseignant de créer un assistant personnel et de le livrer à ses élèves via un lien. C’est notamment intéressant pour aider les élèves de terminale à préparer leur grand oral », souligne Claire Doz. Ici, le chatbot peut prendre la place de l’examinateur. L’élève, de son côté, peut lui faire générer une question en s’appuyant sur celle imaginée au départ par son professeur. L’enseignante a également créé un bot pour ses élèves de collège dans le cadre d’un travail d’écriture collaborative. « Pour affiner leur production, je leur ai donné la possibilité de s’appuyer sur un chatbot que j’ai créé et qui avait pour consigne de corriger leurs fautes et de leur donner des ressources pour s’améliorer », explique-t-elle.
Développer l’aisance verbale des élèves
Avec certains outils (ChatGPT, Atomic Learning, Tutor Lily, Gliglish…), il est possible de passer une commande oralement et ainsi de développer ses compétences orales. « Les élèves très timides peuvent ainsi, en toute autonomie, interagir oralement avec les machines pour travailler leurs compétences en langues étrangères », explique Yann Houry. Globalement, les outils d’IA génératives ne doivent pas être réduits à leur capacité de production de contenus textuels. Le sujet de l’accessibilité peut par exemple être en partie résolu par ce biais. « Il est possible de produire du son à partir d’un texte ou, à l’inverse, transformer un audio en texte avec des outils comme Wondercraft ou Whisper », conclut-il.